Bulletin de l’opposition
Particulièrement incisive, Marwah Rizqy (Saint-Laurent) est le cauchemar du ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, qu’elle a réussi à présenter comme le maillon faible du gouvernement au cours des derniers mois de la pandémie, notamment en dénonçant le manque de ventilation dans les écoles. Elle a heureusement perdu la mauvaise habitude de compter dans les buts de son propre parti. A
Ses collègues de tous les partis reconnaissent l’aptitude de Véronique Hivon (Joliette) à faire passer le bien public avant les considérations partisanes, qu’il s’agisse de contrer l’exploitation sexuelle ou encore de mieux indemniser les victimes d’actes criminels. Dans un style bien différent de Mme Rizqy, cela ne l’empêche pas d’être aussi une critique très efficace en matière d’éducation. A
Gabriel Nadeau-Dubois (Gouin) est devenu un parlementaire aguerri. Il sait mettre le doigt sur le bobo sans agressivité excessive. Alors que les militants de QS reprochaient à l’aile parlementaire sa complaisance avec le gouvernement, il fallait un certain courage pour reconnaître les mérites du premier ministre dans la gestion de la crise sanitaire. A-
De l’avis général, Pascal Bérubé (Matane-Matapédia) aurait fait le meilleur chef pour le PQ. Il a posé la question qui tue au premier ministre : qu’est-ce qui a changé au Canada depuis l’époque où il était si pressé d’en sortir ? Il a mis en lumière les contradictions entre le gouvernement et la Santé publique à propos de la fermeture des restaurants. Porte-parole en matière de langue, il faut lui imputer l’échec du front commun pour étendre la loi 101 aux entreprises relevant de la compétence fédérale. C’était bien plus qu’une « petite maladresse ». B
Dominique Anglade a eu la main heureuse en nommant André Fortin (Pontiac) au poste de leader parlementaire. Il fait la preuve que l’opposition officielle peut très bien faire respecter ses prérogatives sans avoir toujours le couteau entre les dents. B
Manon Massé (Sainte-Marie–Saint-Jacques) a eu la bonne idée de renoncer à bloquer les travaux parlementaires si le plan vert du gouvernement était jugé insatisfaisant pour se concentrer sur les problèmes de santé mentale créés par la pandémie et la nécessité de faire payer les grandes entreprises qui ont profité de la crise. B
Christine Labrie (Sherbrooke) ne fait ni esbroufe ni excès de partisanerie. Sans être toujours spectaculaires, ses interventions sont pertinentes. Ainsi, elle a convaincu le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, d’autoriser les masques à fenêtre dans les garderies pour faciliter la communication avec les tout-petits. B
Harold LeBel (Rimouski) n’est pas le meilleur orateur de l’Assemblée nationale. Ses questions sont souvent un peu décousues, mais l’empathie qu’il manifeste envers les personnes âgées compense largement. B
La vie d’une dissidente n’est pas toujours facile. Cela n’empêche pas Catherine Fournier (Marie-Victorin) de s’acquitter adéquatement de ses fonctions, par exemple en attirant l’attention sur le danger que représentent les complotistes. Elle a démontré qu’elle avait de la suite dans les idées en lançant le mouvement Ambition Québec. B
Bien documentée, Marie Montpetit (Maurice-Richard) ne manque pas de mordant dans ses questions au ministre de la Santé, mais elle donne parfois l’impression de se prendre pour le directeur de la Santé publique. B-
Sylvain Gaudreault (Jonquière) a subi un échec cinglant dans la course à la direction du PQ, ce qui a inévitablement refroidi ses ardeurs. Il a néanmoins réussi à faire modifier le projet de loi 66 sur les infrastructures pour renforcer les contrôles environnementaux. B-
Soit, le gouvernement Legault n’est pas un modèle de parité, mais Isabelle Melançon (Verdun) y est allée un peu fort dans sa dénonciation du « boys’club ». Si être une femme n’est pas une garantie de compétence, le premier ministre aurait aussi intérêt à réévaluer son personnel masculin lors du prochain remaniement. C
Dans son autobiographie, Christine St-Pierre (L’Acadie) a exprimé franchement les frustrations de sa vie de ministre. Elle reconnaît même avoir eu des tentations souverainistes par moments. Elle a cependant fait rager ses collègues de la Commission spéciale sur l’exploitation sexuelle des mineures en accordant une entrevue la veille de sa publication. C
La ministre déléguée au Développement économique régional, Marie-Ève Proulx, a dû retirer ses propos à l’endroit de Monsef Derraji (Nelligan), mais ce dernier a marché sur une ligne très fine en donnant l’impression de partager les griefs des Entrepreneurs en action, opposés aux mesures sanitaires. C-
Marc Tanguay (LaFontaine) a été dégommé de son poste de leader parlementaire parce que la nouvelle cheffe du PLQ n’aimait pas l’image négative qu’il donnait à son parti. Il lui a donné raison avec ses allusions mesquines à la situation financière personnelle du ministre de la Famille. D
Gaétan Barrette (La Pinière) se conduit dans l’opposition comme il le faisait au pouvoir, c’est-à-dire en kamikaze. La réforme qu’il a imposée quand il était ministre de la Santé continue d’être un boulet pour son parti. Quand on se souvient de la façon ignoble dont il traitait son homologue péquiste à l’époque, Diane Lamarre, il fallait être culotté pour s’associer aux accusations de sexisme à l’endroit de M. Legault. D