Pour aller plus loin sur Épargne Placements Québec

Louis Luc, abonné au Courrier de l’économie, demande ce qu’il faut penser des obligations boursières d’Épargne Placements Québec, offertes avec une échéance de cinq et de dix ans. Elles sont mises en vente jusqu’au 15 mars.

Épargne Placements Québec parle d’une promotion en cours. Le rendement maximal du terme de dix ans, habituellement fixé à 100 %, passe à 400 %. Celui du terme de cinq ans, habituellement fixé à 40 %, passe à 100 %. Selon les calculs de l’institution, le rendement (composé) annualisé maximal est de 14,87 % pour le terme de cinq ans et de 17,46 % pour celui de dix ans.

Le gros avantage cette année est justement la hausse de cette limite. Pour le terme de cinq ans, elle a évolué dans le passé de 60 % à 40 %. Pour celui de dix ans, elle est passée de illimitée à 100 %. D’où un intérêt accru.

400 %
C’est le rendement maximal du terme de dix ans d’Épargne Placements Québec, habituellement fixé à 100 %.

Autre avantage. On parle d’un investissement boursier collé sur la performance de l’Indice Québec 30 (IQ-30), soit les 30 plus grosses entreprises ayant leur siège social au Québec. On connaît la volatilité boursière, mais, contrairement aux autres placements indiciels, le capital est, ici, garanti par le gouvernement du Québec et pleinement remboursable à l’échéance. Donc, pas de risque de perte en capital.

Enfin, le rendement réel à l’échéance est calculé à partir de la moyenne de trois valeurs de fermeture de l’IQ-30 pendant les trois premières semaines du terme et la moyenne de quatre valeurs de fermeture pendant les quatre derniers mois du terme. Il y a donc ce qu’on appelle un lissage qui peut être intéressant en cas de revers de marché à l’échéance. Prenons l’exemple d’une obligation cinq ans arrivant à échéance le 15 mars 2020 (en plein mini-krach lié à la COVID-19). Le rendement serait passé du double au simple selon que le calcul à l’échéance aurait été basé sur une moyenne de quatre fermetures ou sur le cours de clôture au 15 mars.

L’histoire n’est pas garante de l’avenir. Cela dit, selon les calculs de Placements Québec, le rendement annualisé historique de l’indice est de 7,1 % sur cinq ans et de 9,4 % sur dix ans (en date du 10 février). Sur les 82 émissions échues, il n’y a pas eu de rendement négatif. Selon les émissions, le rendement annualisé oscille entre un bas de 1,1 % et un haut de 9,9 % pour les émissions cinq ans, de 4,5 % à 12,7 % pour les émissions dix ans. Sur la soixantaine d’échéances en cours, on observe un seul rendement négatif, en date du 1er février, soit l’émission de septembre 2021. Le rendement annualisé oscille entre un bas de 2,2 % et un haut de 18,5 %.

Faut-il rappeler que nous sortons d’une année 2022 particulièrement difficile sur la scène boursière et que les grandes capitalisations québécoises affichent généralement une performance supérieure ?

Investir Québec

L’histoire démontre que l’« investissement Québec » tient la comparaison. Ainsi, le rendement annualisé de l’IQ-30 de 7,1 % cinq ans et de 9,4 % dix ans se compare favorablement à celui de 7,4 % et de 8,6 % respectivement de l’indice TSX 60 abritant les 60 plus grandes capitalisations de la Bourse de Toronto. D’autant que le versement du dividende n’est pas pris en compte dans l’IQ-30, alors que l’on parle d’un rendement total dans le cas du TSX 60, ce qui inclut le versement du dividende.

Une étude publiée en 2015 par la Banque Nationale a également démontré que les sociétés publiques canadiennes sous contrôle familial ont produit un rendement supérieur à celui du S&P/TSX, soit l’indice composé de la Bourse de Toronto, lors de la décennie qui venait de se terminer. Et comme ce type d’entreprise se rencontre davantage au Québec, toutes proportions gardées, on peut donc conclure qu’il peut être payant d’« investir Québec ».

Dans le rapport du printemps 2022 de l’institution, il est écrit que l’Indice BNC des entreprises familiales comprend actuellement 44 sociétés canadiennes contrôlées par des familles, dont 11 québécoises. Dix d’entre elles composent également l’IQ-30. « Les résultats de l’indice démontrent la supériorité du rendement des sociétés canadiennes contrôlées par des familles comparativement aux sociétés canadiennes ouvertes à actionnariat étendu. » De juin 2005 à juin 2021, l’Indice a généré un rendement cumulatif total de 325,1 % comparativement à 221,9 % pour le S&P/TSX. Le rendement annuel moyen de la période s’est établi à 9,4 % pour l’Indice familial contre 7,6 % pour le S&P/TSX.

Il est également intéressant de noter que, tant au cours de la crise financière de 2008 que lors des perturbations de marché liées à la COVID-19 en 2020-2021, l’Indice BNC des entreprises familiales a surperformé par rapport au S&P/TSX. Pour sa part, la volatilité à long terme de l’Indice familial était similaire à celle du S&P/TSX.

« Avantage familial »

La Banque Nationale associait cette performance supérieure à un « avantage familial ». Elle évoque la capacité des entreprises familiales à mettre en oeuvre des stratégies à long terme sans avoir la pression du diktat du court terme. Ces entreprises tendent également à répartir le capital de façon plus efficace et généralement à moindre risque. Une attention est accordée au recours aux actions à vote multiple, qui servent très souvent à consolider la mainmise des actionnaires de contrôle au sein d’une entreprise familiale. Bien encadrées et balisées, ces actions n’ont pas d’effet négatif pour autant que le cadre juridique et les principes de gouvernance assurent une protection adéquate aux actionnaires subalternes.

En revanche, elles sont reconnues pour apporter une vision à plus long terme, pour éloigner les prises de contrôle hostiles et d’autres tentatives d’investisseurs prédateurs et pour décourager les assauts spéculatifs d’actionnaires activistes n’ayant que la valorisation à court terme de l’actionnaire, sans aucune préoccupation pour les autres parties prenantes.

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