Teigne du poireau, altise du chou et maladies de la tomate

Insectes, maladies et potager vont de pair, mais lorsque l’on utilise de bonnes pratiques culturales et que l’on fait de la prévention, le sort n’est pas joué. Voici de l’information pratique sur les maladies de la tomate et à propos de deux insectes, la teigne du poireau et l’altise du chou.
La teigne du poireau
Synonyme de teigne : méchant, peste et teigneux. Quand ce petit papillon très nuisible au stade chenille s’en prend à l’ail, aux poireaux ou aux oignons, tous ces jolis qualificatifs nous viennent à l’esprit. Signalé pour la première fois au Canada en 1993, l’Acrolepiopsis assectella, ou teigne du poireau, est un papillon nocturne originaire de l’Europe. Ces ailes sont brunes tachetées de blanc et son envergure est de 12 à 15 mm. Son hôte préféré est le poireau, mais il affectionne toutes les plantes de la famille des liliacées : ails, oignons, échalotes, ciboulette. C’est la chenille que l’on maudit, car elle cause des dommages importants. Celle-ci est blanchâtre et mesure 13 mm à maturité. D’abord, elle se nourrit de tissus foliaires, sur lesquels elle laisse des traces blanchâtres après son passage. Puis, elle creuse des galeries pour se rendre jusqu’aux bulbes. Au Québec, ce papillon a deux ou trois générations au cours de l’année. La première ponte a eu lieu en juin ; actuellement, nous en sommes à la deuxième, et la troisième se déroulera vers la mi-août. Pour contrôler ce ravageur, on peut détruire manuellement les chenilles et les pupes. La pupe brun rougeâtre est enveloppée dans un cocon blanc à mailles lâches. On peut aussi vaporiser les plants avec du Bacillus thuringensis var. kurstaki ou un insecticide à base de pyréthrine. Il demeure que le plus simple est de couvrir les plants avec un agrotextile ou un voile, tel qu’un plein jour. Les plants sont ainsi à l’abri de la teigne sans manquer d’eau ni de soleil. Pour les plants qui ne sont pas sous une tente, il est temps de faire de nouveau un traitement.
Maladies de la tomate
Notre chère tomate, qui peut être attaquée par les ravageurs, est malheureusement une des plantes potagères les plus sensibles aux maladies. Afin de s’éviter des déceptions et une lutte parfois ardue, mieux vaut prévenir. D’abord, on doit la cultiver dans un endroit ensoleillé où la circulation d’air autour des plants est excellente. Au jardin, on doit maintenir le sol aéré et bien drainé et pratiquer la rotation des cultures. Pour qu’elle soit vigoureuse et en santé, on donne à la tomate beaucoup de compost et on la fertilise surtout avec de l’azote en début de saison, puis avec de la potasse et des oligo-éléments. Les algues marines, qui d’ailleurs apportent beaucoup de potasse et d’oligo-éléments, augmentent également sa résistance aux maladies. Préférablement, on évite les tuteurs de bambous ou de bois, qu’on ne peut pas stériliser lorsqu’on les réutilise. Et, si les problèmes de maladie sont récurrents, on opte pour des cultivars résistants. Quelques coquets noms de maladies causant des taches foliaires sur les tomates : alternariose, septoriose et verticilliose. Dans les trois cas, elles apparaissent d’abord sur les feuilles du bas, puis elles poursuivent leur ascension. Ensuite, il y a le mildiou, qui est une maladie fongique dévastatrice que l’on peut prévenir, mais que l’on ne peut pas guérir. Les premiers symptômes sont des taches brunes auréolées de vert pâle en bordure des feuilles, puis parfois se développe un duvet blanc sous le feuillage. Par temps chaud et humide, le plant se dessèche, meurt rapidement et doit être détruit. Quant à l’anthracnose, favorisée par une humidité excessive, elle forme de légères dépressions noires et rondes sur les fruits. Alors, comment diminuer les risques de maladie ? En utilisant les différentes mesures expliquées précédemment, mais aussi en commençant tôt des traitements préventifs. Pourquoi commencer tôt ? Parce que les traitements n’éradiquent pas la maladie, mais la contrôlent simplement.
Yves Gagnon (La culture écologique des plantes légumières, édition Collaidales, 2012,322p) recommande de vaporiser les plants de tomates une fois par semaine à partir de la mi-juillet avec l’une ou l’autre des recettes maison suivantes. Soit une vaporisation d’une partie de lait faible en gras avec neuf parties d’eau, soit du bicarbonate de sodium à raison de 5 ml par litre d’eau. Sont aussi recommandés les décoctions de prèle et le thé de compost. Dans les jardineries, on trouve des produits à base de soufre ou de cuivre qui sont également très efficaces. Par contre, on doit utiliser avec parcimonie les produits à base de cuivre, car ce dernier s’accumule dans le sol et devient toxique. Les plants de tomates sont également sensibles à plusieurs maladies bactériennes. D’ailleurs, les conditions climatiques du début du mois de juillet ont été favorables au développement de la moucheture bactérienne. Comme son nom l’indique, elle cause de petites taches partout sur le plant et les fruits. Les seuls produits qui les contrôlent sont à base de cuivre. Finalement, il est recommandé d’éliminer au fur et à mesure toutes les parties grandement infestées afin de diminuer les foyers de contamination. Et surtout, on ne les met pas au compost, car les composts maison ne deviennent pas assez chauds pour détruire la maladie. Cette année, si les pluies fréquentes et l’humidité qu’elles engendrent se poursuivent, les maladies des tomates auront beau jeu et on devra les avoir à l’oeil.
Altise des brassicacées
Arrivée d’Europe vers 1920, l’altise du chou ou des brassicacées, auparavant les crucifères, est un coléoptère noir luisant qui ne fait pas plus de 2 à 5 mm. Excellent sauteur, on le surnomme puce de terre. On reconnaît sa présence sur les plantes par les feuilles criblées de petits trous ronds. Même que, lorsque l’infestation est importante, les feuilles se transforment en délicate… dentelle. Sans distinction, l’altise aime toutes les brassicacées : brocoli, chou, cresson, radis, roquette, etc. Comment diminuer leur présence ?
Le travail du sol - binage, sarclage - et une bonne irrigation diminuent leur présence, car ainsi le terrain devient moins propice à la ponte. On peut également utiliser des répulsifs minéraux ou végétaux, comme la cendre, la terre diatomée, les pulvérisations d’ail, d’oignons ou de piments forts. Les oiseaux sont d’excellents prédateurs, mais encore plus redoutable est le crapaud. Invitez-le à s’installer chez vous en lui installant un petit tas de roches. Pour le contrôle, on recommande le pyrèthre, mais afin que le traitement soit efficace, il faut bien vaporiser le dessus et le dessous des feuilles. Finalement, pour être certain de tenir loin de leur butin ces indésirables, il n’y a rien comme couvrir les plants d’un voile. Cette année, jusqu’à maintenant, les populations d’altise sont passablement basses, car elles prolifèrent par temps sec. Comme quoi il n’y a pas que de mauvais côtés à la pluie.
Pour la bibliothèque
Le carnet potager
Astuces & petits secrets à cultiver !
Texte : Catherine Delvaux ;
Conception graphique :
Florence Le Maux
Édition Larousse, 2012,
64 pages
Les livres horticoles de facture plutôt classique sont mes préférés ; donc, au premier coup d’œil, un livre animé du potager pour tous ne m’allumait pas trop. Pour enfants, d’accord, mais pour tous… Mais Le carnet du potager capte l’attention ! On se fait prendre au jeu et on y prend plaisir. On y découvre plein de trucs et d’informations intéressantes, tout un savoir-faire potager caché dans des enveloppes, sous des rabats, dans des petits livres… Vingt-huit thèmes sont abordés : «Un balcon gourmand», «Légumes du Moyen Âge», « Les racines de l’hiver», «Tout sur la tomate», «Les salades, quelle histoire», etc. La conception graphique originale et surprenante se déploie en 62 animations et 665 illustrations. Un ouvrage créatif et éducatif réussi.