Revue de presse - Y a-t-il un multicul... terrorisme en Angleterre? Au Canada?

Le multiculturalisme a-t-il contribué à financer le terrorisme? Le National Post répondait par l'affirmative à cette question hier dans un éditorial intitulé «La haine subventionnée par l'État». Il citait une découverte faite par le concurrent, le Globe and Mail, selon laquelle les terroristes du 7/7 (nouvelle appellation des attentats du 7 juillet à Londres; après le 11/9 à New York, il y a eu le 11/4 à Madrid; bref, comme on dit en langage de communications radio: 10-4?), les terroristes du 7/7, disions-nous donc, étaient de prétendus bons garçons qui fréquentaient un centre d'assistance sociale permanente, le Hamara Youth Access Point.

C'est là que les terroristes ont connu des leaders djihadistes extrémistes. Comme le groupe qui a commis les attentats du 11 septembre 2001, qui s'était connu dans un centre de prière à Hambourg, c'est donc dans «les marges de la vie occidentales» que se sont préparés les attentats du 7 juillet. Le plus choquant dans cette histoire, selon le Post: ces centres «existent grâce à l'appui financier du gouvernement britannique et de l'Union européenne qui, comme Ottawa, se précipitent pour financer tous les projets multiculturels, quelle qu'en soit la description». Alors que les autorités allemandes s'étaient malgré tout montrées suspicieuses à l'endroit de Mohammed Atta (le chef des terroristes du 11 septembre 2001), l'État anglais, au contraire, n'a rien vu et «a même objectivement appuyé les extrémistes dans leurs projets mortifères».

L'État a-t-il eu le centre Hamara à l'oeil, question de s'assurer qu'il finançait le bon type d'organisme? «Il semble bien que non», dit le Post, qui précise que, selon ses propres règles, l'État anglais devait voir à ce que l'aide financière soit utilisée pour des activités «séculières et apolitiques». Or non seulement les djihadistes avaient pris le contrôle du centre Hamara, ses murs étaient ornés d'affiches farouchement pro-islamiques et de publicités du Respect Party, une formation politique antiaméricaine. Au centre Hamara, ceux qui se sont plaints de cette domination des extrémistes «ont été rossés», note le Post.

Les nouvelles mesures annoncées par Tony Blair mercredi devraient certes être considérées comme «un bon début», écrit le Post: elles vont permettre l'expulsion de ces «extrémistes islamiques» de la Grande-Bretagne. Mais la réforme doit être plus profonde, opine le Post, «puisque ce qu'on vient d'apprendre remet en question les principes fondamentaux du multiculturalisme subventionné par l'État». En somme, «ce dont les extrémistes du centre Hamara avaient besoin, ce n'est pas l'argent des contribuables mais une intégration dans les normes humaines de la société occidentale».

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Ainsi, les terroristes ne provenaient pas de l'étranger mais étaient nés et avaient grandi en Angleterre. Ils étaient des homegrown, qu'on ne peut certainement pas traduire par «du jardin», comme mon stupide dictionnaire anglais-français me le propose. Mais enfin, vous comprenez. 10-4.

Donc, des «petits gars de la place», musulmans mais nés en Angleterre, ont commis des attentats, ce qui, selon plusieurs commentateurs, représente «le pire scénario possible»: «Nos plus grandes peurs ont été confirmées.»

Hier dans le Globe, Rick Salutin s'étonnait de l'attention qu'on accordait à cet aspect des choses. Après tout, «dans les histoires de viols, le coupable fait la plupart du temps partie de la famille ou en est un proche. Et la violence dans la tradition occidentale? Le premier assassin, ce fut Caïn, le frère d'Abel. Plus près de nous, lorsqu'il y a des attentats dans les cliniques d'avortement, [...] personne ne se demande si les coupables sont des "petits gars de la place" ou non. Tout ce qu'on veut savoir, c'est ceci: qui a fait ça?» Salutin poursuit avec l'exemple de l'attentat d'Oklahoma City: «Lorsqu'on a appris que le coupable était américain et non arabe, contredisant les rumeurs initiales, personne n'a dit que "le pire scénario se réalisait".» Pourtant, ils étaient bien homegrown, ces terroristes.

Selon Salutin, ce qui, au fond, se cache sous cette histoire d'homegrown et sous la formule du «pire scénario», c'est une «peur raciale». Peur de voir confirmer l'idée selon laquelle «on ne peut pas faire confiance à ces gens-là, "au teint foncé", parmi "nous"». Peur de prendre conscience que «ce fut une erreur de les laisser s'établir chez nous»... dans notre jardin. Salutin, lui, laisse entendre qu'il craint plutôt que ces «peurs raciales» n'en mènent plusieurs au racisme.

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Les inquiétudes du cardinal Ouellet ne sont pas fondées. C'est ce qu'affirmait le Globe and Mail en éditorial principal hier. Devant un comité du Sénat, le cardinal Ouellet, aussi primat de l'Église catholique au Canada, a averti le comité que lorsque la loi sur le mariage homosexuel sera en vigueur, les gens qui y sont opposés pour des raisons religieuses seront taxés d'être «étroits d'esprit», «antihomosexuels» et «homophobes». Ils risquent donc d'être traînés devant les tribunaux. Selon Ouellet, cette loi fait aussi en sorte que l'État considère le comportement homosexuel comme un «bien social».

Le Globe, favorable à cette fameuse loi, estime que le cardinal a exprimé son opinion de manière mesurée. Par conséquent, «il mérite une réponse mesurée», dit-il.

Selon le journal, il est d'abord faux que l'État, par cette loi, consacre les comportements homosexuels comme un «bien social». Il ne fait que prendre acte du fait que l'homosexualité est une réalité. Il dit ensuite que les couples de même sexe devraient être égaux devant la loi et que le «bien social, c'est de les inclure dans les règles générales du mariage». Le lien juridique et social ne fait que reconnaître la profondeur de l'engagement des membres du couple.

Le Globe souligne ensuite que la Charte des droits et libertés reconnaît la liberté de conscience et de religion de tous, y compris celle des Églises. Mais si quelqu'un affirme que les pratiques sexuelles des homosexuels «choquent Dieu» ou que «la Bible interdit de donner des droits aux homosexuels», «il est probable que le procureur général consente à poursuivre cette personne devant les tribunaux en vertu de la loi fédérale sur la propagation de la haine». Et cela pourrait se produire, ajoute le Globe, que la loi sur les unions homosexuelles soit entérinée ou non. Le Globe, se voulant rassurant pour le cardinal, note au passage que «la loi sur la propagation de la haine comporte des exceptions particulières pour les discours religieux»... En somme, il est peut-être vrai, comme le cardinal le dit, que «le climat a changé» et que les propos défavorables des prêtres à l'endroit des homosexuels ne sont pas aussi bien reçus qu'avant. Mais si ce qu'ils disent relève de l'homophobie, d'un discours de haine — par exemple, s'ils les dépeignent comme des «pécheurs, des sous-hommes» —, «ils méritent de se faire condamner», affirme le Globe. «Comme toute personne qui fait des déclarations controversées, ils doivent s'attendre à ce qu'on leur réplique.» Le Globe conclut ainsi: c'est ça, «la liberté d'expression, une autre des libertés reconnues par la Charte».

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