Simplicité, liberté et frais cachés

La modernité a tout de même ses bons côtés: désormais, d'un simple clic, à 4h du matin (pourquoi pas!), depuis la table de la salle à manger ou du canapé Ikea de qualité moyenne, une personne peut satisfaire toutes ses envies de consommer. Il peut surtout, grâce à la magie d'Internet, désirer une multitude de produits venant d'Asie, de Paris ou de Calgary, qu'une sympathique compagnie d'expédition se propose gentiment de lui acheminer jusqu'à sa porte en un temps record. Pas de doute, donc: aujourd'hui, le bonheur est simple. Mais il vient parfois avec des frais cachés qui laissent un peu perplexe.
Un lecteur de Montréal en a fait la découverte récemment, pour 11 $, en commandant un lecteur de fichiers sonores numériques à la compagnie Creative Labs aux États-Unis, par l'intermédiaire du site de vente aux enchères eBay.À la lecture du contrat, la transaction paraît bien ordinaire. En échange d'une trentaine de dollars pour l'appareil et d'un montant presque équivalent pour le transport et la manutention du produit (!), l'objet de désir est à lui en «un à trois jours ouvrables». Sans plus. D'autant qu'avec des frais de transport de 30 $, démesurés pour un produit valant justement 30 $, tous les extras, selon lui, se doivent d'être compris.
Erreur. Dans les semaines qui suivent la réception sans problème du colis, l'homme reçoit une autre facture... provenant cette fois de la compagnie Federal Express. Le géant de l'expédition lui réclame plus d'une dizaine de dollars pour le paiement de droits de douane et de taxes qu'il a effectué au nom du consommateur pour le compte de l'Agence des services frontaliers du Canada (les douanes, quoi!).
La facture est accompagnée d'un formulaire officiel de dédouanement portant le nom dudit consommateur, et ce, même s'il n'a jamais été mis au courant de ce détail lors de la transaction et surtout même s'il n'a jamais mandaté Federal Express pour effectuer cette transaction en son nom.
La chose est d'autant plus étonnante que pour un maigre montant de 2,34 $ de taxe sur les produits et services (TPS) associé au produit, la compagnie de transport se permet d'inclure des frais de... 7 $, plus TPS et TVQ (soit 3,5 fois le montant de la taxe perçue), histoire de se rémunérer pour un service que le consommateur n'a finalement jamais demandé à FedEx de lui rendre.
Tout ça peut paraître étrange. Sauf pour l'Agence des services frontaliers du Canada, qui confirme que la transaction n'a rien d'anormal.
Le spécialiste en transport de colis étant aussi considéré par le gouvernement fédéral comme un «courtier en douane agréé», il a effectivement la possibilité d'effectuer des dédouanements, comme le prescrit la Loi sur les douanes, sur les produits arrivant de l'étranger. Et comme le contribuable le sait: tous les produits importés au Canada ayant une valeur supérieure à 20 $ doivent prendre un coup de TPS et même de TVQ en passant la frontière. La vie est ainsi faite.
Ce qui est moins normal, toutefois, estime notre lecteur, c'est qu'une telle transaction ait été effectuée par FedEx sans l'aval du contribuable mais aussi sans que le vendeur, au moment de conclure sa vente, n'ait mentionné à son client l'apparition, après réception du produit, d'une autre facture à payer.
Qui plus est: sans offrir la possibilité d'une livraison autrement que par FedEx, le marchand d'appareils électroniques place son consommateur devant un fait accompli. Un fait d'autant plus troublant que si le paquet avait été transporté par les services postaux publics canadiens et américains au lieu d'être mis dans les mains d'un transporteur privé, la perception des taxes aurait été accompagnée de frais de 5 $. L'Agence des services frontaliers du Canada se chargeant elle-même, dans ce cas de figure, des procédures de dédouanement des envois provenant de l'étranger.
La différence est bien sûr minime: 2 $. Mais ces deux petits dollars d'économie, devant lesquels le client n'a pas été placé, ramenés aux dizaines de millions en transports commerciaux effectués par FedEx chaque année, peuvent finir par faire gonfler une enveloppe de plusieurs millions de dollars à la fin d'une année fiscale. Des millions qui se retrouvent donc dans les poches de la multinationale américaine au lieu de rester dans celles des consommateurs, dont plusieurs ont d'ailleurs été collectés sans avoir été consultés.
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Pourquoi manger sa dinde quand on peut la boire? À l'approche de Noël, c'est la question que pose sans doute la compagnie Jones Soda de Seattle, aux États-Unis, qui, comme chaque année, vient de lancer sur le marché sa traditionnelle boisson gazeuse à saveur de... dinde et de sauce brune. Une édition limitée, bien sûr.
L'objet de dégoût trouve sa place au milieu d'un catalogue de breuvages tout aussi délirant où l'expression radicale du manger plus que mou se décline à la saveur de petits pois, cette année, mais aussi par le passé à celles de brocoli, de haricots, de choux de Bruxelles, de saumon et de purée de pommes de terre au beurre. Prouvant ainsi que même avec la meilleure volonté du monde, le progrès ne s'arrête jamais. (www.jonessoda.com)
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