L'autre Limoilou

Beaucoup n’ont pas les moyens d’acheter des produits dans les nouveaux commerces qui ont poussé sur la 3e Avenue, mais apprécient les changements quand même.
Photo: Yan Doublet Archives Le Devoir Beaucoup n’ont pas les moyens d’acheter des produits dans les nouveaux commerces qui ont poussé sur la 3e Avenue, mais apprécient les changements quand même.
L’engouement des dernières années pour le quartier Limoilou, à Québec, n’a pas été sans conséquences pour les résidants moins fortunés qui y vivaient déjà, révèle une étude. Toutefois, les tensions entre les deux groupes seraient limitées par la présence de nombreux logements sociaux.

Intitulée Limoilou: un territoire aux visages multiples, l’étude a été produite par l’Approche territoriale intégrée (ATI) de Limoilou, un organisme local de lutte à la pauvreté. Elle résulte d’une consultation menée auprès de 140 personnes, dont 38 % se disent pauvres.

Ces personnes ont été rejointes par les organismes communautaires du secteur. La majorité des répondants sont âgés entre 51 et 65 ans et vivent seuls.

«On a de plus en plus de condos et de moins en moins de logements locatifs», a déploré l’une des personnes consultées. «La crainte, c’est que les nouveaux services créés soient pour une clientèle aisée.»

Beaucoup n’ont pas les moyens d’acheter des produits dans les nouveaux commerces qui ont poussé sur la rue principale (la 3e Avenue). Or ils apprécient les changements quand même. «Il n’y a rien sur la 3e Avenue pour nous. C’est trop cher. Ce n’est pas pour nous, mais c’est très joli pour aller prendre une marche.»

La qualité de vie des gens est toutefois renforcée par l’offre en transports en commun et celle d’espaces verts. Mais c’est le type d’habitation qui fait la différence, selon Sébastien St-Onge, chargé de projet responsable de l’étude. «Limoilou est bien pourvu en logement social. On tenait à l’établir et le marquer à gros traits.»

Beaucoup de personnes rencontrées pendant les consultations, avaient peu de moyens, mais jouissaient d’une belle qualité de vie grâce à leur logement social, poursuit-il. «Ils avaient un tissu familial plus fort, un réseau amical plus développé et parce qu’ils payaient leur logement moins cher que ceux qui habitent en chambre privée, ils ne se percevaient pas en situation de pauvreté.»

Au-delà de la 3e Avenue et du Vieux-Limoilou, le portrait produit par l’ATI documente aussi la réalité de secteurs moins connus de Limoilou comme Maizerets et Lairet où la présence d’immigrants est marquée. Dans Maizerets, certaines personnes consultées déplorent le manque de services de proximité et de logements sociaux. Dans Lairet, où l’aménagement urbain ressemble plus à celui des banlieues, on déplore le manque de lieux de rencontres et d’activités communautaires.

L’ATI et les organismes communautaires comptent s’inspirer du document pour orienter leurs actions au cours des prochaines années.

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