Les unités du fonds FTQ conçues pour les plus vieux et les plus pauvres
Les actions du fonds de la FTQ ont un rendement annuel de 5 % depuis 1985. La déduction fiscale est presque le double de celle d'un REER normal. Pour le même coût réel, on peut donc placer beaucoup plus — presque deux fois plus.
J'ai 47 ans et je compte prendre ma retraite dans 13 ans. Est-ce que je peux espérer faire mieux que du 5 % dans mon REER autogéré ? En réalité, je dois faire beaucoup mieux que 5 % car le capital placé est presque le double.Quel est votre avis?
Walter
À mon sens, les fonds de travailleurs créés par le gouvernement québécois durant les années 80 remplissent à merveille leur mission: aider financièrement les travailleurs à faibles revenus et les petits épargnants. Ces fonds ont permis de bâtir une importante réserve de capitaux destinés au financement des petites et moyennes entreprises afin de préserver leurs emplois et, si possible, d'aider à leur croissance.
Grâce aux avantages fiscaux qu'elles offrent, les unités de ces fonds constituent un excellent placement dans deux cas particuliers: les personnes assujetties à d'importantes contraintes budgétaires; les personnes approchant l'âge de la retraite. M. Walter, l'auteur de la lettre ci-dessus, appartient à la catégorie des gens approchant de la retraite.
Il importe ici de ne pas confondre les unités du fonds en tant que telles et la combinaison unités des fonds de travailleurs et REER. M. Walter constate, dans sa question, que l'achat d'unités lui permet d'acquérir une valeur de placement atteignant presque le double de celle pouvant être obtenue autrement grâce aux économies d'impôt réalisées. En disant cela, il additionne d'une part les impacts de l'économie d'impôt résultant des crédits d'impôt combinés fédéral et provincial de 30 % de la valeur des unités achetées et, d'autre part, ceux de la déduction provenant de la cotisation annuelle au REER (faite ici en transférant les unités achetées du fonds de travailleurs dans un REER) qui, elle, procure un report d'impôt.
Or, si on veut comparer l'avantage réel des unités des fonds de travailleurs avec les autres types de placement, on ne doit pas tenir compte des avantages propres au REER. En effet, les autres types de placement peuvent être transférés au REER en tant que cotisation annuelle au même titre que les unités des fonds de travailleurs. Donc, lorsqu'elles sont ainsi transférées dans un REER, les autres formes de placement procurent le même report d'impôt que les unités d'un fonds de travailleurs.
L'avantage que les unités d'un fonds de travailleurs présente sur les autres types de placement réside plutôt dans le crédit d'impôt de 30 % qu'elles procurent. Or, ce crédit d'impôt n'est pas récurrent. Il est obtenu uniquement dans l'année de l'achat des unités. C'est pourquoi, sur une très longue période (20 ans et plus), l'apport de ce crédit au rendement global du placement n'est pas très élevé. Il ajoute grosso modo 1 % au rendement global à long terme.
Si le rendement des unités du fonds de travailleurs est de 5 %, le rendement de l'investisseur détenant ces unités avoisinera 6 % grâce aux économies d'impôt réalisées. Si cet investisseur estime être capable de réaliser dans son REER des placements dont le rendement global peut dépasser 6 %, il devrait favoriser ces autres placements.
Cela ne signifie pas qu'il doit s'abstenir d'acheter les unités de tels fonds. Il peut le faire en s'assurant toutefois que le poids de ces unités dans la valeur globale du portefeuille ne soit pas trop élevé, probablement pas plus de 15 % à 20 % du portefeuille.
En revanche, si cet investisseur est à dix ans ou moins de sa retraite, le poids du crédit d'impôt dans le rendement global des unités sera beaucoup plus important. Pourquoi? La valeur actuelle de ce crédit devient plus importante alors que l'investisseur pourra vendre ses unités dans dix ans ou moins — arrivé à la retraite, l'épargnant peut encaisser ses unités, ce qu'il ne peut pas faire avant sauf à certaines conditions très particulières.
M. Walter approche donc de la phase de sa vie active où l'achat d'unités de fonds des travailleurs devient beaucoup plus attrayant.
L'autre cas favorisant nettement les unités de fonds de travailleurs est celui d'une personne confrontée en permanence à des contraintes budgétaires importantes. Nombreux sont en effet les travailleurs dont le salaire n'est pas et ne sera pas élevé pendant une bonne partie de leur vie active.
Dans de telles conditions, ces travailleurs parviennent difficilement, une fois couverts les besoins familiaux, à économiser pour leurs vieux jours. Je leur conseille d'opter pour les unités des fonds de travailleurs et de se bâtir un REER composé uniquement ou presque de ces unités. Il est vrai que ces travailleurs courent un risque de placement plus élevé, mais jamais ils ne pourraient posséder autrement une valeur de placement aussi importante au cours de leur vie.
Quant au risque, bien qu'il soit plus élevé que pour d'autres placements, il n'est tout de même pas extravagant. En effet, les fonds des travailleurs doivent détenir des titres du marché monétaire à hauteur de 40 % de leur portefeuille. Or ces titres à revenus fixes de courte durée (de moins d'un an) comportent un faible risque de perte en capital.
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