Des pizzas comme à Naples

Chez Nina, à Québec, le four alimenté au bois cuit les pizzas en 90 secondes à 900 °F, comme à Naples.
Photo: Clément Allard - Le Devoir Chez Nina, à Québec, le four alimenté au bois cuit les pizzas en 90 secondes à 900 °F, comme à Naples.

La scène culinaire de Québec est en pleine effervescence, particulièrement dans les quartiers de la basse-ville, où de nouveaux restos surgissent tous les mois. Hasard ou pas, les pizzerias sont à l’avant-plan de ce bouillonnement.

 

Après plusieurs mois de préparatifs, Nina pizza napolitaine a enfin ouvert ses portes il y a quelques semaines dans le secteur Saint-Roch, à deux pas du boulevard Langelier. Tiens, pourquoi ne pas convier fiston à aller y manger ? Un « oui » enthousiaste a suivi ma proposition, vous pensez bien !

 

De quel bois il se chauffe

 

La multiplication des lieux de restauration est assortie de l’obligation de se démarquer, de proposer cette plus-value qui permettra de sortir du lot. Chez Nina, on a misé sur le four à pizza importé d’Italie : ses 2500 kilos ont même nécessité des travaux spéciaux afin de renforcer la structure de l’immeuble ! Ce colosse alimenté au bois cuit les pizzas en 90 secondes à 900°F, comme à Naples. J’étais donc fort impatiente de mordre à belles dents dans une pâte cuite de cette manière si inhabituelle sous nos cieux.

 

Étudions la carte. Celle-ci présente quelques entrées, deux salades et dix variétés de pizza, aussi disponibles en format bambino. Le choix est bientôt fait. Nous amorcerons joyeusement le repas avec la « petite planche » que nous partagerons, stratégie destinée à profiter pleinement de nos pizzas et de laisser un petit coin pour le dessert.

 

Un jus de pommes bio pour le jeune homme, un verre de vin pour maman. Et beaucoup d’eau fraîche, servie à même la jolie bouteille de verre écarlate au logo de Nina. Cette couleur tonique est reprise ça et là, sur quelques chaises et sur les suspensions, ce qui dynamise un décor où les murs immaculés et le bois blond occupent une place prépondérante… et où quelques éléments soulignent avec humour les dangers du feu !

 

Tout est dans la tomate ? Que nenni.

 

L’émulation de l’Italie ne se limite pas ici au four à bois. Les propriétaires ont choisi d’importer certains des ingrédients majeurs de la pizza, dont la farine et les tomates, afin de recréer le plus possible la saveur napolitaine. Les autres ingrédients proviennent cependant, dans la mesure du possible, de commerces de proximité.

 

Ainsi, le saucissier William J. Walter, situé non loin sur la rue Saint-Joseph, approvisionne le resto de ses délicieux produits, dont le chorizo qui garnit l’assiette rectangulaire déposée entre nous. Nous y piochons aussi du cheddar vieilli de l’Isle-aux-Grues, du speck (un jambon cru italien, fumé et tranché finement – coup de coeur du jeune convive !), des légumes grillés arrosés d’huile d’olive, des câpres fraîches et des olives.

 

J’apprécie la subtile touche carbonisée des poivrons et de l’aubergine, qui évoque les grillades estivales. De petits triangles de pâte à pizza complètent le tout. La portion est idéale pour partager à deux, dans le but, rappelons-le, de préserver un peu d’espace pour la suite. Cette suite qui ne tarde pas à surgir devant nous.

 

La Sopressata choisie par mon accompagnateur comporte de la sauce tomate, de la mozzarella fior di latte, de la sopressata calabrese (sorte de saucisson un rien piquant) et des olives. En format bambino, c’est parfait : après avoir bataillé pour couper la pâte — j’y reviendrai —, il n’en reste bientôt plus rien.

 

Appréciant les saveurs plus affirmées, j’ai opté pour la Barcelona. Garnie de tomates, de fior di latte, de manchego (un fromage espagnol de lait de brebis), de chorizo iberico et d’huile d’olive, le grand cercle de pâte flaire bon, mais j’avoue être un peu décontenancée par la répartition très inégale des garnitures, qui s’amoncellent presque toutes sur le même quart. J’attaque tout de même. Je dois cisailler ferme pour parvenir à mes fins : la pâte fine, baignée d’huile, s’avère d’une élasticité récalcitrante au couteau !

 

Mais le résultat en vaut largement la peine. Si ma pizza est, techniquement parlant, une « pepperoni fromage », elle est pourtant à 1000 lieues de ce que vous proposerait la pizzeria du coin. Les ingrédients de haute qualité employés chez ici font une différence impossible à décrire.

 

Ça chante en bouche. L’Europe latine à son meilleur. Un coup d’oeil aux convives des tables avoisinantes — le restaurant affiche complet — me confirme que Nina a fait de nombreuses conquêtes.

 

La serveuse m’a bien conseillée : mon verre de La Ferma 2011 Pelissero Pasquale, un italien bien corsé, soutient parfaitement le piquant de ma Barcelona. À ce propos, notons que la carte des alcools compte quatre blancs et six rouges (huit sur dix sont disponibles au verre), quelques bières, des cocktails et des eaux-de-vie, dont l’incontournable grappa.

 

Un goût d’enfance

 

Le four à pizza est utilisé à bon escient du début à la fin du repas. Si la pizza au Nutella est bien tentante, le jeune client opte sagement pour les Dita di Nina ou, si vous préférez, quatre longs « doigts » de pâte à pizza zébrés d’un coulis de Nutella chaud et saupoudrés de sucre fin. La garniture noisettée convient à merveille à la délicate pâte, battant à plate couture toutes les chocolatines de ce monde. La serveuse apporte complaisamment une boîte pour rapporter ce qui reste.

 

Désireuse d’essayer une autre proposition, je choisis la Torta di limone. Que dire de ce savoureux appareil au citron déposé sur une croûte parfaite et surmonté d’une meringue italienne avec ses pignons grillés ? Que l’équilibre des textures et des saveurs est idéal… et qu’il s’agit de l’un des moments forts de ce repas en compagnie de mon grand !

 

Les plus :la saveur intense et authentique des ingrédients employés et la rapidité du service.

 

Les moins :l’impression d’être pressés à quitter rapidement et des sièges un peu inconfortables.

 

Prix pour deux, incluant l’alcool, avant taxes et service : 81 $.

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