Parcourir le juridique

La dimension juridique rebute… Coincée entre le factuel, la symbolique, le quotidien et le Politique, elle demeure mal connue ; on préfère la laisser aux juristes.

Voilà qui peut justifier d’y consacrer un rendez-vous périodique dans un journal qui a mission de procurer des éclairages essentiels aux débats.

Nous savons tous qu’une grande part du débat politique, les discussions des politiciens, tourne autour de l’adoption de textes exprimant nos droits et nos obligations. Mais il demeure exceptionnel que l’information véhiculée par les médias porte sur la teneur des lois.

On nous entretient principalement de ce qu’en disent les politiciens ; il est plus rare que l’on s’attache à examiner ou à discuter de la teneur effective, des limites ou des incohérences des lois qui nous gouvernent.

Pourtant, le juridique est omniprésent. Nous avons des droits que les autres sont tenus de respecter. Les autres ont des droits qui correspondent à nos obligations.

Les droits n’émergent pas de génération spontanée : ils reflètent les idées, les conceptions de ce qui à une époque et dans un contexte sociopolitique donné est tenu pour juste.

Les questionnements sur la portée et la teneur des droits figurent parmi les composantes majeures de notre vie collective. Une bonne part des discussions dans l’espace public tourne autour de ce qui doit être considéré comme conforme à la justice.

En cela, le juridique rejoint l’essentiel.

Dans une société pluraliste, il coexiste diverses compréhensions de ce qui doit être tenu pour correspondre au « juste ». Le débat sur les lois, sur les droits reflète la pluralité des visions quant à ce qui est juste, rationnel, raisonnable ou simplement tolérable.

Il est normal que le sentiment de justice porte certains à poser en absolu leur propre conception du juste. Mais dans un espace sociétal désormais planétaire, force est de constater que l’absolu d’ici est souvent le relatif ailleurs.

Dans le monde hyperconnecté, les lieux se télescopent. Les différences se retrouvent, plus que jamais, en présence. Cela peut rendre inconfortable certains tandis que d’autres y verront des occasions de s’enthousiasmer !

La pluralité des conceptions participant à produire les idées que l’on se fait de la justice nous convie à des repositionnements, des remises en question se manifestant désormais à la vitesse de déplacement des unités d’information.

Le débat sur ce qui est juste et rationnel est en continuel mouvement. Il reflète la vélocité des mutations dans ce qui est considéré comme possible ou utopique. Par exemple, il n’y a pas si longtemps, les catégories des « humains » et des choses paraissaient bien définies.

Désormais, les humains se connectent, se « posthumanisent », se mettent en symbiose avec les objets connectés. Où et quand commence et finit l’objet, l’humain ?

Voilà des situations qui interpellent nos visions de ce qui est juste, raisonnable, acceptable.

Dans cette foison de débats, la loi agit comme un mécanisme cristallisant ce qui, à une époque donnée, est considéré comme juste.

Mais dans un univers en réseau comme celui qui prévaut désormais, la loi s’énonce de plus en plus selon des méthodes et stratégies reflétant son application dans des contextes diversifiés. Elle émane parfois de l’État, parfois d’autres acteurs.

Dans ce monde dans lequel nous avons des droits et sommes obligés de tenir compte des droits des autres, il paraît nécessaire de parcourir les tenants et aboutissants des lois, des droits et des obligations. Il est essentiel de débattre des fondements et de la structure des lois dans lesquels sont énoncés nos droits tout comme les techniques utilisées pour énoncer et mettre en oeuvre les objectifs publics.

 

Les décalages entre la loi énoncée et appliquée nourrissent d’essentiels débats. En contexte démocratique, la recherche d’ajustements entre les droits, les obligations et la justice est objet permanent de discussions.

Voilà le programme : tenter d’expliquer les raisons qui motivent les lois ou qui portent certains à revendiquer qu’elles changent. Exposer les raisonnements des juges chargés de résoudre les conflits entre les droits. À l’occasion, on proposera de faire le lien entre la recherche sur le droit et sur les droits. Car le progrès n’émane pas uniquement de la recherche sur les procédés industriels ou les nouveaux médicaments : il est tributaire de la recherche pour mieux comprendre et développer des approches afin de garantir le fonctionnement adéquat des systèmes de normes.

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