B pour ce budget
Du budget 2007 présenté hier par l'administration Tremblay, il y a bien peu à dire, si ce n'est de constater une autre fois combien il est difficile pour les grandes villes de réaliser la quadrature du cercle que les citoyens leur demandent: accroître toujours les services sans jamais augmenter les taxes.
Vu sous cet angle, ce budget mérite une bonne note. Le fardeau fiscal global est maintenu au niveau de l'an dernier, et si les tarifs de certains services ont dû être revus, on a choisi la bonne cible en visant les automobilistes. L'augmentation des tarifs des parcomètres contribuera, peut-on du moins l'espérer, à diminuer la pollution dans les grandes villes. Du côté des services, certains projets seront reportés faute d'argent, comme le guichet téléphonique unique (311) pour répondre aux demandes d'information des citoyens. On ne peut pas voir là un grand drame.Quelle note donner à ce budget? Proposons un B. Pas plus, car il reste du travail à faire. L'effort de réduction des dépenses entrepris cette année a certainement été exigeant, mais il est difficile de croire qu'on est allé au bout des économies qu'il est possible de réaliser dans un budget de tout près de quatre milliards. Un examen s'impose tout particulièrement pour évaluer les effets de duplication occasionnés par la décentralisation des services vers les arrondissements. Celle-ci a été voulue par l'actuel maire pour apaiser les défusionnistes. On constate aujourd'hui ce qu'on a préféré ignorer au moment de le faire, à savoir que la décentralisation n'engendre jamais d'économies d'échelle. Plusieurs arrondissements s'aperçoivent avec ce budget qu'ils n'ont pas les moyens d'assurer certains services alors que ceux-ci pourraient être rendus à meilleur prix par la ville centre. Il ne s'agit pas ici de remettre en cause l'autonomie accordée aux arrondissements mais d'éviter qu'en son nom, on mette en place des structures coûteuses et inutiles.
Du côté des revenus, on ne peut pas être plus d'accord avec le maire Tremblay lorsqu'il affirme que Montréal a atteint la limite de ce qu'on peut tirer de l'impôt foncier. Le problème est que la diversification des sources de revenus réclamée par tous les maires qui se sont succédé depuis 30 ans n'est jamais venue. Le dernier pacte fiscal conclu entre Québec et les municipalités a rapporté à Montréal 3,7 millions cette année. Des grenailles! Pourtant, au moment de l'annonce de ce pacte, le maire n'avait que des éloges pour l'effort fait par Québec.
Gérald Tremblay est un politicien gentil et affable. Trop, parfois. Devant les gouvernements supérieurs, on l'aimerait plus exigeant. Plutôt que d'attendre une solution de Québec qui ne viendra pas, suggérons-lui de prendre le taureau par les cornes. Pourquoi ne vous inspireriez-vous pas, M. le maire, de la commission Séguin sur le déséquilibre fiscal? Créez votre propre commission sur la fiscalité montréalaise avec le mandat de faire des propositions sur lesquelles vous pourriez vous appuyer pour mener campagne. Vous pourriez ainsi lancer un débat de fond sur le financement des grandes villes et obtenir du premier ministre Jean Charest ce que celui-ci a obtenu du premier ministre Stephen Harper: un engagement à résoudre le problème. Ce serait déjà beaucoup.
bdescoteaux@ledevoir.ca