Le design a ses prix

Après un long intermède de 10 ans, la métropole renoue avec l’effervescence des prix Commerce Design Montréal créés en 1995, et célèbre cette année le 20e anniversaire de ce concept 100 % montréalais. Cette initiative s’est répandue avec beaucoup de succès, depuis plus d’une décennie, dans plusieurs villes d’Europe, du Canada et des États-Unis.
Le 11 mai dernier, 20 commerces de Montréal répartis dans 7 arrondissements ont été désignés lauréats de l’édition 2015.
Ces prix visent à honorer le travail des professionnels du design et de l’architecture, en plus de récompenser les commerçants participants ayant investi dans l’aménagement de leur commerce. Ces derniers ont été sélectionnés par un jury d’experts présidé par Nathalie Bondil, directrice et conservatrice en chef du Musée des beaux-arts de Montréal.
Les lieux primés présentent une grande diversité en matière d’offre commerciale, de style, de superficie et d’envergure.
Afin d’illustrer la démocratisation du design tous azimuts, on a couronné des commerces aussi diversifiés que la maison Simons des galeries d’Anjou, l’Atelier-boutique du Mile-End de la talentueuse créatrice émergente Mylène B, l’espace zen de la galerie LeRoyer de la rue de la Montagne et la boulangerie artisanale Guillaume du Plateau-Mont-Royal, parmi d’autres.
En avant la séduction
Ces choix démontrent sans l’ombre d’un doute que le design n’est plus l’apanage d’une certaine élite fortunée et qu’il a réussi à s’imposer en matière de séduction dans l’univers quotidien, toutes générations confondues.
Il est également rassurant de constater que Montréal n’est pas prisonnière d’un seul style, bien au contraire : toutes les tendances s’y côtoient, du minimalisme à la sobriété parfaitement maîtrisée et jusqu’au néotraditionalisme jouant sur l’engouement pour les éléments industriels et le charme du courant rough chic.
Parmi les principales tendances observées, on note la prépondérance du recyclage, de la réutilisation des matériaux bruts mais nobles (bois, cuivre, béton), ainsi que le recours à des couleurs chaudes. Les designers épurent les lieux, révèlent les traces du passé et les réactualisent.
Au nombre des grands gagnants de ce dernier gala, Zébulon Perron, le Xavier Dolan du design, est reparti avec quatre prix (bar Furco, boulangerie Hof Kelsten, Le Rosemont et Impasto), pendant que les bureaux de design La Firme (Manitoba, Mimi la Nuit), blazysgérard (Privé, Pizzeria No. 900) et _nature humaine architecture design (Au pain doré, Mylène B) ont été primés, chacun à deux reprises.
Venez, voyez, votez !
Les Montréalais sont invités, les 13 et 14 juin prochains, à découvrir les 20 commerces lauréats sous l’angle du design, alors que les concepteurs seront sur place pour accueillir visiteurs et clients afin d’expliquer leur démarche créative.
Jusqu’au 31 août 2015, le public pourra ainsi voter pour son commerce favori en déposant son bulletin dans l’un des établissements primés ou à commercedesignmontreal.com. Le Prix du public sera annoncé le 14 septembre.
Le prix Frédéric-Metz
En collaboration avec la Société des designers du Québec et l’Université du Québec à Montréal, le Bureau du design de la Ville de Montréal rendra hommage à Frédéric Metz (1944-2014), professeur à l’UQAM et figure marquante du design au Québec.
Attribué dans le cadre des prix Commerce Design Montréal 2015, le prix récompensera un concept de design global, parfaitement intégré, inspirant et efficace, et qui, selon M. Metz, « facilite la vie, élève la beauté, la fonction et le sens, adoucit l’expérience et constitue une valeur ajoutée à la vie quotidienne ».
Frédéric Metz était un collaborateur et conseiller de longue date des prix Commerce Design Montréal. Il a entre autres assuré la direction artistique de l’événement de remise des prix à l’usine C, en 1999.
Partout, dans tous les quartiers, la ville de Montréal, sous l’emprise du design, se métamorphose et se réinvente de plus en plus. Quel beau virage !
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La face cachée de la mode
Deux films viennent démasquer la face cachée de la mode et prennent l’affiche simultanément dans les cinémas québécois. Le premier est un documentaire fascinant, Dior et moi, de Frédéric Tcheng, où l’on suit pas à pas Raf Simons, le couturier belge qui a succédé en 2012 au flamboyant et controversé John Galliano comme directeur artistique chez Christian Dior. On peut ainsi être témoin des doutes quotidiens de cet artiste de l’ombre dans l’élaboration de sa première collection pour la grande maison Dior.
On découvre ses premières inspirations, ses moments d’angoisse, la complicité avec son assistant, avec les premières et les petites mains agiles des ateliers de haute couture, jusqu’au grandiose défilé de lancement qui se conclut en apothéose. Ce film est un voyage dans les coulisses de la création qui redonne toutes ses lettres de noblesse à ce métier mal aimé.
L’autre film très attendu était Saint Laurent, réalisé par Bertrand Bonello, sorti quelques mois après le très décevant Yves Saint Laurent de Jalil Lespert. On comprend mieux, dans ce long-métrage deuxième mouture, la fragilité d’un être écorché vif au bord du désespoir et traînant un mal de vivre. Ce portrait lève le voile sur les tourments de la création, sur la vision singulière de ce couturier qui a bouleversé les diktats de la haute couture, et cela, toujours en mode séduction, ainsi que sur les sources d’inspiration de ce génie du style qui aura marqué plusieurs générations et qui continue d’être une icône absolue du monde de la mode.
Le carnet
Relève mode, ou quand la persévérance scolaire défileLe 25 mai dernier, les plus grands noms du design québécois se sont retrouvés pour le gala annuel du deuxième Défi Relève Mode qui couronnait les plus belles créations de plus de 150 jeunes issus de neuf écoles secondaires. Cette initiative relevant de Fusion Jeunesse, en collaboration avec le groupe Aldo, le collège Lasalle et le groupe Dynamite, vise notamment à prévenir le décrochage scolaire et à encourager les adolescents à poursuivre leurs études en les initiant au design de mode.
La magie de la mode a une fois de plus opéré lors de ce défilé craquant rempli de fantaisie, d’imagination et de créativité. « Encore une fois cette année, j’ai été soufflé par la qualité des collections présentées par nos jeunes, et je suis d’autant plus fier de voir comment ce projet les aide à découvrir et à exploiter leur plein potentiel », a indiqué Gabriel Bran Lopez, président-fondateur de Fusion Jeunesse et l’âme derrière ce projet qui mérite toute notre admiration. Les 18 croquis ainsi que les créations primées par le jury seront exposés au Musée des beaux-arts de Montréal au cours de l’été. Mission accomplie pour cet événement annuel qui prend déjà des allures d’incontournable.
Horst, l’oeil du maître
Le musée McCord nous convie jusqu’au 25 août 2015 à l’exposition Horst, photographe de l’élégance. Cette rétrospective présentée, organisée et mise en circulation par le Victoria and Albert Museum de Londres, est offerte en exclusivité nord-américaine à Montréal. Le public sera ébloui par tant de chefs-d’oeuvre d’un esthétisme sublime, par la savante mise en scène et par la recherche rigoureuse où rien n’a été laissé au hasard.
Nous accompagnons ce grand artiste dans sa démarche artistique qui l’a d’abord conduit à se passionner pour la haute couture, à travers une série de photographies qui auront marqué l’histoire de la mode, puis vers les portraits de stars hollywoodiennes qu’il immortalisées comme très peu de photographes ont su le faire.
Sa rencontre déterminante avec Dalí et ses expérimentations surréalistes en photo en ont fait un influenceur de premier plan. Il aura également posé son regard unique sur le monde de la décoration en nous faisant pénétrer dans les univers intérieurs des grands de ce monde, par le biais de magazines internationaux des plus prestigieux. Il demeure une icône qui aura marqué le XXe siècle et qui reste une source d’inspiration pour les amateurs de photographie.