L'art qui dérange a-t-il encore sa place?

Certains ont crié à la censure. D'autres ont parlé d'un manque de courage. L'annulation de la projection du film Murs aveugles par la Biennale de Montréal, jeudi, est due à une raison plus terre à terre: la propriétaire du bâtiment où l'oeuvre était diffusée a demandé que cesse la projection.
Oui, c'est aussi simple que ça. La frontière entre espace public et espace privé est mince, même dans le Quartier des spectacles. À la fin, l'espace privé a gagné dans ce cas-ci.
Vivianne Chow, propriétaire du bâtiment, a confirmé au Devoir qu'elle n'appréciait pas les graffitis et le feu qui étaient projetés sur l'édifice. «Le feu, sur le mur, ce n'est pas acceptable. Dans la coutume chinoise, c'est très mauvais», dit-elle.
Dans les jours suivant le début de la Biennale, quelqu'un a fait éclater une vitre de son restaurant en pleine nuit. Autre mauvais présage. Elle a demandé qu'on mette fin à la projection.
Ce feu, ces graffitis, ces slogans et bien d'autres éléments «dérangeants» font partie de Murs aveugles, un film inspiré du mouvement Occupy qui dénonce les inégalités, l'austérité, l'embourgeoisement. L'artiste Isabelle Hayeur conçoit l'art comme une sorte de combat.
«Ce projet se démarque de ceux qui sont habituellement présentés au Quartier des spectacles, écrit-elle. Il n'a pas été créé pour mettre en valeur un édifice, pour agrémenter une place publique ou pour divertir... Il relève des arts visuels, pas de l'animation urbaine. Son contenu interpellait réellement et suscitait la réflexion.»
«Montréal a besoin de plus d'œuvres publiques de ce genre. L'art véritable dérange, bouleverse, émeut... Il n'est pas là pour rassurer, égayer ou endormir», ajoute-t-elle.
La Biennale a défendu l'oeuvre. Mais au bout du compte, la propriétaire du bâtiment avait le dernier mot, explique Sylvie Fortin, directrice générale de la Biennale. «Il y a eu un mur et on s'est frappé dessus. C'est un mur privé. Les propriétaires ont les droits ultimes dans une situation comme celle-là.»
Fait à noter, c'est le Quartier des spectacles et non la Biennale qui gère les liens avec les propriétaires des bâtiments où sont projetés les films.
Isabelle Hayeur déplore la façon un peu souterraine dont son oeuvre a été écartée. Et elle se demande si l'art qui dérange a encore sa place dans l'espace public. «Quel espace ménage-t-on pour ces réflexions dans nos villes et dans la vie politique d'aujourd'hui? Il me semble le voir se rétrécir à vue d'œil.»
Oui, c'est aussi simple que ça. La frontière entre espace public et espace privé est mince, même dans le Quartier des spectacles. À la fin, l'espace privé a gagné dans ce cas-ci.
Vivianne Chow, propriétaire du bâtiment, a confirmé au Devoir qu'elle n'appréciait pas les graffitis et le feu qui étaient projetés sur l'édifice. «Le feu, sur le mur, ce n'est pas acceptable. Dans la coutume chinoise, c'est très mauvais», dit-elle.
Dans les jours suivant le début de la Biennale, quelqu'un a fait éclater une vitre de son restaurant en pleine nuit. Autre mauvais présage. Elle a demandé qu'on mette fin à la projection.
Ce feu, ces graffitis, ces slogans et bien d'autres éléments «dérangeants» font partie de Murs aveugles, un film inspiré du mouvement Occupy qui dénonce les inégalités, l'austérité, l'embourgeoisement. L'artiste Isabelle Hayeur conçoit l'art comme une sorte de combat.
«Ce projet se démarque de ceux qui sont habituellement présentés au Quartier des spectacles, écrit-elle. Il n'a pas été créé pour mettre en valeur un édifice, pour agrémenter une place publique ou pour divertir... Il relève des arts visuels, pas de l'animation urbaine. Son contenu interpellait réellement et suscitait la réflexion.»
«Montréal a besoin de plus d'œuvres publiques de ce genre. L'art véritable dérange, bouleverse, émeut... Il n'est pas là pour rassurer, égayer ou endormir», ajoute-t-elle.
La Biennale a défendu l'oeuvre. Mais au bout du compte, la propriétaire du bâtiment avait le dernier mot, explique Sylvie Fortin, directrice générale de la Biennale. «Il y a eu un mur et on s'est frappé dessus. C'est un mur privé. Les propriétaires ont les droits ultimes dans une situation comme celle-là.»
Fait à noter, c'est le Quartier des spectacles et non la Biennale qui gère les liens avec les propriétaires des bâtiments où sont projetés les films.
Isabelle Hayeur déplore la façon un peu souterraine dont son oeuvre a été écartée. Et elle se demande si l'art qui dérange a encore sa place dans l'espace public. «Quel espace ménage-t-on pour ces réflexions dans nos villes et dans la vie politique d'aujourd'hui? Il me semble le voir se rétrécir à vue d'œil.»
MURS AVEUGLES from Isabelle Hayeur on Vimeo.