Et puis euh - Propos et confidences

La dernière fois, nous avons eu l'occasion de méditer en profondeur et sainement sur certaines déclarations issues du toujours loquace monde du sport, et pendant que j'étais assis là à béer d'admiration non dissimulée devant l'énergie requise pour procéder à l'ascension d'un col de quelque catégorie que ce fût dans le Tour de France sur Évasion sans faire une syncope en cours de route, je me suis interpellé à peu près en ces termes: hé, l'ancêtre, pourquoi t'arrêter en si bon chemin, pourquoi ne pas évoquer d'autres propos du terroir à de strictes fins de divertissement bon enfant?

Ça tombe bien, Nicolas Roche en avait une dose massive sur le coeur. Roche est le meneur de l'écurie AG2R La Mondiale au Tour et, lors de l'étape de lundi, il a malencontreusement effectué une crevaison de pneu de bicycle. L'Irlandais, alors 14e au classement cumulatif, a demandé à son coéquipier John Gadret, qui est Français comme son prénom l'indique, de lui refiler une de ses roues. Gadret, situé un peu plus bas dans la course au podium, a refusé et a poursuivi sa trajectoire. Roche a donc dû attendre l'arrivée d'une voiture automobile de secours et a perdu du temps précieux qui l'a fait descendre de quelques places au classement.

Sur son site présent dedans les internets, Roche a par la suite fait connaître au grand public sa façon de penser. «Si on retrouve John Gadret mort dans son lit de chambre d'hôtel demain matin, je serai probablement le principal suspect, a-t-il écrit. J'ai eu de la difficulté à me retenir de ne pas lui faire passer la tête à travers la fenêtre dans l'autobus de l'équipe.»

Bon, ici, j'ai repris le libellé de la dépêche d'Associated Press, mais on aura compris, n'est-ce pas, qu'il est question de se retenir de lui faire passer la tête par la fenêtre, non de se retenir de ne pas. En tout état de cause, Roche a ajouté qu'il n'irait pas écluser une petite froide avec Gadret, ce dont on commençait à se douter un peu.

Ailleurs dans l'actualité, le gérant des Cubs de Chicago, le vénérable Lou Piniella, a annoncé cette semaine qu'il prendra sa retraite à la fin de l'actuelle saison. Avant d'accéder au poste de sélectionneur, Sweet Lou avait connu une assez belle carrière, arrivant pour de bon dans les ligues majeures avec les Royals de Kansas City en 1969 et passant plus tard aux Yankees de New York. (Vous savez que vous êtes vieux quand un entraîneur part à la retraite et que vous vous souvenez de ses débuts comme joueur.)

Piniella, donc, a acquis une réputation de gérant intense, au tempérament bouillant, mais qui savait aussi faire dans le bon mot pour le plus grand plaisir des reporters d'enquête sur le terrain en mal de copie. L'un de ses plus célèbres, variation d'une citation déjà connue: «Les statistiques sont comme les bikinis. Elles en montrent beaucoup, mais elles cachent l'essentiel.»

On retrouve d'autre part, dans la série «chercher la bibitte, la trouver, et constater finalement qu'il n'y avait pas de bibitte», une réaction aux propos de Chris Fowler. Fowler était le présentateur des matchs de la Coupe du monde de soccer à ESPN.

Dans son commentaire final, il a dit: «En ce qui a trait à notre expérience africaine, nous repartons tous changés et émus par notre séjour ici en Afrique du Sud. Est-ce que la Coupe du monde va régler tous les problèmes de ce pays? Certainement pas. Mais si vous écoutez les gens d'ici, vous constaterez que l'événement a fait beaucoup pour la création d'une unité et d'une harmonie que cette nation au passé trouble n'a jamais connues. Nous vous invitons à faire la même expérience un jour. Vous ne repartirez pas de ce pays sans être émus, inspirés et changés si vous ouvrez votre coeur parce qu'après tout, en tant qu'êtres humains, si on retourne à nos lointaines racines, nous sommes tous Africains.»

Jusque-là, ça va. Mais on a pu rigoler un bon coup en prenant connaissance de la réaction de Larry Brown, l'un des commentateurs sportifs les plus suivis sur la Toile aux États-Unis. Brown a écrit: «Fowler met en colère les créationnistes», ces bonnes gens qui croient de manière assez soutenue que l'univers a été créé spontanément il y a environ 6000 ans, que les humains ont coexisté avec les dinosaures et que nous ne descendons nullement du singe alors que le singe, lui, descend bel et bien de l'arbre. Cette africanité générale ne serait en somme qu'un leurre.

Toutefois, aux dernières nouvelles, ESPN n'aurait reçu aucune plainte de la part de créationnistes courroucés.

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Parlons musique, cela n'arrive pas souvent.

On a appris mardi que les clubs de la Premier League anglaise d'Arsenal, de Tottenham et de West Ham interdiront pendant la prochaine saison l'utilisation de vuvuzelas dans leur stade respectif.

Pour la direction de Tottenham, les trompettes sud-africaines omniprésentes à la Coupe du monde risqueraient de gâcher l'ambiance pendant les joutes, tout en compromettant la sécurité du public. «Nous considérons la possession de ces instruments comme dangereuse. Ils sont susceptibles de provoquer des risques inutiles à la sécurité des supporters», a-t-on fait savoir.

Selon des sources disséminées aux quatre coins du globe, les clubs de Chypre et des Émirats arabes unis ont également prohibé les vuvuzelas.

On rappellera pour mémoire que le tournoi de Wimbledon avait aussi formellement frappé d'interdiction l'instrument, une décision d'autant plus étonnante qu'au tennis, on vous expulse lorsque vous bâillez à un moment inopportun.

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