Grosses assiettes et petits os
Si un goût de grillades et de fruits de mer vous prend, l'Osso Bucco, sis dans son petit antre de pierre de la rue Saint-Stanislas, est un arrêt recommandable. À quelques conditions près.
D'abord, prenez une table au fond. Près de la porte, où nous étions, il y a une tendance au courant d'air, plutôt frigorifiant maintenant que l'automne semble vouloir s'installer pour de bon et que la maison garde sa porte extérieure ouverte afin de faire savoir que l'établissement l'est aussi.Remarquez que le garçon s'est empressé de boucher à l'aide d'une serviette la faille du portique qui ajoutait indûment à l'aération du restaurant. Un geste qui aura semblé symbolique de notre soirée.
En effet, à l'entrée, la table d'hôte comporte quatre choix... dont un manque immédiatement à l'appel, même si on est en début de soirée. Et pendant une seconde, la serveuse prend un air presque paniqué quand on commande, pour le plat, un osso bucco, le plat qui donne son nom à la maison: une course à la cuisine et elle est rassurée (nous aussi), le chef en a refait, comme promis, le matin même. De petits manques, mais qui se compensent.
En fin de compte, il y aura donc, avec ce plat éponyme, deux soupes de homard et un filet mignon monseigneur, lui aussi agrémenté de homard. Le menu sur lequel je fais mes choix, après tout, s'appelle «le homard en folie», et d'après la population sans cesse réduite de crustacés dans l'aquarium qui trône à l'entrée, il est plutôt populaire.
Geneviève trouve sa bisque de homard agréable mais regrette que le paprika ait été intégré un peu trop généreusement, ce qui masque à la longue le goût du crustacé. Ma chaudrée de homard et champignons est plus convaincante: il doit bien y avoir une queue de homard complète dans mon assiette de crème épaisse et veloutée, et le goût des champignons répond bien à celui de la chair. Dans les deux cas, de toute façon, ça réchauffe, ce qui n'est pas de refus.
Le bordeaux blanc, plutôt frais quant à lui, est l'une des rares bonnes options de vin au verre sur le menu de l'Osso Bucco. Il a très bien accompagné l'entrée, mais pour le plat, je me gratte un peu la tête en cherchant une option en rouge. Étrangement, pour un resto qui fait dans la grillade, il n'y a guère que du Bottero rouge, au verre toujours. Un petit manque, mais on compense en m'offrant un verre de Moulin de Gassac, à prix convenable.
Le Moulin tournera très bien avec mon plat, ceci dit. Le filet mignon monseigneur est une alternance de chair de homard et de tranches de filet mignon bien tendres, un surf and turf grand luxe, avec une sauce correcte et un accompagnement de légumes cuits à point. Ma douce moitié, de son côté, reçoit une généreuse assiettée d'osso bucco, une belle pièce de jarret dont la sauce, très classique, est goûteuse comme il se doit avec un tel plat mijoté. L'aurait-on souhaitée plus légère? Après discussion sur les variations de ce classique, nous n'avons pas d'opinion arrêtée sur le sujet.
Pour le dessert, soyez avertis, une confusion de vocabulaire entre «torta» et «gâteau» semble s'être glissée sous l'accent de notre serveur. Les «tortes» au chocolat et aux fraises, nos deux choix, se révèlent être des gâteaux. Et si le chocolaté a un peu de caractère, le gâteau aux fraises a un petit côté Club Price qui déçoit compte tenu de la qualité qu'on attend d'un restaurant affichant le niveau de prix de celui-ci.
Comme on s'attendrait d'ailleurs à pouvoir trouver un express ou un allongé en fin de parcours. «On a seulement du café ordinaire», me répond-on malheureusement. Ordinaire, en effet, comme le fait que la tisane qui arrive ne soit pas la tisane demandée ou que le type à la table d'à côté allume, après avoir terminé son repas, cigarette sur cigarette. Il y a des fumeurs devant et des fumeurs derrière. C'est un manque, et il serait bien d'y voir.
Bilan de la soirée? Un brin de perplexité. Bien mangé, bien bu, merci merci petit Jésus, mais que de petits os et de petits manques. Pour que la formule assez bien pensée nous donne envie d'y retourner, il faudrait qu'un peu plus de rigueur y soit appliquée.
Un copieux repas pour deux personnes vous coûtera environ 65 $ avant vin, taxes et service.
Osso Bucco
29, rue Saint-Stanislas
Québec
% (418)694-2267
***
Les nappes du mois
Qu'elles soient de récentes découvertes ou des repaires revisités, voici certaines des bonnes tables de la capitale, tous budgets et tous arrondissements confondus, du petit sympathique au grand rendez-vous gastronomique.
La Crêperie de Sophie
48, rue Saint-Paul
% (418) 694-9595
Tout ce qu'on peut demander d'une crêperie: beau, bon, pas cher. Et, comme les menus illustrés le laissent déjà supposer, sympathique pour la famille: à peine le temps de s'asseoir que nos deux grands avaient reçu crayons de couleur et cahiers. Les formules déjeuners, pour la fin de semaine, sont particulièrement économiques. Des repas agréables,
pour une bouchée de crêpe.
Le Graffiti
1181, avenue Cartier
% (418) 529-4949
Ce vétéran gastronomique du
Petit Quartier a récemment complété ses rénovations par l'ouverture d'une nouvelle (et meilleure) verrière sur l'avenue Cartier.L'essentiel n'a toutefois pas changé: un service professionnel et courtois, une cuisine savoureuse et bien présentée, et l'une des meilleures cartes des vins de Québec. Un classique qui sait se renouveler.
Le Tire-Bouchon
1648, chemin Saint-Louis
% (418) 527-8778
Dans sa très colorée maison du chemin Saint-Louis, ce restaurant a ouvert ses portes le printemps dernier, sur les cendres de La Fougasse. Grâce à une authentique cuisine française préparée avec un soin évident, du cassoulet impeccable au confit de canard goûteux, l'endroit s'impose avec raison sur son bout de terrain.
Caramba! Bistro mexicain
1055, rue de La Chevrotière
% (418) 523-9191
À l'ombre du Complexe G (pardon, de l'édifice Marie-Guyart), un bistro mexicain qui sert une cuisine authentique et bien mitonnée (guacamole ranchera, ceviches, pollo pibil, bouillabaisse mexicaine, etc.), relevée juste comme il faut. Décor chaleureux et service sympathique (avec un menu midi à petit prix) en font un endroit des plus recommandables.