Littérature québécoise - Les titres qui font de l'oeil

Danielle Laurin Collaboration spéciale
En octobre paraîtra Burqa de chair (Seuil), qui rassemblera des textes, pour la plupart inédits, de Nelly Arcan.
Photo: Jacques Grenier - Le Devoir En octobre paraîtra Burqa de chair (Seuil), qui rassemblera des textes, pour la plupart inédits, de Nelly Arcan.

Les nouveaux romans de Catherine Mavrikakis, d'Élise Turcotte et de Jacques Poulin, le premier livre de Claudia Larochelle, l'ouvrage posthume de Nelly Arcan, l'hommage de Gilles Archambault à sa femme disparue... Tellement de titres me font de l'œil en cette rentrée québécoise.

En librairie... ou presque

J'ai déjà le nez dans le dernier-né de Victor-Lévy Beaulieu, Antiterre (Éd. Trois-Pistoles): «je vois de la lumière noire mais l'opacité est telle entre le monde et moi que je crie pour rien je vois de la lumière noire — pas de flamme, pas d'embrasement, nulle chaleur — le frette! — le frette de cette lumière noire qui m'enveloppe — inexorable c'est, mon corps écartelé au centre d'une pelote de fils noirs qui ne cesse pas d'enfler! — ma peur, ma peur, ma grande peur! —». Ouf! Et ce n'est que le début...

Élise Turcotte, Catherine Mavrikakis. Toutes deux me tirent par la manche. Toutes deux continuent d'être hantées par la mort. L'auteure du Bruit des choses vivantes propose Guyana (Leméac), l'histoire d'une femme et de son fils bouleversés par la mort suspecte de leur coiffeuse. L'auteure du Ciel de Bay City publie Les derniers jours de Smokey Nelson (Héliotrope), qui nous conduit sur les traces d'un assassin condamné à mort et sur le point d'être exécuté, aux États-Unis.

Je l'aime d'amour, Jack Waterman, le double écrivain de Jacques Poulin. Et j'ai un faible pour le petit frère Francis, écrivain fantôme au coeur tendre. Ils reviennent dans L'homme de la Saskatchewan (Leméac).

Deuxième livre de Kim Thuy cet automne. Surprise: l'auteure de Ru n'est pas seule. C'est avec un écrivain qui vit à Ramallah, Pascal Janovjak, que la Québécoise d'origine vietnamienne a con-cocté À toi (Libre Expression), un récit intimiste où les deux protagonistes échangent sur leurs vies respectives.

De son côté, la chanteuse Mara Tremblay a concocté un premier roman inspiré du deuil de sa mère et de sa propre dépression, Mon amoureux est une maison d'automne (Les 400 coups).

Deux journalistes font le saut en fiction. Daniel Lessard, avec Maggie (Éd. Pierre Tisseyre), un roman qui se passe au début du XXe siècle, en Beauce. Et Claudia Larochelle, avec Les bonnes filles plantent des fleurs au printemps (Leméac), un recueil de nouvelles sur le thème de la féminité.

Des nouveaux auteurs


Un lot de nouveaux auteurs débarquent cet automne avec une première oeuvre d'imagination. C'est excitant, mais ça peut être décevant. On verra bien.

Parmi eux, il y a Monia Mazigh. Après son récit autobiographique Les larmes emprisonnées, la femme de Maher Arar s'amène avec Miroirs et images (L'Interligne), centré sur les conditions de vie des femmes musulmanes au Canada.

Le Montréalais d'origine togolaise Edem Awumey, finaliste du prix Goncourt en 2009 pour son premier roman, publie Rose déluge (Boréal). Où l'on voyage en Afrique mais aussi en Amérique.

Un gros roman qui m'intrigue: Pour sûr (Boréal), de France D'aigle. L'auteure acadienne, plusieurs fois honorée, nous emmène dans son coin de pays, avec les couleurs de la langue chiac.

Deux curiosités qui me titillent. D'abord: Bureau universel des copyrights (La peuplade), de Bertrand Laverdure, avec en son centre «un personnage qui se démembre, qui se démantibule à mesure qu'il tombe dans le trou du vivant». Puis: La concession (Triptyque), de Marc Ory, qui entrelace deux récits, l'un se passant en 2033 alors que la France est occupée par les Chinois, et l'autre en 1926, tandis que Shanghai est occupée par les Français.

Fortier, Dompierre, Girard, Durante

Après Du bon usage des étoiles et Les larmes de saint Laurent, la très imaginative et très douée Dominique Fortier nous offre La porte du ciel: «Suivez-moi maintenant, car nul ne saurait mieux vous guider en cette terre de fous, en ce pays de marécages, moitié boue et moitié eau, mangé par le soleil, ne craignez rien. Simplement, ayez soin de mettre vos pas dans les miens, et prenez garde aux serpents.»

Avec Stigmates et BBQ (Québec-Amérique), Stéphane Dompierre se paie une folle virée en Italie dans la peau d'une Québécoise... mal dans sa peau.

Les écureuils sont des sans-abris: non, ce n'est pas un pavé à la Katherine Pancol, c'est un roman «road trip» signé Simon Girard, auteur d'un audacieux et dérangeant premier roman intitulé Dawson Kid, qui mettait en scène une boxeuse suicidaire.

En novembre, le Montréalais d'origine argentine Daniel Castillo Durante publie son cinquième roman, Le silence obscène des miroirs (Lévesque Éditeur)... qui a pour toile de fond l'Argentine et le Québec.

Des valeurs sûres

L'éditeur, essayiste et ex-chroniqueur littéraire au Devoir Jacques Allard publie un roman à saveur historique, qui nous transporte à La Tuque en 1939: Rose de La Tuque (Hurtubise).

Pan Bouyoucas, lauréat du Prix littéraire des collégiens en 2005 pour Anna Pourquoi, nous emmène en Grèce dans Cocorico (XYZ), où l'on retrouve un auteur de polar à succès obsédé par l'idée d'écrire un chef-d'oeuvre.

Gilles Archambault publie un récit autobiographie, une sorte de chronique intime avec en avant-plan sa compagne aujourd'hui disparue: Qui de nous deux? (Boréal). Ça promet d'être touchant. Et pudique.

En octobre, paraît aussi Burqa de chair (Seuil), où sont rassemblés des textes de Nelly Arcan, pour la plupart inédits. Dans l'un d'eux, l'auteure de Putain «décortique avec une inépuisable férocité son expérience humiliante sur un plateau de télévision». C'est la romancière et essayiste Nancy Huston qui a rédigé la préface de cet ouvrage posthume.

Patrick Senecal et Michel Tremblay

Patrick Senecal amorce une série de romans fantastiques très, très noirs, dont l'action se passe dans un cégep: Le Cas des casiers carnassiers (Alire).

Une ado meurtrie vient chambouler la vie d'une femme sans histoire dans Aime-moi (VLB): Véronique Marcotte se tenait au bord de la folie dans Tout m'accuse, il semble qu'elle remette ça encore une fois.

Enfin, Rhéauna et Gabriel se marient, toute la famille est là, dans le cinquième et dernier tome de la Diaspora des Desrosiers. C'est La grande mêlée (Leméac). De Michel Tremblay, bien sûr.

Combien de jours avant Noël? La liste des lectures que je veux faire d'ici là est utopique, j'en ai bien peur.

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Ce texte fait partie de notre section Opinion qui favorise une pluralité des voix et des idées. Il s’agit d’une chronique et, à ce titre, elle reflète les valeurs et la position de son auteur et pas nécessairement celles du Devoir.

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