Rousseau: je t'aime un peu, passionnément, à la...

En dérivant dans les méandres de la région Rhône-Alpes, sur les traces de Rousseau, je me suis dit qu’à chaque fois que le philosophe écolo voyait une marguerite ou autre fleur qui l’excitait, il se mettait à l’effeuiller…
Cela s’est passé dans les Monts du Pilat, où Rousseau est venu jouer les herboristes. Pas de marguerites, mais des millions de jonquilles qui trouvent dans les prés,la présence établie et séculaire de leurs amours éphémères, avec le vent comme voyeur de leur reproduction.
Pas tous les jours, mais seulement quelquefois… Comme à la maison des Charmettes. Mais ce fait n’est pas seulement celui de la Région Rhône-Alpes de faire d’un local à temps partiel un souvenir à temps plein.
J’ai déjà habité dans un appartement à Paris, devant le café Procope, où Molière avait passé deux nuits, sans écrire une ligne. J’ai pourtant passé une semaine à dormir sobrement, tout en me récitant des lignes des Précieuses ridicules. Une nuit, j’ai cru voir Mr Jourdain qui remontait un rossignol mécanique… Et bu toute une nuit dans un bar de la rue de Montessuit ou Ian Morrisson en avait éclusé 10 fois plus en quelques minutes.
Pour le Parc Régional du Pilat http://www.parc-naturel-pilat.fr/, on peut se le faire, avec ou sans Rousseau.
Des centaines de kilomètres de randonnées forestières avec des niveaux de difficulté à teneur variable.
À signaler la présence d’un relais de petite montagne, la ferme auberge de la Jasserie http://www.lajasserie.com/ avec une table de très bonne bouche et des lits spartiates, sur le modèle des hôtels capsules au Japon, mais en rustique.
En lisant les Rêverie, une suite des Confessions, le tout à titre posthume… Rousseau écrit :
«J'aurais aimé les hommes en dépit d'eux-mêmes.»
«Mais moi, détaché d'eux et de tout, que suis-je moi-même ? Voilà ce qui me reste à chercher.»
«Ces feuilles ne seront proprement qu'un informe journal de mes rêveries.»
«Je fais la même entreprise que Montaigne, mais avec un but tout contraire au sien : car il n'écrivait ses Essais que pour les autres, et je n'écris mes rêveries que pour moi.»
C’était hier, et je venais de comprendre le cadeau de Grand-père. Les Confessions et les Essais… Pour moi ou pour les autres…
En finissant à Lyon, les traces de Rousseau sont aussi infimes que le rut des émeus en Languedoc Roussillon. Et cerise sur le Kuchen («gâteau» en allemand), la guide d’origine autrichienne, tirait une mine de bœuf alpin, sans aucune connaissance de Rousseau. Une fenêtre, une rue et une traboule, comme à Chambéry.
Une consolation tout de même, celle de finir dans un des meilleurs bouchons lyonnais: la Machonnerie. Joseph Viola, Meilleur ouvrier de France, fait déguster une cuisine savoureuse, rigoureuse et bourgeoise www.lamachonnerie.com. Indice sécuritaire, c’est un ami de Philippe Mollé, mon confrère du Devoir. Autre indice de rapprochement québécois (en dehors du fait que Lyon soit jumelé à Montréal), il importe du sirop d’érable pour conforter certains desserts.
Dans le registre des bouchons, comme il n’y a pas de classification ni de registre sévère, j’ai déjà fait dans un bouchon lyonnais, l’avalage d’une merguez-frites. Ce n’est plus un bouchon, c’est un boui-boui. Certes sympathique, où un gras à la guitare, me faisait le Top Ten Des Gipsy King.
Dodo à l’hôtel Globe et Cecil, estampillé 4 étoiles www.globeetcecilhotel.com. J’en enlève une, non pas pour sa proximité piétonne de la Place Bellecour, mais pour des chambres qui font dans le parcours sur la pointe des pieds pour atteindre la salle de bains et les toilettes, et également pour un petit déjeuner buffet au minimum servi le matin dans un salon où les sièges sont des sièges de jardins très colorés. Un trip de décorateur, mais pas un trip de touriste. Il y a le Wi-fi disponible, mais il serait indécent qu’il n’y en ait pas… pour Lyon http://www.lyon-france.com/.
En rappel de ma mémoire, un hôtel surprenant, l’hôtel Altedia à Chambéry. http://www.hotel-altedia.com/. Placé à une sortie d’autoroute, j’ai cru que mon lit serait un croisement entre les 24h du Mans et le Grand Prix de Montréal, vue de la Rue Peel. Silence étonnant, service super sympa, amical et jeune. Bouffe de bonne tenue, sauna, Wi-fi…
Je fus réveillé par un merle moqueur, qui essayait de faire sans succès son LA.
Parlant musique, Rousseau avait un faible pour Glück, compositeur allemand, qui réforma à sa manière l’opéra, alliant nature et lyrisme, devenant chef des Gluckistes face aux piccinnistes italiens.
Cela ne donna jamais des opéras joyeux.
Et en passant par le Döme Théatre d’Albertville, http://www.dometheatre.com/ j’eus la malchance d’assister à Orphée (histoire pas drôle) mais en plus, en version symphonique.
Ayant déjà assisté à cet opéra au festival d’Aix-en-Provence, en formule opéra et danse, je me rappelle être sorti au 2e acte.
Pour cette version symphonique réécrite par Berlioz (un autre pas très gai), d’un statisme déconcertant, avec version sous-titrée sur écran géant de la soprano batave, avec accent grandiloquent… je suis sorti au premier acte.
J’ai batifolé avec des jeunes sans domicile fixe en terrasse, le cell à la main, qui m’ont confié que Rousseau devrait voter Le Pen.. Cela m’a coûté 3 bières.
J’ai compris ce soir-là pourquoi Rousseau avait des problèmes avec son soi-même et avec les autres…
Seule une fleur ou une herbe peuvent un peu effacer le terreau psychologique. Et c’est tant mieux pour l’avenir des peuples !!!
Ce n’est pas du tout obligatoire de faire la région Rhône Alpes sous les auspices de Jean Jacques.
Je vous conseille même un truc: lisez tout Rousseau en Livre de poche, avant votre séjour et partez l’esprit libre dans cette si belle région de région Rhône-Alpes
http://fr.rhonealpes-tourisme.com/
Quand vous voyez une pâquerette, n’importe où, agenouillez-vous et dites tout bas à l’oreille de la fleur: «Comment le parfum des fleurs, le charme de la verdure, l'humide vapeur de la rosée, le marcher mou et doux sur la pelouse, enchanteront-ils les sens!»
C’est dans l’Émile…
Prenez là et chuchotez : je t’aime… un peu… passionnément… à la…