En passant par Charlevoix

Certaines personnes comme Le Bigot y établissent leur quartier d'été et leur table de presque tous les jours. On aime Charlevoix pour les paysages, certes, mais aussi pour les produits d'exception que cette région à su développer. Les fromages de Maurice Dufour, les jambons et saucissons de Damien Girard, l'agneau de Lucie Cadieux, la laiterie de Charlevoix, etc. Une région qui regorge de bons produits que certaines tables champêtres ou bons restaurants n'hésitent pas à afficher sur leurs menus.
Ajoutez à cela les légumes des Éboulements, les petits fruits de l'Île-aux-Coudres, une Route des saveurs, et un choix de restaurants qui participent à la Route de l'érable, faisant en sorte que tant le visiteur que les habitués y trouvent leur plaisir. Régis Hervé et Guy Thibodeau font office de bons samaritains dédiés aux arts de la table et à la gastronomie régionale. La preuve, après avoir obtenu le Grand Prix du tourisme du Québec, ils gagnent en 2008 le prestigieux prix Renaud-Cyr pour le talent qu'ils mettent dans leur restaurant à utiliser les produits de Charlevoix.Une salle à manger coquette où le jaune est mis en valeur, rien de trop extravagant dans le décor, qui se veut simplement à la portée de tous, comme à la maison.
Connaissant déjà la maison, il nous était facile d'évaluer ce nouveau repas et de voir si la cuisine maintenait toujours son standard de qualité hautement réputé. Seule contrainte, il vous faut prévoir d'acheter à la SAQ du village une bonne bouteille de vin pour apprécier la cuisine de Régis Hervé.
Loin de la mer mais près du coeur, le chef Hervé concocte une des meilleures soupes de poisson de la région et peut-être même du Canada. Bien parfumée et fine, elle est accompagnée d'une vraie sauce rouille, de petits croûtons et de fromage. Régis Hervé a eu l'ingénieuse idée d'investir dans l'achat de tajines en terre cuite et certifiés sans plomb. Il y prépare avec l'agneau de la Ferme éboulmontaise, sa voisine, un magnifique tajine d'agneau aux pruneaux et légumes nouveaux. Pur délice qui nous rappelle à quel point la cuisine mijotée a sa raison d'être et sait nous combler quand elle est bien faite, comme ici. Dans le même esprit, le magret de canard et le foie gras de la Ferme basque de Charlevoix sont une réussite parfaite d'association et de goût. Le dosage du cassis et de la poire complètent avec bonheur ce cocktail de saveurs sans jamais masquer le produit.
Depuis des années, aux Saveurs oubliées, on s'associe aux fromages de Maurice Dufour. On retrouve tant le Ciel de Charlevoix que son célèbre Migneron, tantôt servis nature, tantôt cuisinés, comme la tarte au fromage Migneron que propose le chef. Il s'agit donc d'une version «charlevoisienne» du cheese cake, cuite et servie avec un coulis de petits fruits des Saveurs oubliées. Un point fort pour ce restaurant, qui sert en amuse-bouche à ses clients les chutneys ou marinades maison.
Fidèles saveurs que nous ne saurions oublier et qui nous permettent de mieux savourer Charlevoix. La Route des peintres, comme celle d'Humberto Pinochet, est semée d'auberges, de tables champêtres, de petits endroits où il fait bon s'arrêter pour profiter de l'été.
- Prix payé pour deux avant taxes et service, sans vin: 78 $
- Plus: une cuisine simple et goûteuse.
- Moins: le côté parfois bruyant de la salle.
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Restaurant aux Saveurs oubliées
350, rang Saint-Godefroy, route 362, Les Éboulements, 418 635-9888.
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Collaborateur du Devoir