C'est ça qui est ça

Un ministre fédéral du gouvernement a démissionné à la seule vue du projet de son gouvernement fédéral de dire qu'il y a une reconnaissance d'une nation dans un Canada uni, a-t-on appris l'autre jour.

«L'acceptation de la considération d'une nation ne peut conduire qu'au nationalisme», a déclaré le ministre fédéral du gouvernement. «Et le nationalisme, c'est pas bon, sauf en ce qui a trait au Canada. Si, pour prendre un exemple au hasard, on dit que le Québec est une nation, ça va engendrer du nationalisme ethnique. Vade retro, Satana. Je ne suis jamais allé au Québec de ma chienne de vie, je n'ai pas la moindre idée de ce qui s'y passe ni de quoi ils ont l'air là-bas, à part nos députés conservateurs vedettes (ce qui n'est guère de nature à me rassurer), mais je subodore que les ti-clins là-bas, si on les reconnaît comme nation, ils vont sombrer dans l'ethnie. Et ça m'horripile à l'os, de sorte que je vais démissionner avec fracas, même si personne ne sait qui je suis et même si ça ne va rien changer pantoute.»

Le ministre fédéral du gouvernement a précisé qu'il n'y avait qu'un seul nationalisme possible, le nationalisme canadien. «Mais il ne s'agit pas d'un vrai nationalisme parce que si le Canada est certes une nation, ce n'est en même temps pas vraiment une nation. Au sens où il y a dedans plusieurs nations, qui n'en sont pas tout à fait et qui s'additionnent pour en faire une, mais qui ne se comporte pas comme telle. Je sais que ce n'est pas très clair, mais ce que je veux dire ici, c'est que le Canada c'est le boutte de toute, pour des raisons générales», a dit le ministre fédéral du gouvernement.

Selon le ministre, la reconnaissance d'une nation au Québec ne peut être que porteuse de division. «Il n'y a qu'une nation au Canada, c'est la nation canadienne. Si on reconnaît une nation au Québec, ça ne sera pas juste pour les autres nations du Canada, les nations non ethniques comme la nation chinoise, la nation ukrainienne, la nation indo-pakistano-banglado-sous-continentale et la nation multiculturelle qui regroupe toutes les nations qui n'en sont pas parce qu'il y a une seule nation, et peut-être zéro. Si on poursuivait dans cette voie, on n'aurait plus de Canada uni sans lequel il serait impossible d'avoir quelque nation que ce fût et de dire qu'elle existe alors qu'elle n'existe sans doute pas», a-t-il conclu.

Interrogé à propos de l'impact de la démission du ministre, le premier ministre a reconnu qu'il ne savait même pas que le ministre était ministre. «Je me rends compte que j'ai vraiment nommé n'importe qui», a-t-il reconnu, mais pas comme nation.

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Un gars a décidé de s'intéresser à la Chine.

«L'autre jour, à la télé, ils ont dit que la Chine était très importante. C'est vrai, même si je ne sais pas pourquoi, à part le fait qu'ils sont pas mal de monde là-bas», a fait savoir le gars. «Je suis un passionné de la mondialisation, même si je ne suis jamais allé en Chine, ni en Asie, ni sur aucun autre continent, ni dans un autre pays, en fait je ne suis jamais sorti de chez moi. Les nouvelles internationales m'ennuient considérablement, je les trouve beaucoup moins intéressantes que les récits d'accidents de machines survenus dans mon secteur. Mais la Chine, c'est quelque chose. Je pense qu'il faut s'intéresser à la Chine.»

Selon le gars, il faut surveiller ce qui se passe en Chine, car la Chine pourrait avoir un impact direct sur nos vies avant longtemps. «La Chine a déjà un impact», a-t-il aussitôt corrigé. «La preuve, c'est qu'on en parle à la télé. Pas assez, d'ailleurs, étant donné l'importance considérable de la Chine.»

Le gars a ajouté se souvenir qu'il y a une trentaine d'années, des gens disaient de faire attention à la Chine. «Certes, il ne s'est rien passé depuis, mais là, ça s'en vient, là là. C'est là, comprends-tu? La Chine est là. Si on n'en tient pas compte, la Chine va nous avoir. Je ne sais pas comment, mais elle va nous avoir, c'est sûr», a-t-il ajouté.

Afin d'avoir rapport dans un contexte de mondialisation, le gars a concocté le projet d'apprendre la langue chinoise. «Tout à fait. J'ai l'intime conviction que si la Chine est pour avoir un impact sur nos vies, aussi bien être en mesure de lui parler dans sa langue. Ça ne changera rien, je veux dire que même si on parle chinois ça n'empêchera pas la Chine d'avoir un impact sur nos vies, mais bon. Et le pire, c'est que je ne sais même pas que la langue chinoise n'existe pas», a-t-il vociféré.

À cet égard, le gars a souligné que sa vie, sur laquelle la Chine aura un impact, était remplie d'affaires dont il se disait qu'il allait les faire mais ne les a jamais faites. «J'ai souvenance de l'ALENA. À l'époque, on racontait combien le Mexique allait avoir un impact sur nos vies. Je me suis donc dit que j'allais apprendre le mexicain. Mon projet a duré deux heures, puis j'ai constaté que ç'allait être très compliqué et j'ai oublié ça. J'ai eu raison, remarquez: le Mexique n'a pas changé tant d'affaires que ça. Rien, en fait. Mais la Chine, vous allez voir ce que vous allez voir», a-t-il ratiociné.

Au dire du gars, la mondialisation est inévitable, bien qu'il ne sache pas pourquoi.

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En dépit de tous ses défauts, le réchauffement de la planète (RDLP) devrait avoir des effets positifs, mais ceux-ci tardent à se faire jour, a déploré cette semaine un observateur.

«Il va sans dire, et donc il va encore plus en le disant, qu'il fait de plus en plus doux de plus en plus tard dans l'année. Dans les circonstances, on serait en droit de s'attendre à ce que les événements, tous les événements, s'accordent au rythme des saisons. Mais non, on sait ben. De sorte que même si on peut encore sortir dehors en bedaine, on ne retarde pas pour autant la diffusion dans les endroits publics de ces horreurs que sont les cantiques de Noël», a déclaré l'observateur.

Déjà que les cantiques de Noël pèchent par redondance puisqu'ils ne sont qu'au nombre de huit, ils sont en plus incapables de s'adapter à la réalité des circonstances, a témoigné l'observateur. «J'ai hâte d'entendre Le Sentier de bouette, Promenade en VTT et Minuit moins cinq chrétiens. Mais non, on sait ben.»

Le nombre d'artistes québécois lançant cette année un disque de cantiques de Noël, un exercice qui ne coûte pas grand-chose puisque paroles et musique sont déjà écrits et qu'il n'y a pas de droits à verser, est évalué à 52 183.

jdion@ledevoir.com

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