Migrants: les Canadiens divisés

Le rôle que devrait jouer le Canada pour atténuer la crise des migrants ne divise pas que les partis politiques: la population est-elle aussi perplexe, révèle un sondage Angus Reid dévoilé vendredi.

 

Le coup de sonde mené à chaud dans la foulée de la publication de la photo du petit Aylan Kurdi indique que 70% des répondants pensent que le Canada a un rôle à jouer dans cette crise. Mais lequel?

 

Faut-il admettre plus de réfugiés ici (le Canada a accueilli 2374 réfugiés syriens depuis deux ans, sur les 11 300 promis par le gouvernement)? 54% des répondants le pensent. Mais si autant de sympathisants libéraux que néodémocrates (62%) adhèrent à cette idée, une minorité de conservateurs (39%) sont de cet avis.

 

Ou bien faut-il dépenser plus d’argent? Un peu plus de la moitié des répondants (51%) le pense.

 

Si 78% des gens estiment que les migrants sont de vrais réfugiés fuyant la violence de leur pays d’origine, il s’en trouve 22% pour dire que ce sont là des «criminels ou des opportunistes» qui cherchent à contourner les règles normales d’immigration. Près de quatre conservateurs sur dix (37%) pensent ainsi.

 

De manière générale, les répondants qui se disent conservateurs sont moins enclins à dire que le Canada doit intervenir et en faire plus pour aider les migrants. Ce qui fait dire aux analystes d’Angus Reid que le message du premier ministre Harper résonne bien auprès de sa base d’électeurs.

 

Par contre: Angus a mesuré les intentions de vote en fonction de l’appartenance religieuse des répondants. On apprend donc que 45% des chrétiens pratiquants pensent voter conservateur, contre 25% pour le NPD et 20% pour les libéraux. Les chrétiens non-pratiquants sont répartis dans la marge d’erreur: 27% conservateurs, 30% libéraux et 33% néodémocrates.

 

Or, les chrétiens pratiquants sont plus favorables que les non-pratiquants (ou que ceux qui ne se revendiquent d’aucune religion) à ce que le Canada accueille plus de réfugiés que ce qui est actuellement prévu. Ce qui montre, selon Angus, que même les conservateurs sont divisés par cet enjeu.

 

Le sondage a été mené en ligne jeudi (jour où le dossier des migrants a occupé toute l’actualité politique au Canada) auprès de 1447 personnes. Un échantillon probabiliste de cette taille aurait une marge d’erreur de 2,6% dans 19 cas sur 20.

 

Tous pareils?
 

Un autre sondage — celui-là mené par Ipsos pour Global News — montre que 40 % des Canadiens estiment que les trois grands partis fédéraux sont essentiellement « du pareil au même ». 42 % disent qu’il est difficile de dire la différence entre les libéraux et les néodémocrates, 31 % ne voient pas celle entre les libéraux et les conservateurs, et 23 % estiment que conservateurs et néodémocrates sont similaires.

 

56% des répondants estiment que le NPD n’est pas le même parti qu’il y a dix ans. Les conservateurs n’ont pas changé (68%), selon les répondants. Alors que pour les libéraux… ce n’est pas très clair, avec 50% des répondants qui estiment que le parti est essentiellement le même qu’en 2005 (à l’époque de Paul Martin).

 

Ce sondage a été mené en ligne auprès de 1000 personnes entre les 24 et 26 août. Il aurait une marge d’erreur de 3,5% si l’échantillon était probabiliste.

 

Intentions de vote
 

Finalement, une enquête menée auprès de 3245 personnes par Ekos (entre le 26 août et le 1er septembre) indique que la course est pour ainsi dire égale à travers le pays (ce que plusieurs coups de sonde laissent entendre, à quelques degrés près).

 

Le NPD domine toujours (30,2%), mais se trouve à égalité statistique avec les conservateurs (29,5%), alors que les libéraux sont proches (27,7%). Les nouvelles ne sont pas très bonnes pour le NPD de Thomas Mulcair, donné en recul de 3,4 points. À part au Québec, le NPD a perdu du terrain partout à travers le pays.

 

Dans la province, le sondage donne le NPD loin devant (42%), avec les trois autres partis au coude à coude (17% ou 18% d’appuis).

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