Et puis euh - Du monde occupé
Cela n'a l'air de rien comme ça parce que nous sommes tellement occupés à faire tant de choses extrêmement importantes, mais le temps galope, et Wayne Gretzky aura 50 ans demain. Cinquante. Improbable mais tout à fait véridique. Nous ne retournerons jamais aux années 1980, même si les coiffures étaient superbes, les vêtements d'excellent goût et même si les Nordiques reviennent et que l'on a de nouveau droit à une rivalité donnant lieu à de bonnes bagarres générales. Au fait, c'était quand la dernière bagarre générale, avec les bancs qui se vident et tout? Voilà un art qui se perd, messieurs dames. Sans doute un excès de civilisation.
Occupés? À écrire, entre autres activités de l'intellect. On n'a jamais autant écrit, même si les contributions à la grande cause des communications mondiales se font de plus en plus courtes. Tout le monde écrit, à commencer par les sportifs professionnels. Et cela peut donner des résultats explosifs.Au troisième quart dimanche après-midi, le quart-arrière des Bears de Chicago Jay Cutler quitte le match en raison d'une blessure à un genou. Il ne semble pas trop boiter et ne regagne pas le vestiaire, mais demeure sur les lignes de côté. Du coup, les réseaux sociaux se font aller le clavier. Et ce sont d'autres joueurs de la NFL, présents et anciens, qui alimentent le feu (avec une syntaxe douteuse, mais il en va ainsi lorsqu'il est urgent que le monde sache ce que l'on pense).
Deion Sanders: «Je vous le dis, en éliminatoires vous devez me sortir du terrain. Tous ces médicaments dans les vestiaires professionnels et ce gars quitte le match! Je m'excuse auprès des partisans des Bears. Mes amis, je ne remets jamais en question une blessure, mais je mets en doute le coeur à l'ouvrage d'un joueur.»
Derrick Brooks: «Hé, il n'y a pas de remède pour un gars qui n'a pas de courage ni de coeur.»
Darnell Dockett: «Si je joue pour Chicago, Jay Cutler doit attendre que mes coéquipiers et moi prenions notre douche, nous rhabillions et partions avant qu'il puisse entrer dans le vestiaire.»
Raheem Brock: «Cutler, tu n'es qu'une moumoune.»
Maurice Jones-Drew: «Tout ce que je dis, c'est qu'il peut finir le match avec un genou blessé. J'ai joué la saison complète avec un genou blessé.»
Mark Schlereth: «En tant que gars qui a subi 20 opérations aux genoux, vous devriez me sortir sur une civière pour que je quitte un match de championnat.»
Asante Samuel: «S'il était mon coéquipier, je le regarderais de travers.»
Et ainsi de suite.
Cutler n'a pas de réputation particulière d'endurance et il fait souvent l'objet de critiques quant à son ardeur à la tâche, mais l'entraîneur Lovie Smith a déclaré que la décision de le retirer de la rencontre avait été celle des médecins. Il a été révélé que le quart a subi une entorse à un ligament du genou gauche.
Et le secondeur Brian Urlacher, un dur à cuire lui-même, s'est porté à sa défense d'une jolie façon: «Je me fous des joueurs de cette ligue qui regardent le match à la maison. C'est facile de dénigrer [talk sh...] quelqu'un quand vous êtes assis sur votre sofa. C'est tout ce que je dis. Je ne comprends pas. Qu'ils se blessent comme il s'est blessé, et qu'ils reviennent au jeu. Voyons voir ce qu'ils feraient. Je ne suis pas d'accord. C'est facile d'écrire ces choses sur Internet. J'adore les personnes jalouses qui regardent notre match à la télé alors que leur saison est terminée.»
À ce qu'on raconte, Cutler avait les larmes aux yeux à l'issue du match lorsqu'on l'a informé des remarques ci-dessus. Invité à commenter ces commentaires, il a répondu: «Pas de commentaire.»
Enfin, l'affaire est à ce point grave qu'elle porte déjà un surnom aux États: le «kneegate».
Occupé, Evgeni Nabokov l'était également lorsque Garth Snow, le directeur général des Islanders de New York, lui a téléphoné samedi. Le gardien veut faire un retour dans la Ligue nationale, mais avec une équipe possédant de bonnes chances de gagner la coupe Stanley. Or les Islanders l'ont réclamé au ballottage, et si vous suivez un peu le hockey, vous savez que les Islanders ont besoin d'un télescope pour ne serait-ce qu'entrapercevoir la huitième place de l'Association de l'Est, la dernière donnant accès aux séries éliminatoires pour l'obtention dudit prestigieux trophée.
Donc, Snow communique avec Nabokov, décline son identité, et l'appelé lui raccroche au nez. Vous savez que votre club est poche quand ce genre de truc vous arrive. Remarquez, peut-être aurait-il dû lui envoyer un texto à la place. Le téléphone, à moins qu'il ne fût intelligent, est un peu dépassé.
Plus tard, Nabokov a plaidé qu'il parlait dans «deux ou trois» téléphones en même temps et qu'il ne savait pas qu'il s'agissait de Snow (ou peut-être ne savait-il pas qui était Snow). Ils se sont finalement entretenus dimanche, et le gardien a fait savoir qu'il ne voulait pas aller à Long Island.
Et vous savez que vous êtes occupé quand vous oubliez certaines choses. Prenez Jermaine Pennant, un joueur de soccer professionnel prêté l'an dernier par le club espagnol Real Zaragoza à Stoke City (Angleterre). Pennant, selon des sources, affectionne les voitures luxueuses.
Il y a donc une Porsche garée dans le stationnement de la gare de Saragosse. Pendant six mois. À un moment donné, les autorités se disent qu'il faudrait bien faire quelque chose et retrouvent son propriétaire, en l'occurrence Pennant.
Il avait oublié qu'il avait laissé une Porsche. Un jour, cela vous arrivera peut-être aussi. C'est la grâce que je vous souhaite.