Coup de coeur et coup de gueule sur la Croisette

Les yachts de luxe, les avions privés des ultra-riches et la consommation à outrance de 80 000 festivaliers font mal à l’environnement.
Valery Hache Archives Agence France-Presse Les yachts de luxe, les avions privés des ultra-riches et la consommation à outrance de 80 000 festivaliers font mal à l’environnement.

Coup de gueule : bleu, rouge, mais pas vert

Ici, le ciel et la mer sont bleus, les tapis rouges, mais le projet de devenir (depuis 2021) un rendez-vous vert n’avance pas sans peine à Cannes. Les yachts de luxe, les avions privés des ultra-riches et la consommation à outrance de 80 000 festivaliers font mal à l’environnement. La direction a beau recycler ses tapis rouges, cesser de produire des documents imprimés, supprimer les bouteilles d’eau et privilégier les voitures électriques, son empreinte carbone dépasserait les 25 000 tonnes de CO2. Des manifestations d’activistes écologiques se heurtent à la pollution des vedettes qu’il faudrait inviter à se serrer la ceinture, mais que tous cherchent à les attirer. Le mythe de Cannes est-il soluble dans la modération des moeurs en nos temps de désastre climatique ? Peut-être bien que non.

Coup de coeur : la vigueur des vétérans

Voir de jeunes cinéastes vivre leur premier Cannes fait chaud au coeur. Mais faut-il pour autant enterrer les vétérans avec les valeurs d’un monde au bord de l’engloutissement ? En tout cas, cette année, retrouver des réalisateurs comme Wim Wenders, Ken Loach, Nanni Moretti, Catherine Breillat, Martin Scorsese, Aki Kaurismäki et autres ténors accompagner des oeuvres de lucidité ou d’espoir, dotées parfois d’une poésie supérieure, prouve que balayer le bois d’hier n’aide pas toujours à assainir la voie. La mémoire du cinéma porte une lumière vive, qui éclaire au loin. Tant mieux si ce festival ne la laisse pas s’éteindre.

Odile Tremblay est l’invitée du Festival de Cannes.

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