L’industrie du textile, un tissu d’innovations

L’industrie textile canadienne, en lambeaux depuis quelques décennies, renaît enfin de ses cendres. C’est privée de la très grande majorité de ses principaux protagonistes d’hier, ceux-ci ayant dû se résigner à la faillite, que l’approche dynamique et visionnaire de cette industrie en pleine mutation nous a été présentée les 18, 19 et 20 mars au Centre des sciences de Montréal.
Le salon HighTex 2014 réunissait un best of des leaders actuels de la nouvelle vague d’entrepreneurs venus exposer leurs dernières collections, qui misent dorénavant sur la recherche, le développement et l’innovation pour se démarquer et s’ouvrir à de nouveaux marchés. Les yeux tournés vers l’avenir, plus d’une trentaine de manufacturiers québécois et canadiens ont dévoilé leurs lignes de textiles techniques, géosynthétiques, de matériaux avancés, de tissus intelligents, de fibres laminées, de matières à valeur ajoutée et de nanotechnologies, de quoi nous en mettre plein la vue.
Parmi les produits lancés en 2014 et qui retiendront l’attention, le complet-veston pare-balle léger n’a pas seulement une allure professionnelle, il sert aussi de gilet de protection balistique. Une petite révolution se dessinerait-elle à l’horizon ?
Retour aux sources
La grande tendance de l’heure reste toutefois le retour en force des fibres naturelles, annonciateur de la mouvance vers la bioéconomie textile au Canada. On redécouvre ainsi la beauté et les qualités intrinsèques du lin, qu’on a recommencé à cultiver au Québec mais qui était omniprésent chez nous au temps de la Nouvelle-France. Le chanvre, dont la culture ne réclame ni fongicide, ni insecticide, ni herbicide, est une fibre aux avantages infinis, avec de bonnes performances mécaniques, une énorme résistance aux rayons UV et aux moisissures, une considérable respirabilité et une absorption d’eau supérieure.
On fonde également beaucoup d’espoir sur l’asclépiade, que l’on retrouve à l’état sauvage partout au Québec. Cette plante toxique, appelée aussi « soyer du Québec », est consommée par la chenille du papillon monarque, qui devient ainsi lui-même toxique, ce qui lui permet d’échapper à plusieurs prédateurs. Cette matière totalement écologique, encore plus douce que la soie, cache un potentiel sans fin avec ses caractéristiques uniques allant de l’isolation thermique et acoustique jusqu’à l’absorption de l’or noir lors des désastres pétroliers.
L’événement du week-end proposait également une multitude de conférences pour susciter la réflexion et un dialogue en profondeur entre les différents intervenants. Le groupe CTT (Centre de transfert technologique), organisateur de l’exposition, est d’abord un centre multiservice pour l’ensemble de l’industrie textile. Basé à Saint-Hyacinthe, le CTT, fondé il y a 25 ans, a un rayonnement nord-américain qui positionne désormais l’industrie textile québécoise en tête de peloton.
Ses dirigeants à la passion contagieuse l’ont transformé au cours des dernières années en une plateforme essentielle et un catalyseur d’énergie qui valorisent le travail en collectif et l’innovation sous toutes ses formes. Le CTT publie également la Revue du textile, le magazine bilingue incontournable s’adressant à tous les intervenants de cette industrie en plein renouveau.
Deux écoles aux destins croisés
Signe des temps, à l’heure des collaborations, des échanges, des partages et du codesign, les deux écoles pionnières en design textile au Québec présentent conjointement une grande exposition qu’il ne faut manquer sous aucun prétexte. Le Centre de design et impression textile (CDIT) et le Centre des textiles contemporains de Montréal (CTCM) présenteront, du 2 avril au 2 mai, l’exposition Correspondances en faisant défiler les créations résolument contemporaines de 10 designers de grand talent, afin de souligner l’étendue de leurs destins croisés.
Ces oeuvres tantôt ludiques et parfois critiques servent de fil conducteur pour démontrer les liens qui unissent le textile au monde du design d’intérieur, à celui de la mode et au milieu des nouvelles technologies. Ce projet rassembleur et innovant s’est articulé et défini petit à petit tout au long d’une démarche artistique et d’un thème audacieux élaborés et mis en scène par les quatre commissaires de l’exposition : Monique Beauregard, Suzanne Chabot, Danny Gauthier et Étienne Proulx.
La complémentarité des deux centres est ainsi sublimée par ce très bel exercice de style qui témoigne formidablement de l’engouement et de l’ébullition du design textile tous azimuts. Rappelons que le CDIT est spécialisé dans l’ennoblissement textile (teinture, apprêt, impression, enlevage, dévoré, etc.) et le CTCM, en construction textile (maille, tissage, jacquard, broderie, etc.).
L’exposition Correspondances est présentée dans le cadre de l’événement En avril. Fibre/Textile/Art 2014 au Centre de textiles contemporains de Montréal. designtextile.qc.ca
Cette chronique est publiée le dernier samedi de chaque mois.
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CARNET DE STYLE
Le FIFA à la mode
Le 32e Festival international du film sur l’art (FIFA), qui se terminera dimanche, a su une fois de plus nous séduire avec une programmation éblouissante et éclectique. Comme chaque année, nous avons eu droit à un monde de découvertes fascinantes. Voici quelques courts métrages susceptibles de plaire aux aficionados de la mode et du design et qui sont repris au cours du week-end.
Samedi, à 13 h 30, à l’auditorium Maxwell-Cummings du Musée des beaux-arts de Montréal, on pourra assister à la projection de La chemise polo, qui raconte la très belle histoire du légendaire polo Lacoste devenu un vêtement phare des vestiaires, tant féminins que masculins. Puis, dimanche, à 13 h 30, toujours au MBAM, on risque de se laisser séduire par L’élégance du dessin : René Gruau, un ami de Christian Dior et un illustrateur exceptionnel.
Yogis, à vos marques
Lolë, la griffe québécoise lifestyle qui fait craquer les modeuses d’ici et d’ailleurs, vient de lancer la troisième édition de sa tournée internationale Lolë White Tour, une série d’événements de yoga hyper branchés qui se tiendront dans les musées de cinq grandes villes : Barcelone, Montréal, New York, Toronto et Edmonton.
L’an dernier, la tournée avait réussi à mobiliser plus de 10 000 yogis à l’échelle planétaire. L’expérience rassembleuse et le concept unificateur visent à promouvoir un message de paix, tout en apportant le soutien continuel qu’offre Lolë aux communautés, depuis ses débuts. La noble mission.
Ce texte fait partie de notre section Opinion qui favorise une pluralité des voix et des idées. Il s’agit d’une chronique et, à ce titre, elle reflète les valeurs et la position de son auteur et pas nécessairement celles du Devoir.