La collection Origine, ou le style québécois réinventé

La collection de salle de bains Origine comprend des pièces telles que la baignoire Taïga et le lavabo Eskr inspirés du passage des glaciers qui ont marqué le territoire québécois, laissant dans la roche rainures, rondeurs et courbes douces et allongées.
Photo: Vanico-Maronyx La collection de salle de bains Origine comprend des pièces telles que la baignoire Taïga et le lavabo Eskr inspirés du passage des glaciers qui ont marqué le territoire québécois, laissant dans la roche rainures, rondeurs et courbes douces et allongées.

Vanico-Maronyx vient peut-être de sonner le glas de la morosité qui sévit dans le milieu du design du meuble au Québec depuis trop longtemps : la compagnie propose un nouveau style québécois séduisant et audacieux qui risque de faire des vagues. Cette entreprise de Terrebonne spécialisée dans les salles de bains et toutes leurs composantes, de la baignoire au mobilier, exerce depuis plus de 25 ans un leadership indéniable sur l’ensemble de cette industrie en misant depuis ses débuts sur la recherche, le développement et l’innovation.

 

Après avoir pris le virage du design contemporain il y a plusieurs années, guidée par la vision du p.-d.g. Robert Gauvreau et le talent du vice-président, le designer Rémi Théberge, c’est toute la culture de l’entreprise qui s’est métamorphosée en poussant toujours « un peu plus haut, un peu plus loin », comme dans la chanson de Ferland, ses produits évolutifs. C’est à l’Interior Design Show (IDS), un salon devenu une vitrine incontournable du design à l’échelle nord-américaine et qui se tient jusqu’à dimanche à Toronto, qu’a été lancée leur nouvelle collection Origine.

 

Pour toute l’équipe, c’est mission accomplie. Le défi était pourtant de taille : il fallait trouver une nouvelle identité au design québécois en évitant de tomber dans les pièges et les influences des maîtres que sont toujours les Scandinaves, les Italiens et les Français. Cet engagement à faire découvrir et à faire vivre l’expérience du design québécois, non seulement au Canada mais également à l’international, n’a rien eu d’improvisé. L’exercice s’est échelonné sur plus de trois ans avec une démarche collective faite de recherche, de rigueur et d’inventivité, et pour leitmotiv la conviction profonde que le temps était venu de voir et de faire les choses autrement.

 

L’industrie du meuble, à l’instar de celle de la mode, a subi les affres de la mutation de la production vers l’Asie. Les fabricants qui ont pu résister au tsunami n’ont d’autre choix, actuellement, que de se mettre à penser différemment en se remettant en question, en acceptant de changer et en misant sur la force et le pouvoir du design, afin d’affirmer et de porter haut et fort le style québécois « nouvelle vague ».

 

En ce sens, la démarche de Vanico-Maronyx demeure exemplaire, inspirée et inspirante. Si les manufacturiers québécois ne peuvent plus espérer être compétitifs relativement aux coûts dérisoires de la production chinoise, leurs nouveaux défis consistent à se trouver un style afin de se démarquer de la concurrence américaine et européenne, de se positionner avec audace et de se déployer avec panache ailleurs dans le monde.

 

Il faut être fier de ce que nous sommes et ne plus avoir peur de glorifier notre québécitude. Toutes les analyses effectuées ces dernières années mettent en évidence le savoir-faire, l’expertise et la très haute qualité de la main-d’oeuvre locale. Il faut donc se tourner impérativement vers notre créativité pour redéfinir notre style.

 

Le fil conducteur de la recherche

 

L’engagement profond des dirigeants de Vanico-Maronyx s’est d’abord traduit par la formation d’un comité de consultants et de chercheurs externes d’horizons divers, tous dédiés à la cause du design. Après qu’ils eurent rencontré et questionné plusieurs intervenants du milieu sur leur perception du design québécois du meuble, plusieurs conclusions se sont imposées d’elles-mêmes.

 

Les chercheurs ont ensuite tenté de trouver, d’hier à aujourd’hui, des particularités qui pourraient représenter un fil conducteur ou des pistes à explorer, capables de raconter une histoire dans le but de commencer à tisser une toile caractéristique d’une certaine esthétique typiquement québécoise. Il s’en est suivi l’élaboration de signes distinctifs, de critères économiques, esthétiques, conceptuels et concernant les matériaux.

 

De grandes lignes de pensée ont vu le jour, autour desquelles se sont articulés des exigences, des constats et des recommandations, comme les pièces d’un casse-tête qui finissent judicieusement par s’imbriquer les unes aux autres. Rémi Théberge et son équipe de designers allaient devoir composer en acceptant de respecter les contraintes et les diktats maintenant bien définis, afin de relever ce défi hors du commun.

 

De l’abstrait au concret

 

Le désir de surpassement du designer d’expérience allait lui permettre de créer une collection exceptionnelle au goût de jamais-vu, en s’investissant dans cette exploration créative en territoire inconnu. Tout en respectant la grande ligne conductrice de l’écoconception, la collection Origine décline de façon avant-gardiste la mouvance néotraditionnelle, les surfaces organiques, les lignes asymétriques et les couleurs naturelles retrouvées dans la nature québécoise, en plus de lever le voile sur la splendeur de l’ardoise noire et du bois d’eau massif, deux secrets trop bien gardés et si symboliques de chez nous.

 

 

Cette chronique est publiée le dernier samedi de chaque mois.

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