Cette douce France…
On ne peut pas avoir visité Paris, arpenté ses rues et ses ruelles, vécu à la française pendant quelques jours ou quelques années et ne pas avoir le coeur gros depuis ce vendredi 13 novembre qui sera dans nos mémoires pour toujours. Nous reconnaissons tous que l’apport culturel de la France dans le monde est un cadeau exceptionnel pour lequel nous lui devons reconnaissance. Même les Anglos le reconnaîtraient sans hésiter.
Il est incontestable qu’ils ont aidé à civiliser le monde. Leur manière de vivre a été enviée partout sur la planète. Ils ont parfois tendance à adopter des attitudes supérieures par rapport au reste du monde comme s’ils étaient tous nés de la cuisse de Louis XIV, mais quand on les connaît bien, on finit par admettre que leur héritage est sûrement lourd à porter et qu’il est normal qu’ils essaient d’en tirer le meilleur parti possible.
Ils ont un profond besoin de faire aimer la France, un besoin qu’ils expriment de toutes les façons possibles et sur tous les tons. Ils ont fait de la joie de vivre une nécessité non discutable et ils ont toujours surmonté toutes les douleurs que la guerre et d’autres combats leur ont laissées.
Ils ont bien quelques défauts, mais est-ce le moment de leur rappeler leurs mauvaises décisions dans certains dossiers, leur attitude revendicatrice, ou carrément leur mauvaise compréhension de certaines situations douloureuses qu’ils n’ont pas su gérer avec générosité ? Ce serait injuste dans un moment où le sol bouge sous leurs pieds et qu’ils ont besoin de tout notre appui pour traverser l’épreuve.
Surtout que nous serions bien mal placés, nous les Québécois, pour critiquer la France, avec notre lot d’hésitations, de remises en question et de peurs chroniques qui nous empêchent de devenir un pays avec l’entière responsabilité de nos décisions et de nos erreurs.
Tant que nous accepterons d’être soumis à une autorité hors de notre propre culture, nous serons tenus au silence et à l’obéissance. Faits pour un petit pain, comme on dit de nous.
La France, avec sa longue histoire qui traverse bien des siècles, a connu de meilleurs moments que ce qu’elle vit maintenant. Nous lui devons tellement qu’il ne faut pas hésiter à dire que nous avons envers elle un devoir de mémoire. Que serions-nous, nous les Québécois, si du sang français n’avait pas coulé dans nos veines ? Aurions-nous survécu ?
Serions-nous encore cette nation, toujours remise en question, mais qui nous garde en vie et combatifs face à l’avenir qu’on nous propose de la part d’Ottawa ? Sans l’esprit français, la langue française, n’aurions-nous pas été happés et assimilés totalement par le ROC ?
C’est sans doute pour toutes ces raisons que le sort de la France nous touche si profondément. Nous y avons des amis, des connaissances et certains d’entre nous vont y fouiller les archives pour retrouver leurs ancêtres. Nous sommes tous un peu Français. Le nier serait ridicule.
Nos racines parlent plus fort que tout le reste. En ce moment, en France, nos frères, nos soeurs, nos cousins et cousines sont en souffrance. Inquiets par rapport à ce que l’avenir leur réserve, ils sont magnifiques dans leur décision de continuer à vivre normalement et de ne rien changer dans leurs habitudes. Ils ont peur ? Bien sûr. Qui n’aurait pas peur ? Et pourtant, ils se tiennent debout, courageusement, en jurant que les fous qui ont semé la mort autour d’eux ne mettraient jamais la France à genoux.
Juste pour ce courage, il faudrait les saluer bien bas. Paris est aux soins intensifs. Les tueurs, de leur côté, seraient entraînés à se fondre dans la foule. Ils ont une imagination fertile pour mener leurs mauvais plans à terme, et comme on leur promet des vierges qui les attendent après leur mort, ils n’hésitent pas à lever l’ancre.
Les policiers français sont sous pression, mais ils ont l’air de s’acquitter sérieusement de la tâche qui leur incombe. Pour le peuple français, il faudra du temps pour tourner la page. L’image de toutes ces jeunes femmes couchées au sol, de tous ces jeunes hommes criblés de balles, de ceux et celles qui luttent pour leur vie dans les hôpitaux parisiens, plus les images de ce vendredi soir de détente transformé en lieu de guerre ne vont pas disparaître de notre mémoire rapidement.
Il est plus que temps de garder la tête froide et le coeur solide. Les enragés qui ont commis ces crimes doivent commencer à avoir peur. C’est triste. Mais c’est leur tour maintenant. Par contre, il ne faut pas punir des innocents. Il est essentiel de ne pas commettre cette erreur. Autrement, nous serions aussi dangereux que les coupables que nous cherchons à mettre K.-O.