La dernière récolte

C’est parti ! Pendant que les arbres perdent leurs dernières feuilles, que les marchés sont encore chargés de racines, de pommes et de cucurbitacées orange, communément appelées citrouilles, on célèbre cette fin de semaine la fête des récoltes.
Il est bien loin, le temps où il fallait à tout prix mettre en conserve les légumes racines, placer en réserve les patates et les rabioles et se dire alors qu’on en avait pour six mois jusqu’aux récoltes du printemps. L’ouverture du monde sur l’agroalimentaire a véritablement changé la donne. On trouve de tout, toute l’année.
Du coup, on a presque oublié qu’il existe des saisons, elles-mêmes reliées à des habitudes de consommation qui créaient avec bonheur l’attente des premières fraises, des asperges, ou encore, un peu plus tard, des premiers bleuets.
Halloween et citrouilles
Le mois d’octobre, c’est le moment de nettoyer le potager, de planter des gousses d’ail et de ramasser les derniers légumes avant le gel de la terre. Mais c’est aussi, pour beaucoup de gens, le temps de la chasse, des champignons, de la dinde et des citrouilles.
On les aime le plus souvent pour leurs formes et leurs couleurs, bien plus que pour l’intérêt gastronomique qu’elles procurent. Quel dommage ! diront les inconditionnels des cucurbitacées, qui utilisent les différentes courges d’hiver d’une multitude de façons pour les repas, de l’entrée au dessert.
Une tradition américaine et anglo-saxonne plus que française, selon certains spécialistes, mais qui gagne chaque année en popularité, notamment auprès des chefs. On fête les récoltes à l’Action de grâce, une fête qui signifie également, pour certains, la fermeture du chalet, le remisage du barbecue et la préparation des vêtements d’hiver.
De toute façon, nous brûlons maintenant les saisons beaucoup trop vite. Il suffit de voir les magasins déjà remplis de matériel scolaire en juin, puis les décorations pour l’Halloween et les soldes d’été dès juillet, et les grandes chaînes de magasins qui commencent à sortir les décorations de Noël en août.
Avec la mondialisation de l’agroalimentaire, c’est un peu la même chose. Les fraises sont désormais disponibles toute l’année, les agrumes n’ont plus de saison, et les produits arrivent à profusion en provenance du Mexique, des États-Unis ou du Chili. Bref, nous n’avons plus d’attente saisonnière, et c’est souvent le facteur prix qui détermine désormais les achats.
La dinde des familles
Le temps de l’Action de grâce, en plus d’être celui des récoltes, est l’occasion du dernier rassemblement familial avant Noël. Se perpétue la tradition de servir de la dinde, un potage à la courge et une bonne tarte aux pommes.
Même si les habitudes alimentaires évoluent vers des volailles comme la pintade, le canard ou le poulet, la dinde demeure bien présente au sein des familles québécoises lors du repas familial de ce week-end.
Plus célébrée chez nos voisins américains que chez nous, cette fête y est l’une des plus importantes, sinon la plus importante de l’année, et permet une pause avant l’hiver et les réjouissances de fin d’année.
Farcie ou pas, la dinde biologique s’avère très tendance chez nous, et de plus en plus de producteurs se tournent vers ce modèle d’élevage. Selon plusieurs chefs, le secret demeure avant tout l’arrosage en cours de cuisson. Cette méthode permet notamment d’obtenir une peau dorée et bien croustillante. La cuisson doit se faire à une température moyenne de 375 °F et, surtout, l’essentiel est d’accorder un temps de repos à couvert d’au moins 15 à 20 minutes une fois la dinde cuite.
Quant à la tarte à la citrouille ou aux pommes, cela dépend des goûts. En ce qui me concerne, j’affectionne particulièrement la tarte aux pommes tiède, avec des tranches de cheddar sur le dessus et arrosée au final avec une lichette de cidre de glace. Ainsi, le bonheur est dans l’assiette !
Pour la dinde, une petite farce de foie de volaille mélangée avec du veau ou du porc haché, des oignons, du persil et de l’ail, avec un oeuf entier et de l’assaisonnement, viendra compléter le tout.
Si vous aimez les citrouilles, je vous suggère le potiron, ou potimarron, pour en faire un potage avec la pulpe cuite dans un fond de volaille avec un blanc de poireau, des épices indiennes, le tout mixé avec de la crème. Ajoutez ensuite des dés de chorizo grillés et de petits croûtons frottés à l’ail. Puis, je regarnis l’intérieur du potiron et le sers tel quel.
Et de grâce, cette fois-ci, attendons un peu avant de sortir les guirlandes de Noël. Il me semble ainsi que l’hiver sera moins long et que le temps des sucres arrivera plus vite. Bonne fête de l’Action de grâce !
Ce texte fait partie de notre section Opinion qui favorise une pluralité des voix et des idées. Il s’agit d’une chronique et, à ce titre, elle reflète les valeurs et la position de son auteur et pas nécessairement celles du Devoir.
Montréal fait la fête à table
Pour la quatrième année, Montréal à table rassemblera plus de 150 restaurants du Grand Montréal pour participer à cette fête des sens, du 29 octobre au 8 novembre. Le Joyeux novembre est un événement des plus intéressants qui propose des conférences, des visites guidées et, surtout, durant 11 jours, des prix incroyables pour découvrir le meilleur de la restauration montréalaise. Trois déclinaisons de table d’hôte — 21$, 31$ et 41$ — ainsi que des brunchs sont offerts durant ce festival unique en Amérique du Nord. Visitez le www.tourisme-montreal.org (voir la section Montréal à table pour découvrir les restaurants participants).Dans la bibliothèque

Éditions Phaidon
Londre, 2015, 172 pages
Tout le monde ou presque aime la pizza. Ce petit livre, qui présente plus de 75 recettes, contient des recettes variées et faciles, mais aussi la base de la pâte, essentielle à la réussite d’une bonne pizza.