Le bulletin de l’opposition
L’harmonie entre l’aile parlementaire et la base de Québec solidaire demeure fragile, comme on a encore pu le constater lors du vote sur le projet de loi 96 sur la langue. Tant sur le fond que sur la forme, Gabriel Nadeau-Dubois (Gouin) demeure toutefois l’opposant le plus structuré au gouvernement Legault. A
De tous les départs annoncés au Parti québécois (PQ), celui de Véronique Hivon (Joliette) est le plus dommageable. Elle demeurera toujours associée à l’aide médicale à mourir. Elle a exposé de façon implacable l’incapacité de la ministre responsable des Relations canadiennes, Sonia LeBel, à arracher la moindre concession à Ottawa. A
S’il l’avait voulu, Pascal Bérubé (Matane-Matapédia) aurait sans doute pu devenir ministre dans le gouvernement Legault. Alors que les vétérans du PQ quittent le navire, il a choisi de rester tout en sachant qu’il risque fort de se retrouver le seul de son camp le 3 octobre. Tout cela témoigne d’une certaine noblesse. A
Il était sans doute impossible de forcer la tenue d’une enquête publique sur la pandémie, mais la libérale Monique Sauvé (Fabre) a fait tout en son possible pour exposer les graves lacunes de la gestion gouvernementale observées dans les CHSLD. B
Plusieurs des députés libéraux qui ne se représenteront pas n’avaient visiblement plus le coeur à l’ouvrage, mais Carlos Leitão (Robert-Baldwin) a reproché jusqu’à la fin au ministre des Finances, Eric Girard, d’avoir insuffisamment protégé les Québécois contre les méfaits de l’inflation. B
Resté dans l’ombre depuis sa première élection, en 2014, Saul Polo (Laval-des-Rapides) a connu son heure de gloire en se faisant le porte-parole des « anecdotes » à qui François Legault a bien maladroitement reproché de ne pas parler le français à la maison. B
Bel exemple de détermination dans la défense de ses commettants, Émilise Lessard-Therrien (Rouyn-Noranda–Témiscamingue) a talonné le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, pour qu’il force la Fonderie Horne à réduire ses émissions atmosphériques d’arsenic, élément qui serait responsable de l’indice de cancer du poumon plus élevé à Rouyn-Noranda qu’ailleurs au Québec. B
André Fortin (Pontiac) s’acquitte bien de ses fonctions de leader parlementaire, mais sa participation à la préparation de Justin Trudeau en prévision des débats télévisés de l’automne dernier l’a placé dans une position vulnérable quand il a voulu s’en prendre aux positions nationalistes de la Coalition avenir Québec (CAQ). C
La pugnacité de Christine Labrie (Sherbrooke) n’est plus à démontrer. Elle a dénoncé avec efficacité le manque de places en garderie, mais elle a dépassé les limites en laissant entendre que le gouvernement était directement responsable d’un avortement auquel une femme avait dû se résoudre parce qu’il n’y avait pas d’aide d’urgence pour les parents en attente d’une place. C
Joël Arseneau (Îles-de-la-Madeleine) a pris de la stature dans son rôle de chef parlementaire du PQ. On ne s’attendait cependant pas à le voir se porter à la défense des médecins en s’opposant à la collecte de données prévue par le projet de loi 11. C
Monsef Derraji (Nelligan) a le don de faire enrager le ministre de la Santé, Christian Dubé, mais lui-même n’est pas irréprochable. Il a déformé les propos du premier ministre Legault dans une vidéo, dans laquelle celui-ci dit que son expérience de la COVID-19 s’apparentait à un simple rhume, en coupant le passage où il ajoutait que c’était grâce à la vaccination. C
Catherine Dorion (Taschereau) a parfaitement le droit de ne pas apprécier le travail parlementaire, pour lequel elle n’est manifestement pas faite, mais elle n’est tout simplement pas qualifiée pour décréter que l’Assemblée nationale est « passée date ». D
Le passage de Bernard Drainville à la CAQ a enflammé Marc Tanguay (LaFontaine), qui s’est déchaîné contre les « séparatistes » qui préparent secrètement l’indépendance. Le leader parlementaire du gouvernement, Simon Jolin-Barrette, lui a cloué le bec en révélant qu’il avait milité pour le Oui en 1995. D
Hélène David (Marguerite-Bourgeoys) a commis la gaffe de la session en proposant un amendement au projet de loi 96 qui aurait imposé trois cours en français à tous les étudiants du cégep en anglais. La levée de boucliers a été immédiate dans la communauté anglophone, dont la méfiance envers le Parti libéral du Québec a atteint un sommet. E
Aucun de ses collègues, tous partis confondus, ne s’ennuiera de Claire Samson (Iberville), qui a qualifié les députés d’arrière-ban de « plantes vertes ». Non seulement elle a été surprise à fumer dans le huis clos du budget, mais les services de sécurité ont dû intervenir pour l’empêcher de quitter les lieux avant qu’il soit levé. E
Le président
La fonction de président de l’Assemblée nationale est loin d’être une sinécure. L’arbitrage des débats exige un savant mélange de fermeté et de diplomatie. Comme ses prédécesseurs, François Paradis (Lévis) a connu des moments houleux, mais son impartialité n’a jamais été mise en doute. Il a mis à profit sa personnalité chaleureuse et ses talents de communicateur pour rapprocher l’institution parlementaire de la population. Un louable effort pour rendre les dépenses des députés plus transparentes. A