Les oiseaux de mer, vecteurs de pollution toxique
Les oiseaux de mer, probablement l'espèce sauvage la plus abondante de l'Arctique, transportent l'essentiel des toxiques qu'on retrouve dans les habitats nordiques où ils vivent souvent en larges colonies, des régions, faut-il le préciser, où les industries qui crachent ces contaminants sont totalement absentes.
La contribution de ces oiseaux à la pollution toxique des régions qu'ils habitent expliquerait que les taux de mercure et de DDT y sont jusqu'à 60 fois plus élevés qu'ailleurs. C'est par leurs déjections que le phénomène de transport et d'accumulation s'expliquerait.C'est ce que soutient une étude réalisée par une équipe multidisciplinaire dirigée par Jules Blais, un professeur de toxicologie environnementale de l'Université d'Ottawa, publiée aujourd'hui dans la revue Science.
L'étude a entrepris de mesurer la contribution des oiseaux de mer en comparant les taux de pollution des régions où ils sont absents avec ceux des régions où ils prolifèrent. C'est ainsi que les chercheurs ont pu établir que leurs habitats, y compris les habitats terrestres, recèlent jusqu'à 60 fois plus de contaminants que les autres.
On pense généralement que les contaminants toxiques transportés par les courants atmosphériques se distribuent également dans les mers nordiques. Mais ce que cette étude indique, c'est que les oiseaux de mer récoltent d'importantes quantités de contaminants en récoltant des espèces aquatiques et que les contaminants sont concentrés par les déjections à l'intérieur des terres par les parents et les petits qu'ils alimentent.
Il en résulte une contamination de la chaîne alimentaire qui menace jusqu'aux humains de ces régions. «Certains produits chimiques s'accumulent dans les réseaux alimentaires dont dépend l'alimentation traditionnelle des populations nordiques», déclarait hier Linda Kimpe, une des chercheuses associées au projet. Ce vecteur jusqu'à présent négligé pourrait donc expliquer une partie de l'importante contamination aux BPC, au mercure et autres contaminants dont sont victimes plusieurs groupes humains de cette région.
Les analyses de sédiments à la base de cette étude ont principalement été réalisées à l'île Devon, dans l'Arctique.
Deux parcs touchés
Les méfaits de la pollution lumineuse sur l'Astrolab du mont Mégantic, que pourrait aggraver l'éclairage éventuel des pistes du mont Orford, soulève un dossier fascinant à plusieurs égards.
La disparition progressive au Québec et ailleurs dans le monde des magnifiques ciels étoilés résulte en bonne partie du gaspillage d'électricité de tout le monde, de l'orgueilleux stupide qui veut mettre en valeur sa riche résidence jusqu'aux municipalités qui n'ont pas encore compris que les voitures ont des phares et que très peu de gens bénéficient d'un éclairage généralisé après minuit. Sans oublier commerces et bureaux que plusieurs chauffent avec l'éclairage! Des astronautes de la NASA ont déjà dit que, vu de leur pigeonnier volant, Montréal était plus brillant que New York, où vivent dix fois plus de personnes. Navrant, n'est-ce pas, comme portrait de notre incurie collective! Mais, évidemment, c'est Québec qui empoche le profit des ventes de cette électricité et, quand on est aussi enfoncé dans un conflit d'intérêts, il est difficile de prendre des mesures draconiennes pour mettre fin à un pareil gaspillage, même si on doit reconnaître qu'Hydro-Québec fait des efforts en ce sens, dont l'effet semble pour l'instant marginal dans l'ensemble.
Mais l'éclairage nocturne des pistes d'Orford soulève des aspects nouveaux. D'abord parce que c'est la première fois qu'un projet dans un parc en affecterait deux! Québec a créé un parc national au mont Mégantic précisément pour protéger la qualité de son ciel étoilé, dont les astronomes des universités de Montréal, Laval et McGill — ainsi que les amateurs — ont besoin pour travailler. Peu de gens savaient que Québec avait dédié en partie un parc à la noirceur pour la beauté de son ciel. Les doyens des universités vont le rappeler à Québec à juste titre car l'éclairage artificiel d'Orford, confiait l'un d'eux au Devoir, viendrait compromettre les efforts du milieu universitaire, du milieu municipal et d'une partie du milieu commercial pour faire de cette région une «réserve étoilée» d'un périmètre minimal de 50 kilomètres. Cette réserve est jugée essentielle pour préserver la capacité de recherche de l'Astrolab, son potentiel touristique ainsi qu'une des vocations fondamentales du «parc national» du Mont-Mégantic, ce dont devrait se souvenir en temps opportun le nouveau ministre responsable de leur survie à long terme, Thomas Mulcair.
À ce jour, les spécialistes ont dû constater que l'éclairage artificiel sous toutes ses formes a doublé la lumière ambiante nocturne depuis la création de l'observatoire, en 1978, ce qui freine désormais plusieurs travaux scientifiques. Non seulement l'éclairage des pistes en soirée à Orford annulerait les efforts entrepris pour réduire la luminosité croissante la nuit, la tache de lumière intense serait directement visible de l'Observatoire du Mont-Mégantic et non seulement le dôme lumineux ainsi créé dans l'atmosphère. Or le besoin de cet éclairage de nuit est une composante planifiée du projet immobilier en raison des exigences de la clientèle étrangère, qui veut optimiser son séjour. Cette question exige de revoir le devis financier du projet parce qu'il se pourrait bien que, sans cette pollution lumineuse, sa rentabilité ne soit pas la même et que, si elle est écartée momentanément, la mesure soit réclamée dans quelques années comme exigence de survie, exactement comme on dit maintenant que la survie du centre de ski exige un projet immobilier. Quand le doigt entre dans l'engrenage...
Protéger les loups
Le gouvernement de l'Ontario vient de lancer un programme de protection des loups, une espèce qui n'est pas menacée mais dont les effectifs baissent au fur et à mesure que les humains pénètrent et modifient leur milieu de vie. En adoptant une «stratégie de conservation des loups» (www.ene.gov.on.ca avec numéro d'enregistrement PB04E6020), l'Ontario cherche à assurer la pérennité de cette population en sensibilisant notamment le public au rôle écologique de ce prédateur qui nous fascine et nous inquiète tout à la fois depuis des millénaires.
Les chasseurs sportifs de loups sont l'exception au Canada car le loup est probablement l'animal le plus rusé et le plus suspicieux qui soit par ici. Néanmoins, la chasse au loup ne sera plus autorisée par la simple possession du permis de chasse au petit gibier, ce qui lui conférait un statut de bête nuisible. Il faudra désormais un permis spécial pour pouvoir abattre un loup, ce qui permettra de différencier les bêtes abattues à la chasse de celles piégées au moyen d'un sceau spécial. Les chasseurs, résidants ou non, ne pourront pas obtenir plus de deux sceaux par année. La loi ontarienne sur la faune continuera cependant d'accorder à tout propriétaire le droit d'abattre les loups et les coyotes qui menaceraient ses biens, ce que prévoient en général les lois de ce type. Mais on institue une nouvelle règle: les propriétaires devront obligatoirement rapporter toute bête abattue, ce qui permettra aux biologistes d'avoir un portrait plus précis de la récolte et de la fréquence des problèmes et des régions en cause. De plus, Queen's Park interdira de chasser, de piéger et même de poursuivre pour les filmer les loups et coyotes dans le parc Algonquin et ses environs, ce qui y instituera une importante zone tampon. Voilà des mesures qui mériteraient un examen approfondi au Québec.
- Lecture: À la découverte du Saint-Laurent, par Jean Gagné, Éditions de l'Homme, 336 pages. Publication sous l'égide des Amis de la vallée du Saint-Laurent. Une partie importante des Québécois qui parcourront leur province cet été vont longer, toucher, regarder, sentir, pagayer, bref, aimer d'une manière ou d'une autre cette gigantesque artère principale de la chaîne vivante d'ici. Ce livre, écrit par un marin, journaliste et écologiste, dresse le bilan des richesses du Saint-Laurent, de ses mystères et de son histoire plus ou moins heureuse avec les humains mais aussi des enjeux qui le confrontent. Plus qu'un guide de voyage, une vision du fleuve.
Bon été nature à tous. De retour fin août après un été derrière Gaïa... avec explications!