Négocier son forfait de sans-fil maintenant ou jamais
La pandémie n’aura pas été aussi sévère que prévu pour le sans-fil canadien. Les fournisseurs ont tout de même été chiches en offrant très peu sinon aucun rabais notoire en 2020. La période des Fêtes qui s’amorce marque donc un retour des offres spéciales dans une industrie qui aura très peu de cadeaux à offrir ces prochaines années.
C’est ce que prédit Xavier Lucas, un entrepreneur français débarqué il y a un an au Québec pour lancer un site de comparaison de prix dans le marché canadien du sans-fil appelé Top-Plans. « La période des Fêtes est une grosse période de promotions. Tout le monde présentement dans le sans-fil offre des réductions. C’est un bon moment pour appeler et comparer. Cela dit, il n’y a pas beaucoup d’offres exceptionnelles, malgré quelques offres intéressantes pour des forfaits de données mobiles de deux à cinq gigaoctets par mois », dit-il.
Dans le sans-fil canadien, quand on se compare… on se désole. Pour le prix canadien d’un forfait de données mobiles de 5 gigaoctets par mois, le consommateur français en obtient vingt fois plus. SFR, l’équivalent de Bell dans l’Hexagone, offre de 50 à 150 gigaoctets par mois à des prix qui rendront verts de jalousie les mobinautes canadiens.
Il n’y a pas que la comparaison internationale qui fait sourciller Xavier Lucas. La similarité des forfaits et des prix proposés par les fournisseurs canadiens lui rappelle un autre secteur où tous les prix sont généralement identiques. « On se croirait dans une station-service. Dès qu’un fournisseur lance une offre spéciale, les autres suivent immédiatement. »
Selon lui, c’est un effet du manque de concurrence dans le marché canadien du sans-fil, une caractéristique qui a été notée à plusieurs reprises ces dernières années et qui n’est toujours pas corrigée. À ce jeu, le Québec est toutefois privilégié, car la présence de Vidéotron et de son enseigne à rabais Fizz entraîne « une baisse de 5 $ du forfait mensuel moyen dans le sans-fil, par rapport à l’Ontario ».
Appeler plutôt que surfer
Le dirigeant du site Top-Plans observe une autre tendance dans le sans-fil qui est à contre-courant du reste du secteur de la consommation : le virage numérique n’est pas achevé. Ou en tout cas, s’il l’est, il n’est pas à l’avantage des acheteurs.
« Les offres spéciales les plus intéressantes ne sont pas affichées sur les sites Web. Il faut appeler ou visiter une boutique, où les pouvoirs de négociation du consommateur et du conseiller sont plus grands. » Si on lit entre les lignes, on comprend qu’il ne faut pas se précipiter sur la première offre proposée, encore moins si c’est sur le site du fournisseur.
Il ne faut pas non plus craindre de changer de fournisseur, au besoin. Bien des gens craignent d’avoir plus d’un fournisseur pour leurs différents services de télécommunications en raison des rabais proposés par des fournisseurs sur des offres groupées, mais il ne faut pas avoir peur de magasiner, quitte à revenir en espérant une contre-offre de son fournisseur actuel.
Dans le sans-fil, une nouvelle technologie remplace les cartes SIM, les fameuses « puces » qui associent un appareil mobile à son numéro de téléphone. Appelée e-SIM, elle permet de transférer parfois en moins de 20 minutes son compte de sans-fil d’un fournisseur à l’autre, en attendant de recevoir sa nouvelle carte SIM par la poste.
Ne pas craindre de quitter son fournisseur est un autre bon outil de négociation pour réduire sa facture de sans-fil, indique Xavier Lucas.
Une baisse… au ralenti
Quand Justin Trudeau s’est fait élire en 2018, il a promis une réduction de 25 % de la facture des sans-fil des Canadiens. Trois ans plus tard, les coûts moyens du sans-fil au pays ont effectivement baissé. Selon Statistique Canada, la réduction a été de 17 % ces 24 derniers mois. L’inclusion des appels et des messages textes illimités dans les forfaits mensuels explique en bonne partie cette baisse.
C’est bien, mais ça pourrait être mieux. Aux États-Unis, l’Internet mobile coûte aujourd’hui 50 % moins cher qu’au début 2018. Sur cinq ans, le coût des données mobiles aux États-Unis a diminué de 88 % !
Pourtant, nos voisins du Sud ne se font pas offrir de services sans fil au rabais eux non plus. L’Internet mobile chez l’Oncle Sam est presque quatre fois plus cher qu’en Europe. Dans le sans-fil américain, on commence d’ailleurs à soupçonner que la consolidation des dernières années dans les services de télécommunications a probablement ralenti cette baisse des coûts payés par les consommateurs, que ce soit pour l’Internet résidentiel ou mobile.
Vue du Canada, cette consolidation n’augure rien de très bon puisqu’ici aussi, on assiste présentement à une possible contraction du nombre de fournisseurs. L’offre d’achat de Shaw par Rogers est toujours à l’étude par le gouvernement fédéral, et on ne sait pas encore s’il l’autorisera telle quelle, ou s’il obligera Shaw à se défaire de sa division Freedom Mobile avant de permettre la transaction. Xavier Lucas n’est pas très optimiste, lui qui croit qu’on ne verra pas de baisse durable des coûts du sans-fil au Canada sans qu’un fournisseur étranger vienne s’immiscer dans ce marché. Et comme la loi fédérale protège les télécoms canadiennes d’une telle incursion étrangère…
Mais peu importe : en attendant l’émergence de nouveaux fournisseurs d’envergure, la baisse du prix des services sans fil au Canada continuera de se faire à la dure, par des consommateurs qui doivent négocier pour profiter des forfaits en promotion, en repérant les offres spéciales saisonnières, ou en considérant de changer de fournisseur.
Dans ce contexte, les sites qui comparent les forfaits en vigueur comme Top-Plans ou son rival québécois PlanHub ont beau jeu d’attirer les consommateurs désireux de réduire leurs dépenses.
Et comme la période des Fêtes est ce moment de l’année où les offres sont les plus nombreuses, il n’y aura peut-être plus d’aussi bon moment pour les consommateurs désirant réduire leur facture de sans-fil qu’au cours des prochaines semaines pour marchander auprès des fournisseurs.
Ce texte fait partie de notre section Opinion qui favorise une pluralité des voix et des idées. Il s’agit d’une chronique et, à ce titre, elle reflète les valeurs et la position de son auteur et pas nécessairement celles du Devoir.