Jardins de l’Écoumène, le projet d’une vie

Artisans semenciers et pépiniéristes, les Jardins de l’Écoumène sont situés tout au bout du petit chemin de terre de l’Écoumène à Saint-Damien dans Lanaudière. Maison, bâtiments, serres, boutique, terrasse d’accueil, le tout concentré en un seul endroit bien aménagé donne un agréable coup d’oeil et surprend par son ampleur.
Spécialistes de la production de semences à libre pollinisation, de légumes biologiques et de végétaux pour les paysages comestibles et les forêts nourricières, les propriétaires voient leur entreprise comme un mode de vie et un laboratoire à ciel ouvert. Homme et femme de passion, Jean-François Lévesque et Guylaine Saint-Vincent ont depuis l’achat du terrain, en 1996, transformé magistralement l’endroit, où l’on ne trouvait que des champs, en un lieu dynamique qui emploie jusqu’à six personnes en haute saison. Influencé par les enseignements de Bill Mollison sur la permaculture, le design de l’aménagement du terrain suit ses principes sans y être assujetti. Enthousiaste horticulteur avant tout, Jean-François aime expérimenter et est sensible au monde du vivant et à la biodiversité. Pratique, il aime construire et réaliser des projets et il s’occupe de la commercialisation. L’autosuffisance énergétique est une autre de ses passions, et comme Hydro-Québec ne se rend pas jusqu’au terrain, il a pu mettre en pratique cet intérêt. Tous les bâtiments sont alimentés par l’énergie solaire, le bois et le propane. Aussi une horticultrice aguerrie, Guylaine a développé au cours des dernières années le volet de la production de pomme de terre et elle s’occupe de la gestion des ressources humaines et de la comptabilité. Les Jardins de l’Écoumène sont membres de l’organisme de certification Québec Vrai depuis 2002.
Production
Sur un beau grand territoire vallonné et boisé de quarante hectares situé en zone 3, six hectares sont consacrés à la production de semences, même si ici et là, on croise de touffus camérisiers, de vigoureux cerisiers de Russie et de solides argousiers. Une particularité intéressante des parcelles de production de semences est leur joli design en patchwork, ceci dans un but bien précis : éviter toute pollinisation croisée entre cultivars. Voici quelques légumes coups de coeur que Jean-François nous a fait découvrir. D’abord, le maïs iroquois White, dont la farine est délicieuse pour faire des potages et du pain. Ce maïs ancien est encore cultivé par les nations haudenosaunee du Canada et de la Nouvelle-Angleterre. Ensuite, le chou marin ou Crambe maritima, un légume vivace fort intéressant au feuillage bleuté de la même famille que le brocoli, les brassicacées. Ses feuilles et ses boutons floraux sont consommés crus ou cuits, et même ses racines se mangent. Puis, le poivron Doe Hill, une variété patrimoniale de la région de Doe Hill en Virginie, très productif. Parfait pour les étés courts, il produit de petits poivrons doux et délicieusement sucrés. Puis, finalement, lepiment brésilien Iracema Biquinho est une belle découverte, explique Jean-François, car c’est un piment doux légèrement relevé avec une finale sucrée. Ces artisans semenciers, bien équipés et professionnels, font la mise en sachet avec une ensacheuse haute technologie achetée en Israël, inventée à l’origine pour compter les diamants ; on imagine la précision. Puis, afin d’assurer une bonne levée des semences pour les jardiniers, un test de germination est réalisé pour chaque lot de graines. Les Jardins de l’Écoumène distribuent dans 150 endroits au Québec et fait aussi des envois postaux.
Les produits forestiers non ligneux
Pour le propriétaire, les productions forestières non ligneuses (PFNL) sont le nec plus ultra de l’horticulture. Les PFNL comprennent tous les produits non conventionnels tirés des forêts : champignons, bleuets, huiles essentielles de résineux, branches pour la décoration… Seulement dans Lanaudière, il y a actuellement une vingtaine de projets de PFNL. Tous n’ont pas la même approche, certains font des trouées forestières, c’est-à-dire qu’on rase une zone et qu’on la replante. Aux Jardins de l’Écoumène, l’approche est différente. D’abord, l’écosystème a été étudié. Ensuite, certains arbres ont été éliminés, puis des arbustes et des herbacés comestibles ont été implantés selon les caractéristiques de l’habitat. D’ici trois à cinq ans, il devrait être possible de récolter sur ce parcours forestier de 500 m des fruits d’aronia, des champignons, des mescluns forestiers, etc. Et comme Jean-François est formateur de PFNL dans Lanaudière, il servira aussi sûrement de terrain de démonstration. Si le sujet vous intéresse, le maître à penser de Jean-François est Martin Crawford, un passionné d’agroforesterie qui mène depuis 20 ans des expérimentations sur ces systèmes d’alimentation.
La prochaine visite des Jardins aura lieu le 1er août 2015. Inscription obligatoire. mch.ecoumene@gmail.com ou 450 835-1149
Des jardins plein la tête !
Cet été, l’Association des jardins du Québec suggère un parcours adapté à la tendance verte et au virage technologique. À l’aide de la mobilité, on planifie son itinéraire pour visiter l’un ou plusieurs des 16 magnifiques jardins de l’association. Paysages inoubliables, visites culturelles, éducatives, amusantes et événements innovateurs sont au rendez-vous. Les jardins du Québec ne sont pas simplement des arrêts sur la route, mais des destinations qui promettent de ne pas vous décevoir !
Des jardins participatifs au 16e Festival international de jardins
Les Jardins de Métis ont lancé récemment le 16e Festival international de jardins avec six nouvelles installations que les visiteurs pourront animer, puisqu’ils sont invités à y entrer, à les bouger, à y toucher… à les vivre. Les jardins qui ont remporté le concours 2015 sont des créations venant de Tel-Aviv, Paris, Winnipeg et Québec. En tout, 26 jardins contemporains sont à visiter, en plus des superbes jardins classiques d’Elsie Reford. À Grand-Métis en Gaspésie jusqu’au 28 septembre.
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Dans la bibliothèque
Elsie Reford
La grande dame des Jardins de Métis
Hélène Jasmin
Célébrités/Collection biographique
Lidec inc. 2015, 62 pages
Excellente plaquette sur Elsie Reford née Meighen, cette femme de caractère à la vie exceptionnelle qui a créé les Jardins de Métis. On suit son parcours à travers le portrait de sa famille, celui de Montréal, ainsi que celui de la grande villégiature. Époque où les grands magnats implantaient dans l’arrière-pays des villas pour goûter l’air frais et pratiquer des sports de plein air. C’est autour de l’une de celles-ci qu’ont été aménagés les Jardins de Métis, qui nous sont racontés dans la deuxième partie du livre. On découvre leur création, comment le jardinage devient un art et une philosophie pour cette grande dame, et à quel point cet héritage fabuleux marque notre histoire.
Au jardin cette semaine
Certaines vivaces qui fleurissent tôt au printemps ont avantage à être rabattues afin de favoriser une deuxième floraison ; en voici quelques-unes : Anthemis tinctoria, Centaurea, Delphinium, Echinops, Nepeta et Salvia. Attention, cette technique ne doit surtout pas être appliquée aux plantes à tiges ligneuses telles les lavandes et les pivoines arbustives, ainsi qu’aux plantes à feuillage persistant.Les conditions sont actuellement favorables au développement du mildiou. Les plantes qui y sont sensibles sont l’oignon vert, la tomate, l’aubergine, la pomme de terre et le poivron. Afin de prévenir une infestation, on traite une fois par semaine avec l’un des produits suivants : le bicarbonate de soude, le soufre ou le cuivre. Attention au cuivre, car il s’accumule dans le sol et peut devenir toxique. Cette maladie est difficile à contrôler une fois que les symptômes sont visibles, c’est pourquoi il est préférable de traiter ces légumes en prévention.