Vivre en solo est bon pour les finances publiques

Pour la première fois de l’histoire, le célibat est l’état dominant au Canada. Les finances publiques sauront en bénéficier.

Dans les récentes données du recensement 2016 dévoilées par Statistique Canada cette semaine, 28 % des ménages canadiens étaient composés d’une personne seule, le tiers au Québec. Sur l’ensemble de la population, 40 % se disent célibataires. Du nombre, près de 35 % des 20 à 34 ans vivaient encore chez leurs parents, nous dit le magazine spécialisé Conseiller, une hausse de près de cinq points de pourcentage de la population des Tanguy depuis 2011 qui pourrait aller en s’accroissant. Ne serait-ce que du fait qu’une personne seule peut absorber entre 75 et 80 % des dépenses que fait un couple, peut-on lire. Sans compter l’accès au logement toujours plus dispendieux.

On le devine, vivre en solo est rentable pour les finances publiques. À part le crédit d’impôt pour personne vivant seule au Québec, calculé en fonction du revenu, à part la bonification pour famille monoparentale, plafonnée, le solitaire reçoit peu de transferts.

La situation diffère quelque peu à la retraite. C’est peut-être ce qui peut expliquer que 43 % des Canadiens âgés de 65 ans et plus sont célibataires, indique Statistique Canada. Et que, grosso modo, 4000 d’entre eux divorcent chaque année, nous dit Conseiller. Si la pension de la Sécurité de vieillesse et les prestations du Régime des rentes du Québec sont individuelles, le supplément de revenu garanti (SRG) peut passer d’une mensualité de 864,09 $ pour une personne célibataire, divorcée ou veuve à 520,17 $ par personne pour les conjoints mariés ou vivant en union de fait. Et le revenu maximal annuel sur lequel le SRG est calculé comprend tous les revenus (combinés pour un couple).

En contrepartie, il faudra entrer dans l’équation l’allocation au survivant et celle pour les personnes de 60 à 64 ans offerte au conjoint d’un prestataire du SRG. Et les possibilités de fractionnement de revenu entre conjoints. Au final…

Un grand contributeur net

 

Sauf exception, le célibataire est donc un grand contributeur net aux finances publiques. Si l’on reprend les calculs de la Chaire en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke, de tous les états matrimoniaux, la personne seule verse davantage en prélèvements fiscaux qu’elle ne reçoit de bénéfices de ses contributions. Elle sera toutefois dépassée par le couple sans enfants. À l’autre extrémité, ce sont les couples avec enfants qui se classent parmi les grands bénéficiaires, suivis de la famille monoparentale. Quoique, pour cette dernière, la situation s’inverse dès que le revenu augmente quelque peu, pour atteindre les 60 000 $ dans les calculs de la Chaire.

Selon les données de 2015, le célibataire voyait le taux de charge fiscale nette atteindre 16,5 % sur un revenu brut légèrement au-dessus de 31 000 $. Pour un revenu comparable, seul le couple sans enfant affiche un taux plus élevé, à 22 %. Il est négatif (–0,3 %) pour un couple avec deux enfants reposant sur un seul revenu, ce taux atteignant 11,5 % pour un couple avec deux enfants comptant sur deux revenus.

Faible consolation, le célibataire québécois affichant une rémunération inférieure au salaire moyen arrive au 8e rang sur une liste de 35 pays de l’OCDE quant au poids de la charge fiscale nette sur son revenu brut. Le Mexique domine dans cette catégorie. Pour les autres tranches de revenu, son positionnement oscille entre les 18e et 25e rangs. Pour un salaire moyen et supérieur, la première place est occupée par le célibataire chilien. La Belgique ferme la marche dans tous les cas.

À voir en vidéo