Courants: Le chapiteau du Château

Depuis que le cirque a été réinventé, le Québec est devenu une vraie fourmilière. Les troupes, les écoles et les projets font leurs numéros partout. Jusqu'à l'hôtel: tenez, le Château Mont Sainte-Anne s'est associé à l'École de cirque de Québec, émule du Cirque Éos, dans un projet estival conçu pour les jeunes en vacances.

Les complexes de villégiature rivalisent d'originalité pour rentabiliser leurs infrastructures pendant les périodes «mortes». Mais dans la série des initiatives quatre saisons, il y en a de plus heureuses que d'autres.

Au coeur des Laurentides, tout au bas des pistes de ski, les dirigeants du Château Mont Sainte-Anne ont concocté un forfait, «Cabriole d'étoiles», pour permettre aux enfants de vivre au rythme trépidant du monde du cirque en prenant un bain de magie, et aux parents de s'évader dans la nature.

Parmi les thèmes proposés, les jeunes peuvent s'initier à la trampoline de cirque, à l'élastique acrobatique, au vélo artistique, à l'acrobatie au sol, à la jonglerie et au trapèze. Le soir venu, vêtus de costumes «toutes tailles», les enfants tiennent la vedette dans un décor féerique sous le chapiteau, devant des parents évidemment conquis. Le spectacle de la Montagne magique, qui dure 45 minutes, sera donc le fruit du «travail» de la journée.

L'histoire, un texte de Romain Dubé, tourne autour de la nuit avec Charlequin et Luna qui en sont les maîtres. Il y a beaucoup de mouvement et des jeux de mots intéressants pour tous, mais aussi quelques clins d'oeil aux plus grands.

Conçu par Louise Branchaud et Christian Déry, du Château Mont Sainte-Anne, le projet, après un lent démarrage au début de juillet, est devenu le forfait le plus populaire de ce complexe hôtelier qui a remporté la palme dans la catégorie «Hébergement: 150 chambres et plus» aux Grands Prix régionaux du tourisme québécois 2002.

«Nous avons élaboré le concept dans une perspective à long terme et non pas pour une saison unique, explique Mme Branchaud. Et il n'était pas question pour nous de parquer des enfants sous un chapiteau. On voulait une activité à la fois divertissante et imaginative. Nous accueillons même, à l'occasion, des enfants de familles défavorisées référés par des CLSC de la région pour leur offrir quelques moments de plaisir.»

Si le forfait tout-inclus comprend trois jours et deux nuits, on peut inscrire les enfants à «Cabriole d'étoiles» uniquement. L'École de cirque de Québec, fondée, tout comme le Cirque Éos, par Michel Rousseau, y a dépêché quelques-uns de ses formateurs, dont la championne canadienne de trampoline Lyne Gosselin, Marc Beaudet et Richard Cameron Morneau, pour faire vibrer les enfants sous le chapiteau, installé tout à côté du Château Mont-Sainte-Anne.

«Cabriole d'étoiles» est offert jusqu'au 31 août pour les enfants de 7 à 16 ans; il faut s'attendre, toutefois, à ce que les plus vieux préfèrent de loin le trapèze à la représentation d'animaux. Les parents? Ils disparaissent dans le décor fort joli de la région, font du vélo de montagne, vont jouer au golf ou se prélassent à la piscine. Pour faciliter les randonnées, des remontées mécaniques du centre de ski sont en fonction durant l'été.

Pour notre part, nous avons préféré sillonner quelques-uns des nombreux parcours pédestres tout alentour, avec un coup de coeur pour le Sentier des chutes qui offre ses 400 marches à descendre — et à remonterÉ — le long des chutes Jean-Larose. Un panorama aussi insoupçonné que saisissant.

À «Cabriole d'étoiles», j'ai vu ces enfants d'âges variés devenir les stars d'un soir et se produire en spectacle comme s'ils s'étaient préparés pendant des jours: on est loin du cirque professionnel, bien sûr, mais les numéros montés par les jeunes n'en offrent pas moins un petit échantillonnage tout à fait sympathique. Il faut les voir grimper les uns sur les autres pour faire la pyramide, rouler sur le vélo artistique dans un joyeux tour de piste... et il faut voir les parents craquer devant des prouesses si vite assimilées malgré quelques maladresses bien compréhensibles.

C'est fou ce qu'on peut faire faire à des enfants conquis, obnubilés par l'univers fantastique dont ils connaissent si bien les secrets.



Un musée vraiment pas

comme les autres

De passage dans la région du Saguenay récemment, j'y ai visité L'Espace Arthur-Villeneuve, la maison du peintre-barbier déménagée dans La Pulperie de Chicoutimi, qui se dit «un musée pas comme les autres». Et pour cause.

Toutes les expositions d'art et d'ethnologie y font l'objet d'un souci exemplaire quant à la présentation et aux aménagements de conservation. Les installations physiques sont bien exploitées et la bâtisse vient de faire l'objet de rénovations majeures.

Mais pendant que le taux d'humidité, le degré de température et la lumière ambiante sont savamment contrôlés, on permet aux nombreux visiteurs d'entrer dans la maison-oeuvre-d'art et d'y circuler librement. Fort bien. Toutefois, on se demande comment s'en sortira cette «installation» somme toute fragile après que des centaines de milliers de personnes auront piétiné son pauvre plancher.

Au moment de mon passage, un visiteur a littéralement fait claquer la porte en sortant. Tout le monde a sursauté... la maison peinturée aussi. Si tant est qu'il faille redonner aux citoyens cette oeuvre populaire, comme les responsables semblent le souhaiter, n'y aurait-il pas d'autres moyens que celui d'y mettre carrément les pieds? Ou m'enfargerais-je dans les fleurs du tapis?

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