Théâtre - Chiffons pour tous
Jusqu'à tout récemment, la possibilité de vie d'une marionnette était plutôt limitée. On en a toujours brûlé régulièrement quelques-unes à l'effigie des hommes politiques les plus détestés, évidemment. Et on en sort bien encore des représentantes gigantesques lors des défilés populaires un peu partout sur la planète. Mais, en règle générale, on n'a toujours pratiqué la marionnette qu'en présence des enfants. À gaine, à tringle, à tige, à main ou à doigt, elles n'étaient là que pour eux: chasse gardée. Halte là! Que le grrrrand Crrrric te crrrroque si jamais...
Mais, «O tempora, o mores» comme dirait Bernard Voussavecchi, soit parce que les enfants sont aujourd'hui beaucoup plus vieux qu'ils ne l'ont jamais été, ou, précisément, à cause du contraire, ce n'est plus vrai. La frontière ne tient plus! Voilà qu'il existe maintenant des marionnettes pour les grands aussi.Bien loin des Pépinot et Capucine de mon enfance, ces «marionnettes pour adultes» en sont d'ailleurs venues avec les années à prendre de plus en plus de place. Des grands noms se sont imposés, comme celui de la Française Émilie Valantin par exemple, que l'on a pu voir à l'Espace Go avec une version troublante d'une pièce russe de la fin du siècle dernier. Ici même, la compagnie Kobol marionnettes propose des spectacles depuis déjà plus d'une décennie. Et le festival international de la marionnette Maniganses, installé à Jonquière, nous a donné l'occasion de vous parler de productions absolument remarquables, comme ce petit chef-d'oeuvre inspiré de l'oeuvre d'Edgar Poe (Sombras) que j'ai vu là en 2006 et que je me suis permis de citer en exemple à de nombreuses reprises déjà... Bon. Alors oui: les marionnettes ne sont plus maintenant réservées aux petits. Et si l'on vous en parle ici, c'est qu'un événement s'amorce jeudi au Théâtre Outremont: Les trois jours de Casteliers.
La directrice artistique de Casteliers, Louise Lapointe, est un peu fébrile: l'événement en est déjà à sa troisième édition et suscite chaque année davantage d'attentes. Au téléphone, elle m'explique que ce sont les demandes répétées du milieu qui l'ont menée à mettre le festival sur pied. «Les marionnettes pour les enfants circulent très bien chez les diffuseurs, mais il y avait à Montréal peu d'endroits où diffuser des spectacles de marionnettes pour adultes; Casteliers est un peu la réponse à cette demande du milieu.» Elle qui est fascinée depuis longtemps par les marionnettes, qui en a même construit et qui s'est impliquée aussi dans l'Union internationale des marionnettistes avant de passer par Maniganses, constate que l'intérêt du milieu est de plus en plus manifeste. Déjà, outre les trois jours intenses à l'Outremont, elle a réussi à organiser quelques événements ponctuels lors du passage de compagnies européennes et elle développe peu à peu des liens solides avec des diffuseurs montréalais, comme Petits bonheurs, par exemple, avec lequel elle a déjà collaboré à deux reprises.
Cette année, avouons-le, la programmation de son mini-festival est étonnante: six spectacles en trois jours et toute une série d'événements en parallèle, dont une exposition, une table ronde sur la marionnette aujourd'hui et un atelier de création. On y trouvera d'abord des productions pour les enfants, ça on s'y attendait en pleine période de relâche, mais aussi trois autres pour les plus grands dont une sorte d'événement dans l'événement les Brèves de Casteliers, une suite de six petites formes brèves (de 10 à 15 minutes) présentées par des compagnies d'ici et d'ailleurs au Canada et même des États-Unis. La chose est animée par Francis Monty du Théâtre de la Pire Espèce et Pierre Robitaille que l'on connaît un peu moins ici parce qu'il est de Québec où il dirige la compagnie Populus Mordicus qui propose, on s'en serait douté, des spectacles de marionnettes pour tous les âges. Ça se passe samedi 8 mars à 20h, au Théâtre Outremont bien sûr, et la soirée se terminera avec la présentation du film d'animation Madame Tutli-Putli produit par l'ONF.
Mais revenons du côté des tout-petits d'abord, où l'on notera un rare spectacle destiné aux enfants de deux à quatre ans: Pekka une toute nouvelle création du Théâtre des Petites âmes animé par Isabelle Payant. C'est un spectacle que je n'ai pas vu encore et que vous découvrirez probablement avant moi, montagnes de fin de semaine obligent, mais le simple fait qu'il fasse partie du programme de Casteliers témoigne de l'intérêt de plus en plus marqué pour le «théâtre pour bébés»: yeah! Les deux autres spectacles «jeune», Une forêt dans la tête de Marie-Christine Lê-Huu, la toute récente création du Théâtre de l'Avant-Pays et L'Écrit d'Agnès Zacharie, une première création «intérieure» de l'Ubus Théâtre (qui présente habituellement ses spectacles dans un petit autobus), s'adressent tous deux aux enfants dès quatre ans. On notera aussi qu'un extrait d'un autre spectacle, Louphoque, une courte forme de la compagnie Gestes Théâtre sera présentée en première partie.
Et du côté des grands? Hum? Eh bien, on sera gâté aussi parce que, outre l'événement des Brèves, on nous propose rien de moins que deux créations: d'abord Poursuite, de l'artiste touche-à-tout Marcelle Hudon, et Sleeping Beauty, de la compagnie française Akselere. Dans le premier cas, on nous racontera avec des marionnettes, des images vidéo et du théâtre d'ombres l'histoire d'une «manipulatrice» interviewée par des reporters et, dans le second, la comédienne Colette Garrigan se sert d'ombres et d'objets variés pour nous parler d'une petite «princesse» de Liverpool qui règle ses «contes» avec la vie. D'après Louise Lapierre, cette pièce qui connaît un succès monstre en Europe, devrait faire un tabac ici. On vous conseille de réserver vos places et de vous renseigner sur tout cela en faisant le tél: 514 495-5944.
En vrac
n À l'Usine C, du 4 au 8 mars, on pourra revoir Histoire de Marie de Georges Brassaï avec Sophie Clément dans le rôle de Marie. La production du Théâtre de fortune, mise en scène par Jean-Marie Papapietro, avait conquis tout le monde lors de sa création l'an dernier. On se renseigne au tél: 514 521-4493.
- Le Théâtre de la Pire Espèce vous propose une formule originale, jugez-en par vous-même! On vous offre une lecture du spectacle Léon le nul à domicile! L'auteur Francis Monty se déplacera gratuitement chez vous pour lire cette pièce s'adressant aux adultes et aux enfants de neuf ans et plus. Cette expérience exclusive est offerte aux cinq premières personnes qui feront une réservation. Un groupe de 10 à 25 personnes est demandé, et les lectures sont possibles dans la région de Montréal ou dans un rayon de 50 km à l'extérieur de Montréal. Les dates disponibles sont le samedi 15 mars à 11h et 14h, le samedi 22 mars à 11h et 14h et le dimanche 23 mars à 11h. Les personnes intéressées doivent contacter Sophie Desrosiers au Théâtre d'Aujourd'hui au tél: 514 282-7516.
- Pour ses 30 ans la LNI s'offre deux matchs spéciaux et amicaux avec Les Boys! Sur la glace du Medley, les 4 et 5 mars, Rémy Girard, Paul Houde, Luc Guérin, Michel Charrette, Patrice Robitaille, Sylvie Potvin, Mahée Paiement, Sophie Cadieux et Patrick Labbé des Boys affronteront une équipe de joueurs-étoiles de la LNI constituée de Réal Bossé, François-Étienne Paré, Salomé Corbo, Émilie Bibeau, Isabelle Brouillette, Bernard Fortin, Sophie Caron, Diane Lefrançois, Frédéric Barbusci et Patrick Drolet. Yvan Ponton sera l'arbitre de ces deux matchs; arrivera-t-il à être impartial devant ses acolytes des Boys et ses vieux camarades de la LNI? On réserve sa place au tél: 514 842-6567.