Jardin d'enfance, quand tu nous tiens

Pour certaines personnes, l'enfance, c'est le souvenir d'une baignade dans un lac; pour d'autres, des glissades en «traîne sauvage». Pour Lorraine Bourgeois, tout ce qui est rattaché à l'enfance a l'odeur d'une tarte aux petits fruits qui cuit au four, de tomates, de choux et de haricots jaunes. Pour elle, les joies de l'enfance se confondent entre un potager où les récoltes sont abondantes et une table bien remplie. Pas étonnant donc qu'avec son mari, François Perreault, Lorraine ait passé les 30 dernières années à tenter de retrouver ce goût de l'enfance, et les émotions qui y sont rattachées.
«Pour moi, un jardin ne peut être complet sans un potager. Mon amour du potager est viscéral. Mes origines campagnardes ont sûrement déterminé ce goût. Le potager fait partie de ma vie depuis la tendre enfance. Il représentait une source d'approvisionnement très importante pour la famille.» J'ai eu beaucoup de plaisir à lire Au jardin des émotions, de Lorraine Bourgeois et François Perreault, chez Bertrand Dumont éditeur.Les jardiniers passionnés du monde entier se ressemblent: ne décrivent-ils pas sensiblement les mêmes émotions quand, admiratifs, les yeux tout écarquillés, ils s'émerveillent des fleurs de leur jardin? Je retrouve la même frénésie lorsque la récompense du travail accompli — la récolte tant attendue — est là, plus que généreuse. Le jardinier en oublie ses douleurs musculaires et soigneusement prépare les paniers remplis à ras bord, pour les partager.
«Avec les petits fruits, maman faisait des confitures. Elle en congelait aussi une quantité impressionnante pour confectionner des tartes que nous mangions tous les dimanches de l'année. Les tomates, entières ou sous forme de jus, étaient mises en conserve. Nous nous gavions des bouillis aux légumes que maman mijotait. Le chou, le rutabaga, les haricots jaunes, les carottes et les pommes de terre remplissaient notre assiette, pour notre plus grand bonheur. Des concombres et des tomates fraîches étaient présents sur la table durant toute la belle saison. Les surplus devenaient des marinades accompagnant les repas d'hiver.
«Depuis mon enfance, les légumes du potager servent à nourrir la famille. Quand j'ai eu la possibilité d'en créer un pour nourrir la mienne, cela s'est fait naturellement, dans la continuité, mais aussi un peu, voire beaucoup, pour retrouver mes souvenirs d'enfance.» Propos de Lorraine Bourgeois dans son livre Au jardin des émotions.
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