Imbroglio à l'ONU

Les Nations unies viennent d'essuyer un revers. Contrairement à ce qui avait été avancé jusqu'ici, les inspecteurs ne pourront pas faire l'inventaire des arsenaux irakiens sans avoir au préalable obtenu une nouvelle résolution du Conseil de sécurité ou de nouvelles garanties de la part de Bagdad.

En un mot, l'entente conclue cette semaine entre le chef des inspecteurs, Hans Blix, et les envoyés de Saddam Hussein a volé en éclats à la suite de son examen par les Britanniques et les Américains. Il aura en effet suffi que l'expert de l'ONU reconnaisse que certaines dispositions de l'accord n'étaient pas très bien ficelées pour que Washington et Londres entonnent l'air du «on vous l'avait bien dit».

Deux choses sont à l'origine de ce revirement: l'inspection des palais présidentiels et l'encadrement des entrevues avec les scientifiques irakiens. Dans le premier cas, il semblerait que l'accord signé en 1998 entre le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, et le vice-premier ministre Tarek Aziz ait juridiquement préséance tant et aussi longtemps qu'une autre résolution du Conseil invalide ou rend caduc ledit accord. En l'état actuel des choses, les palais de Hussein seraient exemptés.

En ce qui concerne le deuxième élément, le flou est tel que des Irakiens pourraient encore et toujours assister aux interrogatoires des scientifiques. Lors des précédentes missions des inspecteurs de l'ONU, le personnel de la sécurité irakienne avait pris un malin plaisir à imposer sa présence, de sorte que, on s'en doute, ce volet de l'enquête fut jugé improductif. C'est d'ailleurs pour cette raison, entre autres choses, que les Américains et les Britanniques voudraient que le groupe d'inspecteurs soit flanqué d'un contingent de militaires.

Par conséquent, tout le monde ou presque s'accorde pour juger nécessaire le dépôt d'une nouvelle proposition avant l'envoi des inspecteurs sur le terrain. Ainsi, la Russie, qui estimait jusqu'à présent que les résolutions antérieures étaient suffisantes, entrevoit désormais s'associer à la France pour déposer un projet de résolution qui sera vraisemblablement concurrent à celui de Londres et Washington. On se souviendra qu'après lecture du brouillon communiqué par les Américains et les Britanniques, la très grande majorité des membres s'était dite outrée par la fermeté affichée.

Dans les jours qui viennent, il faut s'attendre à ce que les membres du Conseil de sécurité se livrent à un bras de fer d'autant plus furieux que trois des membres permanents (France, Chine et Russie) ont clairement affiché leur hostilité à toute intervention militaire.

À voir en vidéo