La langue de bois de Coderre

Denis Coderre ne recule devant rien pour devenir maire de Montréal. Même pas devant la langue de bois et le baratin. On le disait partisan du franc parler, non? Dans son discours formaté de jeudi devant des manifestants masqués, il a promis d'être «un leader», «un rassembleur compétent et inclusif».
Qu'est-ce que ça veut dire? Pas grand chose dans ces termes usés à la corde qui ont dû se retrouver dans la bouche de Gérald Tremblay lors des élections de 2009. L'animateur Guy Simard au 98.5, le lui a d'ailleurs rappelé ce vendredi matin.«On a eu un maire, pendant des années, qui nous bourrait de phrases vides: "grappes industrielles", "nous allons relancer Montréal", bla bla, mais en arrière, il ne voyait rien passer! Et quand il s'est présenté devant la commission [Charbonneau], il a dit "je ne savais pas". "Je n'étais pas au courant". "Ce n'est pas moi". Coderre s'enligne-t-il pour faire exactement la même chose? Des belles phrases vides, il nous en [offre] un bon paquet!»
M. Coderre a adopté aussi le discours de la «ville "intelligente"». Le terme, en forme d'insulte à l'intelligence, est stupide. D'accord, avoir accès à des bases de données informatiques et s'en servir de manière systématique peut sûrement aider à la prise de décision. Cédant à une sorte de poésie techno, M. Coderre ajoute cependant : «C’est en fait le modèle par excellence de résilience, de gouvernance et de développement durable». Réussir à caser «résilience», «gouvernance» et «développement durable» dans la même phrase… il faut être fort! On dirait que l'aspirant maire jouait au «bullshit bingo».
Le baratin aime les affirmations étranges comme:«Nous ne définissons plus le monde par les continents ou les pays mais bien par les villes.» Ein? Cela signifie-t-il qu'aux Jeux Olympiques, à l'ONU et à l'OMC, il n'y a maintenant que des villes? Si oui, je n'avais pas remarqué. Évidemment, ça ne veut rien dire. Comme cet autre morceau de baratin : «Si on veut que Montréal entre véritablement dans le XXIe siècle, qu’elle devienne efficace et efficiente.» «Entrer dans le XXIe siècle»! Le baratin ici, est usé comme un vieil emballage des années 1990. Ou de 2003: le soir de sa victoire, Jean Charest a justement déclaré ceci : «Enfin, le Québec s'est donné un gouvernement du XXIe siècle!»