Sharon menace de déclencher des élections anticipées

Ariel Sharon était tout sourire hier au cours d’une rencontre de travail des comités de la défense et des affaires étrangères à la Knessett. Le premier ministre israélien, dont la popularité est en forte baisse, a causé une surprise en annonç
Photo: Agence Reuters Ariel Sharon était tout sourire hier au cours d’une rencontre de travail des comités de la défense et des affaires étrangères à la Knessett. Le premier ministre israélien, dont la popularité est en forte baisse, a causé une surprise en annonç

Ariel Sharon a surpris tout le monde hier en annonçant qu'il déclencherait des élections anticipées en janvier 2003 si ses alliés travaillistes et ultra-orthodoxes du Shass ne votent pas au Parlement son projet de budget d'austérité 2003, marqué par la récession et la seconde Intifada approuvée quelques heures plus tôt par les factions palestiniennes réunies à Gaza.

Le projet de budget d'austérité a été adopté de justesse fin juillet par le gouvernement, mais les ministres travaillistes et du Shass ont voté contre. Sans le soutien de ces deux formations au Parlement, Sharon ne pourra pas faire voter le budget lors de la session d'automne qui débute à la mi-octobre.

Les élections législatives doivent normalement avoir lieu le 28 octobre 2003.

L'économie israélienne connaît, depuis l'an dernier, sa pire récession en plus d'un demi-siècle sous l'effet conjugué de la forte augmentation des dépenses militaires provoquées par la poursuite de l'Intifada et de la crise de la haute technologie.

«À la question de savoir s'il est bon d'organiser des élections maintenant, je vous réponds clairement non. Mais peut-on laisser l'économie se détériorer davantage et la situation devenir plus grave? Certainement pas», a déclaré le premier ministre israélien.

Selon Ofir Pines, un parlementaire travailliste, Sharon est «surtout en train de se menacer» lorsqu'il évoque des élections anticipées, compte tenu de la baisse de neuf points de sa popularité, révélée la semaine dernière par un sondage.

«Peut-être souhaite-t-il des élections anticipées avant que les gens ne réalisent la gravité de la situation», a déclaré Pines sur une chaîne de télévision israélienne.

Sur le terrain politique, les factions palestiniennes ont entamé hier leur conférence dans la bande de Gaza pour mettre en place «une direction nationale unifiée». Le texte initial appelait à un arrêt des attaques contre des civils israéliens. Mais, au fur et à mesure des discussions, ce langage s'est durci et le texte final approuve désormais la deuxième Intifada.

Le Fatah de Yasser Arafat dirigeait ces discussions en coulisses. Il a proposé un texte appelant à mettre un terme aux attentats contre des civils en Israël, selon des participants aux débats. Cette tournure modérée a finalement cédé la place à des termes visant à approuver la deuxième Intifada: «Nous soulignons la légitimité de notre résistance contre l'agression, l'occupation et les colonies israéliennes», précise la déclaration. En 22 mois de violences, plus de 1800 Palestiniens et de 600 Israéliens ont trouvé la mort.

Toutes les factions, parmi lesquelles le Hamas et le Djihad islamique, sont tombées d'accord sur le principe du texte, même si le Hamas consultait encore sa direction avant d'officialiser son accord.

Si tous les mouvements en acceptent les termes, les Palestiniens mettront en place une direction nationale unifiée de vingt membres, quelle que soit leur faction d'origine. Cette structure devra consulter Yasser Arafat et l'Autorité palestinienne pour l'organisation des élections qui auront probablement lieu en janvier prochain.

L'administration actuelle devrait rester en poste mais les pouvoirs dévolus à la nouvelle direction sont loin d'être précis. «Nous appelons à la mise en place rapide d'une direction nationale unifiée au sein de laquelle tout le monde participera» indique la proposition, qui prévoit également «un processus de réformes dans toutes les institutions palestiniennes».

L'Autorité palestinienne condamne régulièrement les attaques contre des civils israéliens, mais les groupes militants radicaux ignorent ces appels et multiplient les attentats. Les dirigeants palestiniens affirment qu'ils auront une plus grande influence sur le Hamas et d'autres mouvements en les faisant rentrer au bercail.

Malgré la violence quotidienne, Israéliens et Palestiniens ont organisé des discussions au cours des derniers jours, tandis qu'une délégation palestinienne se rendait à Washington la semaine dernière pour des entretiens avec de hauts responsables américains.

«Je ne peux pas dire que nous avons atteint un point capital dans nos discussions avec les Américains, mais je pense que c'est le point de départ sérieux d'un dialogue», a expliqué hier le négociateur palestinien Saeb Erekat.

Par ailleurs, un tribunal militaire israélien a ordonné en appel hier soir l'expulsion de trois Palestiniens de Cisjordanie vers la bande de Gaza pour soutien à des proches, auteurs d'attentats.

Le tribunal militaire de Beit El (Cisjordanie) a pris cette décision à l'encontre de Kifah Adjouri, 28 ans, et d'Intissar Adjouri, 34 ans, du camp de réfugiés d'Askar, et d'Abdel Nasser Assidi, 34 ans, du village de Tel, selon la télévision israélienne.

Tous trois sont les frères et soeur de Palestiniens recherchés par les services de sécurité israéliens pour avoir participé à l'embuscade contre un bus civil desservant la colonie juive d'Emmanuel le 16 juillet, qui avait fait neuf morts.

L'expulsion de proches d'activistes palestiniens est l'une des mesures prises par Israël début août pour tenter de réduire le nombre d'attentats.

Enfin, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, les forces israéliennes ont arrêté 13 Palestiniens, dont l'un est soupçonné d'avoir planifié un attentat suicide avec une mineure de 16 ans, a-t-on appris auprès de l'armée et de la police. Les 13 personnes font l'objet d'une enquête, a précisé l'armée.

À voir en vidéo