Une mosaïque de «multipoqués»
Dès le départ, ses textes dénoncent les injustices à la petite semaine et les horreurs ordinaires que l'on fait subir aux enfants. Son Bouches décousues a été joué des centaines de fois, ici autant qu'à l'étranger, et la pièce donna rapidement son nom à la petite compagnie qu'elle fonda ensuite, il y a de cela plus de 25 ans...
Mais ce n'est pas tout, loin de là. Elle est comédienne aussi — autant chez les petits que chez les grands —, metteure en scène et directrice de compagnie en plus d'être mère de «famille nombreuse» à plein temps. Elle voit large, Jasmine Dubé, elle a le sens de l'immensité: comme la Gaspésie d'où elle vient. Ces jours-ci, le deuxième volet de ses Jardins d'enfants, le triptyque qu'elle a écrit pour fêter à sa façon le quart de siècle, prend l'affiche à la Maison Théâtre: Mauvaises herbes explore le terrain vague qui sépare le jardin d'enfants de l'orphelinat.
«J'ai voulu faire le point, explique-t-elle au téléphone. Faire le tour du jardin difficile défriché par les enfants que je côtoie depuis mes débuts: tous les enfants, les plus petits comme les plus grands. Même si Mauvaises herbes est le spectacle qui s'adresse aux plus "vieux" des trois publics que je vise avec ce triptyque — Marguerite est destiné aux bébés de 18 mois et Ginko et la jardinière, à venir encore en mai, aux petits de quatre ans —, c'est celui que j'ai écrit en premier. Parce que je sais comment m'adresser aux enfants de sept ou huit ans, je l'ai déjà fait; je savais aussi que je pouvais le faire de façon ludique, pas trop "heavy"... Alors que je n'avais encore jamais "écrit" pour les bébés...»
Elle a écrit les trois pièces lors d'une résidence à Québec, en 2007; c'est le défi du «théâtre pour bébés» qui la tirait alors vers le haut. Mais bientôt, le projet se met à se ramifier et à prendre de l'ampleur. Ceux qui connaissent Jasmine Dubé savent l'importance qu'elle accorde au texte. Sans mots, sans texte, il lui semblait impossible d'aborder avec les bébés les thèmes de l'abandon, de l'adoption et de la résilience qu'elle voulait traiter...
Pourtant, c'est ce volet «bébé» qui vit le jour en premier au printemps 2009 à Petits bonheurs, on vous en a parlé rapidement dans nos pages à la création. Ce Marguerite est programmé à Méli'môme, en mars, et nous aurons l'occasion de le revoir ensemble de là-bas.
Dans le Mauvaises herbes qui prend l'affiche et sur lequel on reviendra plus tard en semaine, elle nous fait rencontrer une sorte de mosaïque d'êtres rejetés, souffrants, «multipoqués»... «Des personnages douloureux, oui, parce que c'est toujours une réalité malheureusement trop quotidienne. Mais ce sont aussi des personnages pour lesquels l'espoir est encore possible», conclut-elle.
Du Jasmine Dubé tout craché!
Emma et Le Portier
Tournée de petites salles, la semaine dernière: Fred-Barry, Espace libre, Prospero intime. Trois petites compagnies, trois démarches un peu folles, chacune à sa manière. Trois «visions», trois différentes façons de montrer l'urgence, le côté «service essentiel» du théâtre comme disait Martin Faucher... ce qui est le rôle le plus fondamental des jeunes compagnies, non! puisque l'on trouve partout plein d'autres propositions de divertissement beaucoup moins compliquées à bien meilleur prix...
Des trois, la tentative la plus audacieuse, mais en même temps la moins réussie, c'est triste, est probablement celle du Théâtre de la Pire espèce: Gestes impies... J'ai retrouvé là la même lourdeur, le même décousu et le même agacement que dans la version proposée le printemps dernier au FTA. C'est ce qui peut aussi arriver quand on investit dans la création, mais la Pire espèce saura bien rebondir, personne n'en doute. Ce qu'il faut retenir, c'est plutôt que les deux autres spectacles valaient très largement le déplacement.
Le Portier de la gare Windsor de Julie Vincent — à l'affiche du Fred-Barry jusqu'au 30 janvier — est loin d'être un spectacle parfait: on y trouve des longueurs et des répétitions malhabiles. Jean-François Casabonne y frôle même quelquefois le tic. Mais il se dégage de l'ensemble un caractère étonnant, une force reliée à l'étrangeté du lien entre la gare Windsor et celle de Montevideo; à ce langage scénique, aussi, où la poésie joue un rôle concret. Singulier pluriel est désormais une compagnie qu'il faudra suivre d'un peu plus près.
La véritable surprise vient toutefois de la petite salle intime du Prospero où Enrica Boucher vous fera vivre des moments de bonheur intenses dans Emma de Dominique Bréda un jeune auteur belge. La mise en scène d'André-Marie Coudou du Théâtre L'Instant est touffue, compacte, bien menée, mais c'est la performance éblouissante de la comédienne qui fait tout l'intérêt du spectacle... Point central de la représentation: la relation qu'entretient un personnage féminin dont on ne saura jamais vraiment le nom avec Madame Bovary, le roman de Flaubert tout autant que cette fragile Emma qui prend la forme d'une poupée Barbie au milieu d'une bande de toutous en peluche... On ne vous en dira pas plus pour vous laisser tout le plaisir de la découverte — vous avez jusqu'au 30 janvier pour aller faire un tour de ce côté. Et vivement Enrica Boucher le plus tôt possible sur une scène! N'importe où...
En vrac
- Vendredi, en fin d'après-midi, le Centre des auteurs dramatiques (CEAD) remettait à André Jean son prix Louise-Lahaye pour Prière de ne pas déranger. Remis l'an dernier pour la première fois — à Daniel Danis pour Kiwi, on s'en souvient, le prix récompense le meilleur texte jeune public porté à la scène durant l'année. Le gagnant reçoit une bourse de 10 000 $ et devient auteur associé à la Maison Théâtre pour toute la prochaine saison gagnant ainsi un accès direct aux productions diffusées là et aux 26 compagnies qui forment la Maison Théâtre. André Jean a travaillé avec le Théâtre Repère à l'époque, signé des adaptations de roman pour le théâtre, fait de la mise en scène et écrit des textes pour la radio avant de prendre, en 2004, la direction du Conservatoire d'art dramatique de Québec. C'est son troisième texte destiné à des jeunes publics après clon@ge et L'Ornithorynque.
- À compter de ce jeudi et jusqu'au 30 janvier, les finissants du Conservatoire présentent Divines paroles de Ramon del Valle Inclan dans une mise en scène de Philippe Soldevilla. Cela se passe au tout nouveau Théâtre Rouge, avenue Henri-Julien, et le prix des billets est fixé à 5 $, comme à l'habitude. Profitons-en pour rappeler que ceux et celles qui préparent les auditions du Conservatoire d'art dramatique du Québec ont jusqu'au 1er mars pour s'inscrire. Pour être admises, les personnes sélectionnées à la suite des auditions devront être titulaires d'un diplôme d'études collégiales le 1er septembre 2010 ou être âgées de 21 ans à cette même date. On obtiendra encore plus de renseignements là-dessus en composant le 514 873-4283 ou en consultant le site conservatoire.gouv.qc.ca.
- Y a-t-il vraiment quelque chose à rajouter à la saga Pol Pelletier-Espace Go?
Mais ce n'est pas tout, loin de là. Elle est comédienne aussi — autant chez les petits que chez les grands —, metteure en scène et directrice de compagnie en plus d'être mère de «famille nombreuse» à plein temps. Elle voit large, Jasmine Dubé, elle a le sens de l'immensité: comme la Gaspésie d'où elle vient. Ces jours-ci, le deuxième volet de ses Jardins d'enfants, le triptyque qu'elle a écrit pour fêter à sa façon le quart de siècle, prend l'affiche à la Maison Théâtre: Mauvaises herbes explore le terrain vague qui sépare le jardin d'enfants de l'orphelinat.
«J'ai voulu faire le point, explique-t-elle au téléphone. Faire le tour du jardin difficile défriché par les enfants que je côtoie depuis mes débuts: tous les enfants, les plus petits comme les plus grands. Même si Mauvaises herbes est le spectacle qui s'adresse aux plus "vieux" des trois publics que je vise avec ce triptyque — Marguerite est destiné aux bébés de 18 mois et Ginko et la jardinière, à venir encore en mai, aux petits de quatre ans —, c'est celui que j'ai écrit en premier. Parce que je sais comment m'adresser aux enfants de sept ou huit ans, je l'ai déjà fait; je savais aussi que je pouvais le faire de façon ludique, pas trop "heavy"... Alors que je n'avais encore jamais "écrit" pour les bébés...»
Elle a écrit les trois pièces lors d'une résidence à Québec, en 2007; c'est le défi du «théâtre pour bébés» qui la tirait alors vers le haut. Mais bientôt, le projet se met à se ramifier et à prendre de l'ampleur. Ceux qui connaissent Jasmine Dubé savent l'importance qu'elle accorde au texte. Sans mots, sans texte, il lui semblait impossible d'aborder avec les bébés les thèmes de l'abandon, de l'adoption et de la résilience qu'elle voulait traiter...
Pourtant, c'est ce volet «bébé» qui vit le jour en premier au printemps 2009 à Petits bonheurs, on vous en a parlé rapidement dans nos pages à la création. Ce Marguerite est programmé à Méli'môme, en mars, et nous aurons l'occasion de le revoir ensemble de là-bas.
Dans le Mauvaises herbes qui prend l'affiche et sur lequel on reviendra plus tard en semaine, elle nous fait rencontrer une sorte de mosaïque d'êtres rejetés, souffrants, «multipoqués»... «Des personnages douloureux, oui, parce que c'est toujours une réalité malheureusement trop quotidienne. Mais ce sont aussi des personnages pour lesquels l'espoir est encore possible», conclut-elle.
Du Jasmine Dubé tout craché!
Emma et Le Portier
Tournée de petites salles, la semaine dernière: Fred-Barry, Espace libre, Prospero intime. Trois petites compagnies, trois démarches un peu folles, chacune à sa manière. Trois «visions», trois différentes façons de montrer l'urgence, le côté «service essentiel» du théâtre comme disait Martin Faucher... ce qui est le rôle le plus fondamental des jeunes compagnies, non! puisque l'on trouve partout plein d'autres propositions de divertissement beaucoup moins compliquées à bien meilleur prix...
Des trois, la tentative la plus audacieuse, mais en même temps la moins réussie, c'est triste, est probablement celle du Théâtre de la Pire espèce: Gestes impies... J'ai retrouvé là la même lourdeur, le même décousu et le même agacement que dans la version proposée le printemps dernier au FTA. C'est ce qui peut aussi arriver quand on investit dans la création, mais la Pire espèce saura bien rebondir, personne n'en doute. Ce qu'il faut retenir, c'est plutôt que les deux autres spectacles valaient très largement le déplacement.
Le Portier de la gare Windsor de Julie Vincent — à l'affiche du Fred-Barry jusqu'au 30 janvier — est loin d'être un spectacle parfait: on y trouve des longueurs et des répétitions malhabiles. Jean-François Casabonne y frôle même quelquefois le tic. Mais il se dégage de l'ensemble un caractère étonnant, une force reliée à l'étrangeté du lien entre la gare Windsor et celle de Montevideo; à ce langage scénique, aussi, où la poésie joue un rôle concret. Singulier pluriel est désormais une compagnie qu'il faudra suivre d'un peu plus près.
La véritable surprise vient toutefois de la petite salle intime du Prospero où Enrica Boucher vous fera vivre des moments de bonheur intenses dans Emma de Dominique Bréda un jeune auteur belge. La mise en scène d'André-Marie Coudou du Théâtre L'Instant est touffue, compacte, bien menée, mais c'est la performance éblouissante de la comédienne qui fait tout l'intérêt du spectacle... Point central de la représentation: la relation qu'entretient un personnage féminin dont on ne saura jamais vraiment le nom avec Madame Bovary, le roman de Flaubert tout autant que cette fragile Emma qui prend la forme d'une poupée Barbie au milieu d'une bande de toutous en peluche... On ne vous en dira pas plus pour vous laisser tout le plaisir de la découverte — vous avez jusqu'au 30 janvier pour aller faire un tour de ce côté. Et vivement Enrica Boucher le plus tôt possible sur une scène! N'importe où...
En vrac
- Vendredi, en fin d'après-midi, le Centre des auteurs dramatiques (CEAD) remettait à André Jean son prix Louise-Lahaye pour Prière de ne pas déranger. Remis l'an dernier pour la première fois — à Daniel Danis pour Kiwi, on s'en souvient, le prix récompense le meilleur texte jeune public porté à la scène durant l'année. Le gagnant reçoit une bourse de 10 000 $ et devient auteur associé à la Maison Théâtre pour toute la prochaine saison gagnant ainsi un accès direct aux productions diffusées là et aux 26 compagnies qui forment la Maison Théâtre. André Jean a travaillé avec le Théâtre Repère à l'époque, signé des adaptations de roman pour le théâtre, fait de la mise en scène et écrit des textes pour la radio avant de prendre, en 2004, la direction du Conservatoire d'art dramatique de Québec. C'est son troisième texte destiné à des jeunes publics après clon@ge et L'Ornithorynque.
- À compter de ce jeudi et jusqu'au 30 janvier, les finissants du Conservatoire présentent Divines paroles de Ramon del Valle Inclan dans une mise en scène de Philippe Soldevilla. Cela se passe au tout nouveau Théâtre Rouge, avenue Henri-Julien, et le prix des billets est fixé à 5 $, comme à l'habitude. Profitons-en pour rappeler que ceux et celles qui préparent les auditions du Conservatoire d'art dramatique du Québec ont jusqu'au 1er mars pour s'inscrire. Pour être admises, les personnes sélectionnées à la suite des auditions devront être titulaires d'un diplôme d'études collégiales le 1er septembre 2010 ou être âgées de 21 ans à cette même date. On obtiendra encore plus de renseignements là-dessus en composant le 514 873-4283 ou en consultant le site conservatoire.gouv.qc.ca.
- Y a-t-il vraiment quelque chose à rajouter à la saga Pol Pelletier-Espace Go?