Une belle soirée dans L’Atelier

Le décor du restaurant évoque un atelier de travail, avec engrenages surdimensionnés et ampoules électriques.
Photo: Renaud Philippe - Le Devoir Le décor du restaurant évoque un atelier de travail, avec engrenages surdimensionnés et ampoules électriques.

Quand on circule sur Grande Allée (notre Broadway à nous !), la beauté et le caractère pétillant de cette artère sautent aux yeux, particulièrement à la nuit tombée. En cette période carnavalesque, la plupart des commerces de restauration ont édifié leur propre minibar de glace à l’extérieur, ce qui confère un cachet d’« urbainordicité » que pourraient nous envier bien des capitales.

 

En ce frisquet lundi du début de février, nous sommes presque tentés de prendre un verre à l’étincelant comptoir givré qui flanque l’entrée de L’Atelier… mais nous entrons plutôt nous réchauffer à l’intérieur !

 

Accueillis avec empressement, mon accompagnateur et moi sommes dirigés vers l’une des mezzanines, jusqu’à ce qui s’avérera sans doute la meilleure table du resto : d’où nous sommes perchés, on peut observer l’aire centrale éclairée de centaines d’ampoules suspendues ainsi que la zone de travail des artistes ès cocktails. La soirée est prometteuse.


La mécanique des fluides

 

L’endroit s’affiche comme un haut lieu de la mixologie. Il va donc de soi que nous débuterons avec un cocktail du cru. J’opte pour le Bloody Cléopâtre, un petit nouveau à base de vodka Grey Goose, citron, vin blanc, huile de homard, Clamato, céleri et coriandre. Mes papilles sont ravies de cette réinterprétation audacieuse sur le thème de la tomate.

 

Mon ami, plutôt porté vers les petites douceurs, se laisse tenter par le Mary Poppins au cidre de glace du Domaine Pinnacle, pommes, muscade, sirop d’érable et mousseux avec, en prime, de petits bonbons pétillants. À l’image de l’égérie popularisée par Disney, le mélange présente un beau caractère, certes sucré mais sans excès.

 

Parcourant le menu, je constate qu’il y a assez peu de propositions, mais elles semblent très alléchantes. La perspective d’un bon potage chaud puis d’une trilogie de tartares séduit Dave, alors que je me décide pour une entrée de poisson suivie d’une salade tiède de boudin noir. Un Château Eugénie (Cahors 2011) accompagnera nos plats.


Un service attentif

 

L’ambiance générale sait plaire par sa simplicité, à laquelle concourt aussi un service attentif et sympathique. Le décor évoque l’atelier de travail, avec engrenages surdimensionnés et ampoules électriques, sans surcharger cependant.

 

Des bouteilles d’alcool sont disposées sur ce qui pourrait ressembler à une grande roue de fête foraine actionné par un mécanisme géant — en temps normal, elles feraient la ronde, mais lors de notre passage, le dispositif était défectueux. J’aurais bien aimé le voir en mouvement.

 

Le serveur nous apporte nos entrées. Mes accras de morue au paprika se présentent comme trois croquettes sphériques dorées à point, déposées sur une salsa de tomates fraîches et de gingembre, de petites pousses assurant une touche de verdure dans l’assiette rectangulaire. Un peu de mayo bien relevée complète le tout.

 

Ma fouchette entame le premier beignet de poisson, rencontrant une texture croustillante puis un centre goûteux à souhait (naturellement, il faut aimer la morue), en harmonie avec les saveurs de la salsa. Et en accord parfait avec les dernières gorgées de mon Bloody Cléopâtre !

 

La crème de tomates de mon invité le satisfait tout autant ; servi en tasse, le chaud liquide laisse ressortir avec habileté un petit côté granuleux (plutôt fine purée que crème, à l’instar d’un gaspacho), rehaussé par les notes de basilic et juste ce qu’il faut de poivre.

 

Le reste du repas sera à l’avenant. Le serveur dépose devant mon ami une belle assiette où s’alignent trois petits monticules : le premier est un tartare de boeuf « old school », le second un tartare de veau façon « vitello tonnato », donc en sauce au thon, et le troisième, un tartare de bison aux champignons sauvages et persillade. Une part de frites accompagne le tout. Le boeuf est légèrement piquant, le veau s’avère d’une tendreté et d’une délicatesse idéales, tandis que le bison procure de belles notes boisées en bouche.

 

Ayant pris soin de prélever mon écot de chacun, je puis vous assurer que L’Atelier maîtrise très bien l’art du tartare carné. Il me faudra revenir une autre fois pour voir si la chose se vérifie du côté des poissons, mais on peut, à bon droit, supposer que c’est le cas. Précisons que le vin choisi, peut-être un peu corsé pour le veau, accompagne en revanche très bien le boeuf et le bison. Et le boudin, comme j’ai tôt fait de le constater.

 

Le grand bol de salade mesclun en recèle deux beaux morceaux, avec des dés de pommes caramélisées au calvados, le tout arrosé d’un peu de vinaigrette au cidre. Je me régale. Les pommes ont conservé un peu de croquant, ce qui convient très bien à la texture fine du boudin. C’est bon, c’est frais, c’est parfaitement à mon goût.

 

L’Atelier se targue de proposer une belle variété de cocktails, tant classiques qu’originaux : je découvre avec surprise qu’on a poussé le concept jusqu’à l’étape de finition, avec des cocktails desserts pour conclure le repas. Il ne sera pas dit que je raterai l’occasion !

 

Les cocktails

 

Je délaisse donc le gâteau aux carottes ou l’incontournable crème brûlée pour choisir plutôt L’Atelier café, un cocktail composé de Maker’s Mark, crème de bananes, crème de cacao, café froid, sirop simple et cannelle, avec une touche de crème 35 % et de cristaux de sucre de canne.

 

Je me prépare mentalement à siroter quelque chose de crémeux… pour constater avec ravissement qu’il s’agit en fait d’un liquide bien fluide, où le café prédomine et où les notes annoncées de banane et de cacao sont présentes sans pour autant alourdir. Vous me suivez ? Une belle réussite que ce cocktail dessert, qui joint ma passion pour le café à mon intérêt pour les fins de repas en légèreté.

 

Le Martini chocolat alcoolisé, commandé par Dave, bien que plus près du dessert classique avec sa mousse onctueuse, propose lui aussi une conclusion « aérienne » à ce splendide repas. La touche de Bailey’s, aussi étonnant que cela puisse paraître, contribue à cet effet de légèreté en bouche. C’est donc repus mais sans lourdeur que nous quittons le resto près de trois heures plus tard, retrouvant le froid vif de février et les lumières de la Grande Allée…

 

Les plus les cocktails audacieux et les excellents tartares, soit les spécialités de la maison.

 

Les moins : un choix restreint de plats (et pas grand-chose pour les végétariens).

 

Prix pour deux, incluant alcool, taxes et service : 185 $.

 

L’Atelier Tartares Cocktails, 624, Grande Allée Est, Québec, 418 522-2225.

 

Collaboratrice

Ce texte fait partie de notre section Opinion qui favorise une pluralité des voix et des idées. Il s’agit d’une chronique et, à ce titre, elle reflète les valeurs et la position de son auteur et pas nécessairement celles du Devoir.

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