Merci pour l’abondance alimentaire

Une habitude de notre maisonnée consiste à régulièrement témoigner de notre gratitude dans les pages d’un petit cahier trônant dans le salon. Hier soir, mon plus vieux a formulé ceci : « Merci la vie parce que ma mère nous alimente bien », m’inondant d’un doux sentiment suivi d’un pincement d’inquiétude. Tant de sagesse, si jeune… J’espère que mes enfants pourront toute leur vie s’offrir le luxe de bien manger.

Lorsque j’étais enfant, mes parents agriculteurs me disaient qu’un jour, la sécurité alimentaire deviendrait l’un des enjeux mondiaux les plus importants sur la planète et qu’on allait reconnaître, peut-être enfin, l’importance de leur métier si essentiel. Dans le contexte économique actuel, combiné aux effets du conflit en Ukraine, la question de l’alimentation devrait tous nous interpeller.

La sécurité alimentaire

 

Le concept de sécurité alimentaire inclut différents piliers comme la disponibilité, l’accessibilité et l’utilisation des aliments. L’accès à l’approvisionnement en est un tout aussi important, qui a peut-être été sous-estimé par plusieurs.

Toutefois, après avoir chacun vécu le bris des chaînes d’approvisionnement pendant la pandémie, nous pouvons maintenant certainement imaginer ce que serait notre combat quotidien si nous procurer nos légumineuses devait devenir aussi long et complexe que ce l’est pour obtenir nos matériaux de construction et nos meubles de jardin depuis deux ans…

Beaucoup plus près des finances personnelles qu’on ne pourrait le penser au premier regard, ces préoccupations sont celles dont je rêve d’entendre parler dans les prochaines campagnes électorales. Tout comme j’aimerais qu’on nous parle davantage de l’avenir de l’agriculture au Québec.

Combien coûte la nourriture pour une année ?

Lorsque je réalise une planification financière, mes clients me demandent pratiquement dans tous les cas combien « ça coûte pour vivre ». Le coût de la vie est la donnée la plus subjective parmi les hypothèses que nous utilisons, et le rôle du planificateur financier n’est pas, par ailleurs, de déterminer pour ses clients leur budget
personnel !

Impossible toutefois de ne pas noter que ce poste de dépenses, bien qu’important en pourcentage du budget total chez chacun, varie énormément d’un foyer à l’autre.

L’expérience de réaliser un exercice budgétaire pour mieux l’arrimer à la planification financière est unanime : de nombreux clients comprennent qu’ils n’ont en fait aucune idée de combien il leur en coûte pour se nourrir !

Pour en avoir un portrait réaliste et complet, il ne suffit pas de conserver deux ou trois factures d’épicerie. Vous aurez besoin du total annuel, ce qui inclut aussi les restaurants, les passages à la boucherie, à la cafétéria et au marché frais du week-end en saison.

Sans oublier la nécessité de décortiquer les factures des grandes surfaces qui offrent aussi des produits d’alimentation. Une période de douze mois vous permettra de calculer cette moyenne plus précise, si cela vous intéresse.

Est-ce possible de réduire cette facture ?

L’exercice budgétaire est teinté par nos valeurs personnelles. Après avoir établi le revenu net disponible après impôts, il faut soustraire les dépenses fixes afin de connaître le montant disponible pour les dépenses discrétionnaires.

L’alimentation est, selon moi, un poste hybride. L’épicerie est une dépense de base, mais les restaurants pourraient probablement être considérés comme une dépense discrétionnaire. Voici quelques pistes pour réduire votre facture :

1. La planification et l’organisation en cuisine permettent de diminuer le gaspillage et, conséquemment, la facture. Les ressources en ligne abondent, et des organismes communautaires peuvent certainement vous permettre d’aller chercher les connaissances de base pour mieux y arriver.

2. Soyez honnête et calculez le coût annuel de vos passages au service à l’auto pour cette douce drogue qu’est le café. En plus d’une perte de temps considérable (les services n’ayant plus rien de rapide), le fait de préparer vous-même votre déjeuner pourrait bien vous enrichir doublement. Le temps, c’est de l’argent, non ?

3. Vous connaissez mon obsession « moins, mais mieux » : je l’utilise aussi dans mes choix alimentaires. Prioriser les aliments de saison, les produits les plus locaux possibles, recourir à l’agriculture soutenue par la communauté sont autant de choix individuels dont les retombées sont collectives à long terme. L’économie de quelques sous sur un produit importé vous coûtera beaucoup plus cher si un jour ce produit n’est plus aussi facile
d’accès.

Pour l’instant, je suis heureuse que mon fils si plein de reconnaissance n’ait pas à se soucier de combien ça coûte pour « bien se nourrir »… Tout en sachant fort bien que c’est un souci qui fatalement le rattrapera devenu grand.

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