Vos placements - Recul des obligations et des fonds communs obligataires
Je reprends ici les interventions d’étudiants de la classe Pro-Placement, très à propos, sur leurs investissements en obligations. Depuis six mois environ, les taux d’intérêt ont grimpé, entraînant une baisse de la valeur marchande des obligations et autres titres à revenus fixes négociables (telles les actions privilégiées). Les détenteurs de fonds communs obligataires ou comprenant une portion importante d’obligations ont aussi subi des pertes.
J’ai dans mon REER des obligations achetées il y a plusieurs années dont certaines échéances vont jusqu’en 2023. Évidemment, ces obligations se sont appréciées considérablement en raison de la baisse des taux d’intérêts des dernières années. Je me questionne à savoir si je devrais soit les vendre pour racheter des obligations à plus courtes échéances, soit les vendre pour racheter des actions très conservatrices qui ont un historique de versements réguliers et croissants de dividendes. Le hic est de finir avec un portefeuille à toute fin pratique uniquement composé d’actions ! Par contre, si je conserve mes obligations à long terme, mon rendement ne couvrira que l’inflation, sans possibilité de plus-value, mais cela réduit la volatilité globale du portefeuille. Disons qu’au niveau actuel des taux d’intérêt, j’aurais tendance à faire le transfert pour des actions très conservatrices dans une optique de très long terme.
G. T.
J’ai aussi des obligations à long terme (2025) dans mon portefeuille, qui me donne un rendement de 3,6 % par année. Je me suis posé la même question que vous en mars 2009, mais mon courtier m’avait vivement déconseillé de bouger. Je n’ai plus de courtier depuis… Cela dit, j’ai choisi encore cette année de ne pas faire le transfert, ces obligations représentant une réserve de liquidités à réinvestir éventuellement dans le marché des actions à la suite d’une forte correction du marché. Ce n’est certes pas le cas actuellement. Pour le moment, le rendement espéré me convient. Que leur valeur monte ou baisse selon les fluctuations des taux d’intérêt ne change rien si je les garde jusqu’à leur échéance.
DMG
Mon épouse et moi croyons qu’il est fort pertinent de revenir sur le sujet des REVENUS FIXES détenus dans nos portefeuilles respectifs. Je gère les portefeuilles de mon épouse et le mien. Je suis d’accord avec DMG que, si le rendement espéré convient à son détenteur de portefeuille, il ne faut rien modifier à court terme. Le tout doit respecter notre profil d’investisseur. La répartition d’actif globale doit demeurer intacte. Dans notre cas : +/- 60 % en revenus fixes et +/- 40 % en croissance (en actions) affectant pour chacun nos portefeuilles COMPTANT, REER et CELI. Nous sommes à la retraite depuis 11 ans. On retrouve dans nos REER l’ensemble de nos placements à revenus fixes et la différence pour se rendre à notre +/- 40 % en actions dans nos comptes COMPTANTS, et ce, depuis qu’on a remercié notre courtier en exercice d’alors… Faut comprendre qu’avec la période actuelle des bas taux d’intérêt, ce n’est pas le « Klondike », mais on garde le cap. Par contre, j’ai raccourci la durée de nos revenus fixes en détenant un plus grand nombre de titres à court terme par rapport à ceux détenus à long terme, aussi bien dans notre compte REER que COMPTANT. Les courtiers en exercice détiennent un logiciel qui facilite cette manipulation de titres. Et les courtiers à escompte ne semblent pas très bavards à cet égard… Le monde du placement en général demeure muet lorsqu’il s’agit d’aider un petit investisseur. Tu peux observer dans la figure de chaque supposé spécialiste consulté un gros signe de dollar. Donc, le petit investisseur se retrouve bien souvent seul pour gérer le tout. Faut comprendre que, si on veut maintenir un certain revenu de base, le choix est d’éliminer des intermédiaires du marché qui font parfois mieux (…et je suis très conservateur) que le détenteur des fonds lui-même. En parallèle, l’échelonnement de nos échéances demeure une priorité afin que les obligations détenues ne viennent pas à échéance au même moment…
De plus, je me suis positionné afin de conserver environ 20 % de l’ensemble de nos portefeuilles en liquidités et quasi-liquidités pour placement futur suite à une forte correction des marchés.
Comme le dit DMG : « Que leur valeur monte ou baisse (…les obligations) selon les fluctuations des taux d’intérêt ne change rien si je les garde jusqu’à leur échéance. »
Invité
La forte montée des taux d’intérêt survenue au sud de notre frontière depuis mai dernier suscite aujourd’hui bien des commentaires de la part de ceux qui détiennent des obligations négociables ou des fonds communs essentiellement constitués d’obligations dans leur portefeuille. Et pour cause. Plusieurs ont dû constater un recul de la valeur de leur placement en quelques mois, eux qui croyaient détenir des titres sûrs que l’on qualifierait normalement de pépères.
En effet, quoi de plus sûr que de détenir des obligations négociables émises par le gouvernement du Canada ? Ces obligations jouissent de la plus haute garantie au pays. Donc, pas de risque d’insolvabilité. Cela ne signifie pas pour autant que ces obligations vous immunisent contre une baisse possible de la valeur du portefeuille. Pourquoi ? Parce que ces obligations s’échangent continuellement sur le marché obligataire. Et leur valeur marchande variera en fonction du comportement des taux d’intérêt. Si les taux d’intérêt baissent, leur valeur marchande grimpera. Inversement, si les taux grimpent, leur valeur marchande reculera.
Or, aux États-Unis, le rendement des obligations de dix ans a bondi depuis mai dernier, passant de 1,7 % à 2,7 % actuellement, atteignant même à l’occasion des pointes frôlant la barre du 3 %. En soi, ces taux d’intérêt, bien qu’ils soient à la hausse, demeurent relativement faibles sur une base historique. Mais, comme ils partent d’un plancher excessivement bas, le bond que le rendement des obligations américaines de dix ans a fait en quelques mois est significatif, soit de 64 %. Aussi la valeur marchande des obligations de dix ans a-t-elle reculé sensiblement.
Les premiers à le constater ont été certainement les détenteurs de fonds communs comportant une part importante de leur portefeuille en obligations négociables. Ces petits investisseurs ont subi une baisse souvent de plusieurs milliers de dollars de leur placement, eux qui pensaient avoir investi dans des placements à toute épreuve.
Eh bien non. Même en ayant investi dans des obligations négociables de haute qualité, on peut essuyer une baisse parfois importante de la valeur de son placement. Baisse dont l’importance dépendra de l’amplitude de la hausse des taux et de la durée de vie des obligations détenues. Dans ce dernier cas, plus la durée de vie de l’obligation est longue, plus importante sera la baisse de sa valeur pour une hausse donnée des taux. Donc, dans le cas d’une tendance à la hausse persistante des taux d’intérêt, il vaut mieux éviter les obligations à très long terme, c’est-à-dire ayant une échéance de plus de dix ans.
Pour ma part, je crois que le plancher des taux d’intérêt a été atteint et que nous nous engageons désormais dans une nouvelle tendance à la hausse séculaire des taux d’intérêt. C’est donc dire que les taux d’intérêt, sans exploser, grimperont lentement mais sûrement (avec des hauts et des bas selon le cycle économique) au cours des prochaines décennies. Dans un tel contexte, à moins de gérer activement son portefeuille d’obligations, le petit investisseur doit essentiellement écourter l’échéance moyenne de son portefeuille d’obligations. Cela ne signifie pas qu’il doive se départir de toutes ses obligations à très long terme, mais il doit donner désormais préséance à l’achat d’obligations de plus courte échéance. Il peut également vendre probablement à profit (si le courtier n’est pas trop gourmand concernant la commission) certaines de ses obligations de plus de dix ans. L’objectif visé : faire passer l’échéance moyenne de son portefeuille à sept ans et moins.
Notre interlocuteur sous le pseudonyme d’« invité » nous donne un bel exemple de comment un petit investisseur doit fignoler son portefeuille d’obligations (lorsque celui-ci achète directement ses obligations). Le premier point mis en relief par notre interlocuteur : le rôle crucial que jouent les obligations et titres à revenus fixes de qualité dans la répartition de son portefeuille global de valeurs mobilières. Dans son cas, il a accordé un poids de 60 % de tout son portefeuille aux obligations de qualité. Le reste, soit 40 %, il l’a dévolu aux actions de grandes sociétés versant de bons dividendes. Et ses obligations viennent meubler en priorité ses REER. Les actions sont inscrites en priorité dans les comptes hors REER. Cette répartition entre les deux principales classes de valeurs mobilières est le premier pas à effectuer pour contrôler le risque intrinsèque de son portefeuille global. L’autre avenue pour ce faire est de s’en tenir aux actions de grandes sociétés dominant leur marché et montrant un solide historique de rentabilité et de versement de dividendes.
Grâce à leur caractère défensif, les obligations constituent une excellente réserve de liquidités qui permettra au petit investisseur de profiter de toute correction majeure des indices boursiers. Dans une telle éventualité, il pourra se départir d’obligations pour acheter des actions dépréciées de solides entreprises. Il le fera de manière à maintenir le poids désiré (de 40 % dans le cas présent) des actions dans le portefeuille global (le portefeuille global comprend le REER et tous les comptes hors REER, dont le CELI).
Pour terminer, le petit investisseur verra essentiellement à acquérir des obligations négociables pour les conserver jusqu’à échéance. Il récupérera alors la totalité de son capital investi dans la mesure où l’émetteur est solvable.
Dans le cas des détenteurs d’unités des fonds communs obligataires, ceux-ci doivent s’en remettre à l’habileté de leur gestionnaire pour préserver la valeur de leur placement. Ils peuvent aussi se prémunir contre une tendance à la hausse des taux en favorisant l’achat de fonds monétaires au détriment des fonds obligataires.