Sans sucre ?
Le sucre ajouté, tout le monde sait que ce sont des calories vides; on a beau dire que c'est un non-aliment, acidifiant pour votre pauvre petit estomac et tout votre organisme...
Aurions-nous imaginé que la société d'abondance aurait autant d'effets pervers sur notre mode de vie, notre santé, notre environnement? Que le plus serait trop et l'ennemi du mieux, que notre sagesse du corps prendrait le bord pour être remplacée par la complaisance de soi devant l'abondance? Devant un plat, aucune résistance? On malmène notre goût en s'empiffrant, n'ayant plus que le réflexe de se satisfaire jusqu'à l'anesthésier? Le peu vu comme une privation — une avarice! —, le trop comme un plaisir...Prenons le sel, le sucre, le gras, l'amour, la sexualité et quelques autres éléments, sans doute, innés, essentiels, uniques à nos besoins et à notre humanité. Regardez ce que l'excès en a fait. On n'a pas fini de faire de la recherche sur les conséquences de ces excès et des soins imparfaits qu'on donne aux excessifs.
Je ne vais pas vous reparler de trop de tissus adipeux ici, mais faisons un détour par le sucre. Pas celui des fruits et légumes ou de n'importe quel des aliments qui nourrissent ainsi notre cerveau, mais le sucre qu'on ajoute aux recettes, blanc ou brun, en beaux grains fins ou pas fins.
Il y a au moins une bonne raison qui explique pourquoi il est si difficile de rayer ce sucre de notre alimentation. L'autre jour, je me promenais avec ma copine, une journaliste qui a vécu dans plusieurs pays. Il nous arrive d'aller marcher ensemble, on aère notre mental, on diminue le stress et on devise.
Ça fait toujours du bien; si vous avez une copine, je vous encourage à le faire.
Il nous est arrivé ces derniers temps de faire nos courses ensemble après notre déambulation. Voilà qu'on se retrouve à un supermarché où on n'était jamais allées ensemble. Ma copine cherche du yogourt; je vais vers le bio, elle prend la boîte et regarde la quantité de sucre: 21 grammes.
Elle prend un pot de plastique après l'autre et la quantité de sucre la plus basse est de six grammes pour du yogourt à la vanille. Même chose pour le bio sans gras, nature. On est très étonnées que, bio ou pas, le sucre soit si présent, surtout moi, qui ne mange pas de yogourt! On va vers les cornichons: même histoire.
Je lui demande alors: «Mais pourquoi es-tu si attentive au sucre? As-tu des problèmes de santé?» «Non, non, répond-elle. Mais quand on est revenus vivre ici, au début, on avait des problèmes avec ce qu'on achetait, on n'aimait pas grand-chose et on ne comprenait pas pourquoi. Jusqu'au jour où on a compris que, partout, dans tous les pays où on avait vécu, on n'ajoute pas du sucre, comme ça, dans tout! C'est juste en Amérique que tout est si sucré.»
Je savais pourtant qu'on nous sucre ça dans notre dos, mais nous oublions, absorbés par nos habitudes de vie. Je suis donc allée dans un magasin d'alimentation naturelle. C'est là que je suis tombée en bas de mes souliers. On croit s'alimenter mieux que tout le monde, on est fier de payer pour notre santé; c'est plus cher, mais nos valeurs et notre santé n'ont pas de prix. Et on se fait avoir.
Sans gras, réduit en gras... mais remplacé par du sucre, et pas du sucre blanc raffiné mais tous les autres sucres possibles et imaginables qui ont été inventés pour nous donner l'illusion qu'on mange bien et qu'on évite le sucré. Mettez ça dans votre panier.
Le sucre ajouté, tout le monde sait que ce sont des calories vides; on a beau dire que c'est un non-aliment, acidifiant pour votre pauvre petit estomac et tout votre organisme...
On pourra prétendre qu'acidifier l'organisme équivaut à préparer le terrain pour les maladies, ça n'empêche personne de manger du sucre. L'autre jour, le Globe and Mail, qui honnit si bien le Québécois, a publié un très bon texte sur le sucre. Les céréales que mangent nos enfants? C'est comme leur donner une tablette de mauvais chocolat de dépanneur. Vous donneriez ça pour déjeuner à votre enfant?
Eh bien, on le fait, et je pense que, même en sachant cela, on continuera d'acheter ces boîtes reluisantes aux couleurs criardes que réclament les enfants. Ah! et il y a six cuillerées à thé de sucre dans une canette de boisson gazeuse, on vous l'a déjà dit?
La désinformation? Sur tous les sites qui traitent du sucre en prétendant donner de l'information. On l'associe aux glucides, aux éléments nutritifs, on parle de sa valeur nutritionnelle. On ne parle pas d'hypoglycémie ni de diabète.
Une de vous m'écrit: «J'ai décidé de faire une cure anti-sucre, je me suis rendue à 50 jours. J'avoue que c'était limitatif et difficile à suivre, mais en réalité, j'ai ressenti des bienfaits marquants, dont le plus impressionnant fut que je n'avais plus aucun symptôme désagréable relié aux menstruations, moi qui, chaque mois, souffrais la grande douleur. Je n'en revenais tout simplement pas. Aussi, ma peau s'était éclaircie, les rages de sucre avaient disparu, mon énergie avait augmenté et ma clarté mentale s'était aussi améliorée.» C'est Julie Audette, celle qui annonce dans la page d'à côté. Elle pense organiser bientôt des groupes de cure sans sucre. Qui sait ce qu'il y a à découvrir là pour chacun de nous?
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Reçu
- M. Lescop et B. Lacroix, Nous les vieux, Fides.
- H. Lerner, Le Pouvoir créateur de la colère, Éditions de l'Homme.
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vallieca@hotmail.com
Ce texte fait partie de notre section Opinion qui favorise une pluralité des voix et des idées. Il s’agit d’une chronique et, à ce titre, elle reflète les valeurs et la position de son auteur et pas nécessairement celles du Devoir.