Le pourquoi et le comment des obligations négociables
Retraité et âgé de plus de 60 ans, j'ai transformé, il y a quelques années, un portefeuille REER diversifié — actions, obligations, fonds d'investissement — en un portefeuille axé uniquement sur les coupons détachés (2000 à 2012) — province de Québec, Hydro-Québec, Bell Canada, etc. —, ce qui me permet, en ces temps difficiles, de dormir sur mes deux oreilles! J'ai cependant des questions à vous poser.
Le 5 juin 1996, j'ai payé 15 000 $ un coupon détaché d'Hydro-Québec dû le 16 juillet 2003 avec un rendement semestriel de 7,85 % pour une valeur à l'échéance de 25 875 $. Le 17 octobre dernier, mon coupon valait 24 027,52 $. Après discussion avec mon courtier RBC Dominion, j'ai accepté de vendre immédiatement ce coupon pour acheter un coupon Province de Québec, échéance le 1er avril 2009 avec un rendement annuel (composé semestriellement) de 5,67 % et une valeur à l'échéance de 36 454 $.J'aimerais savoir:
- à quel moment et dans quel type de marché devient-il profitable de vendre un coupon détaché avant son échéance?
- dans le cas précis que je viens de vous soumettre, comment savoir si ma décision influencée par mon courtier était la bonne? Comment en faire un calcul juste et précis?
- ne devrait-on pas vendre un coupon détaché avant son échéance que lorsqu'on peut obtenir un meilleur taux d'intérêt avec le nouveau coupon qu'on achète?
P. C.
Détenir des obligations de grande qualité dans son portefeuille est essentiel. En effet, c'est par la répartition de son portefeuille entre les obligations négociables (et autres titres à revenus fixes de qualité) et les actions que le petit investisseur peut le mieux contrôler le risque de ses placements. Les retraités, les personnes de nature prudente et celles ayant peu d'expérience à la Bourse devraient accorder une place prépondérante aux obligations négociables de qualité dans leur portefeuille (60 % du portefeuille global REER et hors REER).
J'insiste sur le terme obligations négociables de qualité. C'est-à-dire uniquement celles émises par les gouvernements (Canada, provinces et leurs services publics et municipalités) et non pas par les corporations. Pourquoi? Parce que la valeur marchande des premières est très stable et augmentera en période de débandade des marchés boursiers. C'est exactement ce qui s'est produit au cours des derniers mois. Ceux qui détenaient des obligations de qualité ont vu leur valeur marchande grimper alors que les indices boursiers se sont littéralement écroulés. Les obligations gouvernementales ont ainsi atténué considérablement les pertes enregistrées au niveau des actions.
Protection qu'on n'obtient pas nécessairement avec des obligations corporatives dont la valeur marchande déboulera de concert avec les indices boursiers. Pourquoi? Parce que en période de débâcle boursière, le contexte dans lequel oeuvrent les entreprises est généralement très difficile. Leur rentabilité s'effondre, leur dette explose et la qualité de leur crédit se détériore rapidement. Aussi, les écarts de rendement entre les obligations corporatives et les obligations gouvernementales se creusent lamentablement au point que la valeur marchande des premières recule (elle peut même reculer sensiblement) alors que celle des secondes augmente. Mouvement qu'on a pu observer au cours des derniers mois. À la suite des nombreux scandales financiers mis au jour, le marché des capitaux s'est fermé comme une huître. Plusieurs entreprises, grandes et petites, ont subi une décote de leur crédit, provoquant du même coup un fort recul de la valeur marchande de leurs obligations.
Quant à savoir comment gérer les obligations négociables, le petit investisseur a intérêt à les acheter pour les conserver jusqu'à l'échéance ou près de celle-ci. Je dis près de celle-ci parce que, rendue là, la valeur marchande de l'obligation variera très peu en fonction des taux d'intérêt. Or, si vous anticipez une baisse prochaine des taux d'intérêt, les encaisser même un an ou deux avant leur échéance pour acheter des nouvelles obligations aux taux courants ayant une échéance plus longue est parfaitement justifié. Vous vous trouvez ainsi à geler le rendement de votre capital aux taux courants pendant encore de nombreuses années alors que ceux qui prévaudront dans quelques mois seront plus faibles. C'est dans cette perspective que votre courtier a recommandé de vendre vos obligations pour les remplacer par d'autres ayant une échéance plus longue. Et il a eu raison de le faire.
Avec 35 000 $ à investir,
peut-on se dénicher un courtier?
J'ai 30-35 000 $ à investir. J'ai rendu visite à un conseiller financier reconnu comme tel. Il devait me présenter une proposition de placement par écrit mais je ne reçois pas de ses nouvelles. Est-ce que la somme que je désire investir est trop minime pour intéresser ce conseiller?
Je ne sais plus trop vers qui me diriger. Combien d'argent faut-il avoir pour pouvoir investir avec l'aide d'un conseiller?
M. R.
Évidemment, plus votre portefeuille est important, plus le courtier sera heureux de vous avoir comme client. Cela dit, si vous y mettez l'effort voulu, vous finirez bien par dénicher un courtier, et ce, même avec 30 000 $ à investir. Quant à savoir s'il est un bon courtier, seul le temps le dira.
Il est important, tant pour vous que pour tout autre épargnant, riche ou moins riche, de ne jamais s'en remettre entièrement à quelque courtier que ce soit. La décision finale d'investir ou non dans un placement donné revient à vous comme investisseur et non au courtier. Ce dernier est là pour émettre son point de vue et surtout pour vous fournir toute l'information pertinente à une prise de décision éclairée, décision qui doit être la vôtre. Pour ce faire, avant même d'investir, il vous faut connaître les rouages du monde du placement. Si ce n'est pas le cas, limitez alors vos placements aux obligations négociables de grande qualité. D'ailleurs, ouvrir un compte pour acquérir uniquement des obligations négociables est une excellente façon d'amorcer une relation avec un courtier. Ce faisant, vous avez même de bonnes chances de dénicher un courtier ayant fait des obligations sa spécialité. Ces courtiers sont généralement de nature très prudente, une qualité indispensable selon moi pour investir dans les valeurs mobilières.
Quant aux actions, vous devriez accumuler celles de grandes entreprises canadiennes versant de bons dividendes par le truchement des programmes d'achat d'actions et d'investissement des dividendes en actions qu'offrent certaines d'entre elles à leurs actionnaires. Pour participer à un tel programme, il importe de détenir une première action immatriculée en votre nom (et non au porteur), de façon à ce que celui-ci figure sur la liste des actionnaires de l'entreprise. Votre courtier vous aidera à acheter cette première action et verra à l'immatriculer en votre nom. Vous pourrez ainsi bâtir votre portefeuille au rythme de votre épargne pendant de nombreuses années sans devoir recourir systématiquement aux services de votre courtier (vous éviterez ainsi de payer des commissions inutiles).
Les lecteurs qui désirent poser des questions à notre chroniqueur
peuvent lui écrire à l'adresse suivante: claude.chiasson@globetrotter.net.
On peut retrouver cette chronique
sur le site www.globetrotter.net.