Le multiculturalisme alimentaire

L’alimentation des Québécois a radicalement changé au cours des dernières décennies. Les voyages ont suscité un intérêt grandissant pour de la nouveauté.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir L’alimentation des Québécois a radicalement changé au cours des dernières décennies. Les voyages ont suscité un intérêt grandissant pour de la nouveauté.

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi certains peuples consomment des produits que nous ne mangeons pas ? L’alimentation est évidemment reliée à notre culture et à notre éducation, elles-mêmes calquées sur celles de nos parents.

Et d’autres facteurs entraînent des changements en lien avec notre consommation au cours de notre vie : la religion, la disponibilité de certains produits comme les épices, par exemple, les a priori au fil des années, la publicité, les tendances et les modes.

Aussi, nous connaissons fort bien les besoins et les coutumes alimentaires de nos concitoyens de différentes nationalités.

 

La culture à table

L’alimentation des Québécois a radicalement changé au cours des dernières décennies. Les voyages ont suscité un intérêt grandissant pour des fruits et légumes exotiques, la présence de communautés d’Asie a fait en sorte que nous consommons plus de poissons et de mollusques, notamment crus comme dans les sushis, et les Européens ont apporté une diversité dans la cuisine des bistros ou des tapas. Aussi, les jeunes avides de découvertes mettent leur poids dans la balance.

Bref, toutes les cultures aiment retrouver leurs traditions dans ce qui les rapproche le plus, et particulièrement autour de la table.

 

Si l’offre et la disponibilité des produits se sont grandement bonifiées au fil des années, l’influence extérieure et les tendances favorisent également la consommation pour une partie de la population. L’éducation, la santé, l’origine culturelle, les aliments biologiques, les produits locaux et importés sont aussi des facteurs qui changent nos comportements d’achat. La méconnaissance d’un produit, par exemple, n’incitera pas un consommateur à l’essayer.

Du coup, on retrouve ici et là des épiceries spécialisées et des comptoirs de produits réservés au multiculturalisme alimentaire.

Des produits boudés

 

L’alimentation nord-américaine se caractérise beaucoup par des produits préparés et aseptisés, la restauration rapide et la nourriture plus carnivore que végétarienne. Alors que les populations vivant à proximité des côtes tendent davantage vers les produits marins, plus disponibles.

Grâce en partie à la restauration, on redécouvre des parties animales longtemps boudées, qui s’affichent désormais en hausse tant pour leur prix que pour leur notoriété gustative. Par exemple, le jarret d’agneau braisé était presque devenu rare chez les bouchers. Même chose pour la joue de boeuf, remise au goût du jour sur les cartes des restaurants.

Toutefois, il reste encore du travail à faire pour augmenter la consommation de certaines espèces de poissons prisées à l’étranger et par certaines communautés, mais délaissées chez nous. La raie, la lotte ou la baudroie, de même que certains poissons de fond, sont quelque peu boudées par les Québécois.

Si, durant les années de vache maigre, les familles d’ici consommaient en grande partie les abats tels que le foie, la tête, la cervelle ou encore les rognons chez les animaux de boucherie, seuls le foie et les ris de veau ont encore la faveur des consommateurs.

Un autre aspect bien ancré est directement relié aux habitudes et à la culture : le cheval étant considéré comme un animal noble, sa viande, pourtant intéressante sur le plan nutritionnel, est désormais exportée presque en totalité. Seuls quelques irréductibles en consomment encore.

Et pourquoi donc le lapin, une viande réputée en Europe, est-il peu populaire au Québec ? On conserve encore l’image du petit animal à qui on refuse de faire du mal. Il devient alors un phénomène affectif, comme le cheval et le chien.

Il est impossible pour quiconque de changer radicalement ses habitudes de consommation sans comprendre ce qu’elles sous-tendent culturellement. On ne demande pas aux Asiatiques de modifier leur alimentation, mais en parallèle, ils adoptent souvent les pires des modèles comme le fast-food ou le café, par exemple.

La mixité des populations ne signifie pas pour autant que nous sommes prêts à consommer certains produits, d’autant plus que, dans bien des cas, les méthodes de capture, d’élevage ou de préparation peuvent nous interpeller.

Une question

 

Êtes-vous à l’aise de consommer les aliments suivants, peu importe leur préparation : abats de porc, ailerons de requin, nids d’hirondelle, pattes de poulet ou de canard, poissons séchés, insectes, oeufs avec poussin, oeufs vieillis dans la cendre, oeufs de fourmi, langue de boeuf, cheval, serpent, crocodile, concombre de mer, tête de chèvre ou de mouton ? Toutes ces particularités pour nous sont le quotidien des gens dans certains pays.


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L’heure de l’apéro
Marie-Josée Beaudoin
Les éditions de l’Homme
Québec, 2016, 192 pages

Comme un petit guide, cet ouvrage de Marie-Josée Beaudoin, sommelière et passionnée de gastronomie, se transporte aisément en tout temps. On y retrouve une foule d’idées et des recettes de chefs connus pour prendre l’apéro, mais qui peuvent s’appliquer à tout moment de la journée.

L’heure de l’apéro

Marie-Josée Beaudoin Les éditions de l’Homme Québec, 2016, 192 pages



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