L'histoire politique du Québec en format CLOM

L'Assemblée des six-comtés, par Charles Alexander Smith (extrait)
Photo: L'Assemblée des six-comtés, par Charles Alexander Smith (extrait)
Un peu de français dans un univers inondé par une offre principalement en anglais. La TÉLUQ, institution scolaire versée depuis des lunes dans l'enseignement à distance — elle a commencé à l'époque du VHS! — a décidé d'investir le monde des cours en ligne ouverts et massifs (CLOM), ce que les Anglos appellent MOOC, pour Massive Open Online Courses (MOOC).

Sous une bannière au nom de circonstance, Ulibre, la maison d'enseignement offre en effet pour cette rentrée deux cours gratuits ouverts à tous les internautes à travers le monde. Un premier intitulé Introduction à l'histoire politique du Québec et un deuxième sur la Conciliation Travail-Famille. Ce nouveau mode de transmission de la connaissance, qui vient dématérialiser le principe de la salle de classe, repose sur la technologie ouverte Open EdX, se targue la TÉLUQ.

Présentés comme les marqueurs d'une révolution en marche dans le monde de l'éducation, les CLOM font timidement leur apparition dans la francophonie, alors qu'ils se répandent depuis quelques mois, comme l'angoisse dans un groupe d'étudiants à la veille d'un examen, du côté anglophone, poussés entre autres par des Universités célèbres. Stanford et l'Université de New York sont du nombre. En février 2013, dans les pages du Devoir, un universitaire déplorait d'ailleurs le retard du Québec en la matière.

Un an plus tôt, le New York Times a d'ailleurs consacré 2012 comme l'«année des CLOM» en pointant de son doigt analytique la multiplication de contenus sur des sites comme Coursera — lié à l'Université Stanford —, EdX — liés au Massachusetts Institute of Technologies, Harvard et Berkeley — ou encore Udacity, zone éducative virtuelle alimentée par le secteur privé et imaginé par un ancien employé de Google. Plusieurs de ces universités numérisées se foutent d'ailleurs des frontières linguistiques, en offrant des versions traduites en français et d'autres langues de plusieurs de leurs cours. Au Québec, l'Université McGill a également posé ses balises sur ces nouveaux chemins de la connaissance avec McGillX.

Jusque-là très versés dans les sciences dites exactes et les thèmes à saveur informatique, les CLOM tendent à s'ouvrir de plus en plus vers les matières relevant des sciences humaines et sociales, comme en témoignent d'ailleurs les centaines de nouveaux cours en ligne qui ont fait leur apparition cet été, invitant subtilement les internautes à partir en vacances pour en revenir avec d'autres formes de bagages.

Le concept est perçu par plusieurs, dans le monde de l'éducation, comme une façon de réduire les coûts de fonctionnement à l'ère des restrictions budgétaires, d'étendre le rayonnement et la renommée des universités à travers le monde, mais également de mettre l'offre éducative au diapason d'une génération montante obsédée par les écrans, l'ubiquité et les horaires atypiques. Entre autres lubies!

À ce jour, plus de 6 millions d'étudiants à travers le monde auraient succombé à l'appel du CLOM, selon les chiffres fournis par les principaux acteurs de ce milieu. Un milieu plein de possibles, porteur d'avenir, mais qui prête également régulièrement flanc à la critique, en raison d'une statistique étonnante qu'il façonne: d'ordinaire, moins de 10 % des personnes inscrites à un CLOM se rend jusqu'à la fin du cours et l'examen final, ce qui, mathématiquement, correspond à un taux de décrochage démesuré de plus de 90 %, qui
à lui seul, mériterait de se retrouver au coeur d'un CLOM qui pourrait s'intituler: modernité, espoir et paradoxes.
 

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