Aller-retour en avion: le plus dur sera l'aller

Il est commun de penser que, lorsqu’on voyage en avion, lors d’un aller-retour vers une même destination, le retour nous apparaît beaucoup plus rapide. En avion, mais aussi en train.
L’impression est très forte, l’illusion devient réelle. On a toujours pensé qu’à l’aller, l’inconnu (en avion, cela peut être la conformation de l’appareil; en train, des paysages nouveaux) était un facteur qui donne l’impression de ralentir le temps. Au retour, le connu diminue cette impression et au contraire, l’accèlère. On y pensait mais il fallait le dire.C’est ce qu’on fait Niels Van de Ven et sa bande à l’Université de Tilburg aux Pays-Bas. Niels est un psychologue reconnu dans le monde des illusions poétiques ou matérielles. Il s’est spécialisé dans les affres de l’abstrait pour expliquer les concrets.
D’après eux, quand on emprunte un trajet pour la première fois, on a un réflexe à sous-estimer sa durée. Cet optimisme du futur nous conditionne à notre insu… Et donc, plus on croit que cela va être rapide, plus on trouve que c’est long. Au retour, au contraire, on se dit que cela va être long et on est alors surpris d’arriver aussi vite! Les chercheurs affirment que l’effet est si fort qu’il se traduit sur un autre itinéraire de même durée.
J’abrège, car le rapport fait une centaine de pages. J’ai essayé de savoir sur qui ont été faites ces recherches: des souris, des lapins, des chimpanzés, des hommes chaussant du 12 ou des femmes veuves? Je n’ai pas eu de réponses.
Alors j’ai testé le Montréal-Paris dernièrement, aller-retour. Même compagnie, même avion et même équipage. Je sais, le retour d’Europe est plus long… Mais j’ai dormi à l’aller et lu au retour, De près et de loin, de Claude Lévi-Strauss, et chanté à tue-tête dans la mienne l’intro de Lohengrin Wer hier im Gotteskampf zu streiten kam.
Eh bien, le retour a été beaucoup plus long… dans ma tête et en réalité. Wagner? Lévi-Strauss? De plus, l’appareil a pris une heure de retard pour de sombres raisons.
Pour en savoir plus: The Return Trip Effect