Passe-temps - L'escalade, de la simple balade à l'exploit
Longtemps, elle a été considérée comme la petite soeur de l'alpinisme, réduite à la préparation aux courses d'altitude. Elle devient une discipline à part entière dans les années 1960, en Californie. Vingt ans, et quelques séries de photos plus tard, la France sacre à son tour les grimpeurs «à mains nues». L'escalade devient un corps-à-corps avec le rocher et attire un public de plus en plus jeune. Tout ce qui est vertical est prétexte à grimper: falaises, rochers, mais aussi viaducs, murs. De la Bretagne aux gorges du Verdon ou de l'Ardèche, des calanques de Marseille aux falaises du Vercors, les sites se multiplient: 250 km de voies en 1982, 1000 sites répertoriés aujourd'hui, et des centres de vacances nombreux à la proposer en tant qu'activité.
Il y a cependant autant de façons de grimper — et de familles de grimpeurs — qu'il y a de rochers. Escalade extrême ou randonnée escarpée, exploit sportif ou sage sortie familiale: tout le monde peut trouver son plaisir, y compris les débutants. «En une semaine, les progrès peuvent être spectaculaires», garantit un professionnel. Les plus jeunes (dès 7 ou 8 ans), ont souvent moins d'appréhension que les adultes, mais les têtes brûlées sont vite calmées. L'escalade exige concentration et maîtrise de soi.Chaque voie est cotée
Le meilleur n'est pas forcément le plus grand et le plus musclé. Les timides peuvent mieux réussir et les filles dépasser les garçons. C'est aussi une remise en cause de la vision de soi: on découvre que l'on peut se bloquer, ou au contraire dominer ses émotions. Souplesse, puissance et résistance restent toutefois des qualités essentielles, la peur du vide n'étant, paraît-il, pas un obstacle, car «elle se travaille». «La tête compte autant que les bras et les jambes», témoigne Hugues, 16 ans et déjà huit ans de pratique derrière lui.
En théorie, on peut grimper partout où ce n'est pas interdit. Dans la pratique, on trouve trois types de sites. Les «sites sportifs», qui sont équipés à demeure et où le rocher est périodiquement observé et entretenu, les «sites de blocs» qui comportent des voies de courte hauteur (3 à 5 m) et ne nécessitent pas l'utilisation de corde, et enfin les sites dits «terrains d'aventure». Il existe par ailleurs des zones d'initiation qui ont été spécialement aménagées pour les débutants.
Sur les sites équipés, chaque voie porte un nom et est cotée sur une échelle qui va en France de 1 à 9, accompagnée parfois de lettres ou de signes (5+, 6b, 7a, etc.) pour préciser le degré de complication.
Des guides topographiques offrent une sélection d'itinéraires, par niveau de difficulté. On trouve également des brochures, spécifiques par département, disponibles dans les clubs ou offices du tourisme. L'Isère compte l'un des meilleurs potentiels de sites d'escalade de France. Avec près de 250 voies, les falaises de Presles, dans le Vercors, constituent un rendez-vous des grimpeurs. Pour l'élite, le site de Ceüze, dans les Hautes-Alpes, demeure toutefois la référence.
Également en milieu urbain
Depuis quelques années, l'escalade se pratique également en milieu urbain. Des prises multicolores ont envahi les murs et certains châteaux d'eau et viaducs sont devenus des lieux de «grimpe». Néanmoins, l'état d'esprit diffère de la pratique en milieu naturel, plus conforme à «l'éthique de la grimpe», estime Roland Douillet, le président du comité régional Dauphiné-Savoie de la Fédération française de la montagne et de l'escalade (FFME).
Grimper reste néanmoins un sport à risques. Le plus fréquent est la chute de pierres. Le port du casque est ainsi vivement conseillé. La qualité du matériel, généralement prêté par les clubs, est déterminante, notamment de la corde qui relie le grimpeur à la personne qui l'assure et le retiendra dans sa chute. La sécurité passe également par la formation. Le coût d'une sortie encadrée par un professionnel qualifié pour l'escalade oscille entre 20 et 23 euros pour la demi-journée, et celui d'une course entre 100 et 250 euros, selon la durée et la difficulté. Pour l'adhésion à un club (près d'un millier en France), comptez entre 60 et 150 euros, assurance comprise. Sinon, il est prudent de se renseigner auprès de sa compagnie.
Notre site préféré restera le col de la Chaudière, le bien-nommé tant le cagnard tapait ce jour-là entre Saillans et Bourdeaux. Tout petit face aux Trois Becs, qui dominent de toute leur arrogance, il faut se hisser à 1047 m par une route récalcitrante, capricieuse, mauvaise coucheuse. La descente sur Bourdeaux en sera d'autant plus bienfaisante. Car ce circuit de 98 km autour d'Aouste-sur-Sye aura peut-être été le point d'orgue de notre périple. Par ses virevoltes autour de la Drôme, et son passage par Saoû où tout cycliste qui se respecte se doit de boire à la fontaine du village, avant de rejoindre Aouste par le plus beau «synclinal perché» d'Europe.
Heureux et bien en jambes, nous n'étions pas loin de nous prendre pour nos grands aînés, Louison, Fausto, Eddy, Miguel, voire même Éric, lorsque, nous voyant passer, un gamin bravache lança à la cantonade: «Celui-là, on voit qu'il ne prend pas d'EPO.» Briseur de rêves!