Comment l’épargnant doit-il se préparer à la hausse des taux ?

Faiblesse des taux d’intérêt, accroissement de la demande des consommateurs, resserrement de l’offre et augmentation de la quantité d’argent en circulation : autant d’éléments qui expliquent qu’en 2022, plusieurs hausses de taux directeurs sont non seulement attendues, mais souhaitées, puisque le niveau d’inflation actuel apparaît insoutenable.

Comment l’épargnant doit-il se préparer à la hausse des taux ?

Prudence et planification

 

Vous devriez d’abord prendre du temps en ce début d’année pour planifier vos dépenses de 2022, et même celles des prochaines années. En analysant vos dépenses fixes (habitation, transport, épicerie) des douze derniers mois, vous constaterez certainement une augmentation de votre coût de vie. Il faudrait idéalement diminuer vos dépenses discrétionnaires (soins personnels, voyages, loisirs), et ce, pour un montant minimalement équivalent à cette inflation personnelle. Ne pas s’adapter de la sorte entraînerait une diminution de votre capacité d’épargne et de votre fonds d’urgence — et peut-être même un glissement vers l’endettement — à moins, bien sûr, que vos revenus soient en hausse.

Si vous avez acheté une maison en 2021 en plein boom immobilier à un prix plus élevé que prévu et à un taux hypothécaire très bas, il faudrait éviter de vous mettre la tête dans le sable. Les prix à la consommation étant en hausse, vous devriez faire les modifications requises à votre budget afin de faire place à l’épargne pour les prochaines années : vous voulez une situation financière saine au moment du renouvellement hypothécaire avec des taux d’emprunt plus élevés.

L’enjeu des retraités…

Il est plutôt difficile de profiter de la hausse des taux d’intérêt, car le rendement des obligations diminue avec celle-ci. Les retraités possèdent généralement une bonne portion de revenu fixe dans leur portefeuille afin d’assurer leur sécurité, tout comme les investisseurs au profil conservateur ou modéré par ailleurs. Déjà, l’an passé, les obligations d’État et d’entreprise ont généralement présenté des rendements négatifs — ce qui est très rare —, et la hausse des taux laisse présager de très faibles rendements pour 2022. Ainsi, plus vous détenez de revenus fixes dans votre portefeuille, moins la croissance de votre portefeuille vous permet actuellement de soutenir l’inflation. En ce sens, il est vrai que les retraités sont susceptibles d’être doublement touchés, car ils sont déjà en décaissement.

Une approche diversifiée en matière de revenu fixe est donc absolument requise pour atténuer les risques liés aux taux d’intérêt, par exemple l’utilisation des obligations de sociétés à rendement élevé ou les titres de créance des marchés émergents. Les actions privilégiées représentent une classe d’actifs qui donne généralement de bons résultats lorsque les taux montent.

Si vous avez un profil très conservateur, prenez garde à ne pas acheter des certificats de placement garantis et autres produits de revenu fixe avec une trop longue échéance. Vous gagnerez probablement à les renouveler à un meilleur taux dans les prochaines années.

Le recours à des fonds en gestion active favorise une diversification et une meilleure sélection des titres : vous aurez plus facilement accès aux marchés internationaux, sans risque de devises dans de nombreux produits qui couvrent celles-ci. Enfin, pour les profils modéré-équilibré-croissance, maintenir une légère surexposition temporaire aux marchés des actions pourrait constituer une option à analyser.

Diminuer ses attentes

 

Les années 2020 et 2021, malgré tout le contexte pandémique, ont peut-être donné l’impression que la croissance, les rendements et l’aide des gouvernements font partie de la « nouvelle normalité ». En tant qu’investisseur, vous devez aborder 2022 avec réalisme puisqu’il s’agit d’une année remplie d’incertitudes. Par ailleurs, la période de retour à la normale économique se fera dans un contexte de volatilité des marchés et de rendements moins élevés.

Historiquement, la hausse de l’inflation s’accompagne généralement d’un recul de la valorisation des marchés boursiers, mais de façon inégale. Ainsi, les actions américaines sont les plus susceptibles de connaître une contraction de leur valorisation. Il faut donc s’attendre à des rendements moyens pour cette catégorie et miser sur une bonne diversification internationale du portefeuille. Si vous utilisez des fonds en gestion active, attendez-vous à ce que les fonds associés à une approche « valeur » fonctionnent mieux.

L’émotion n’est pas l’alliée des investisseurs. Rappelez-vous que les hypothèses utilisées en planification financière tiennent compte de ces périodes où la croissance est moins élevée. Il faut simplement faire le deuil des rendements de la dernière décennie et s’y préparer sans paniquer.

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