Surmonter l’isolement

Isabelle Delorme Collaboration spéciale
Les universités entendent bien gommer une partie de l’incidence sociale dela pandémie avec des aides destinées aux étudiants les plus fragiles.
Photo: Getty Images Les universités entendent bien gommer une partie de l’incidence sociale dela pandémie avec des aides destinées aux étudiants les plus fragiles.

Ce texte fait partie du cahier spécial Enseignement supérieur

Pas facile de s’intégrer et de rester motivé lorsqu’on aborde la rentrée dans l’enseignement supérieur cette année. Dans le contexte de pandémie, les universités ont dû revoir leur copie pour s’adapter à la situation sanitaire en proposant une partie des cours sous forme virtuelle. Mais comment s’assurer que les étudiants ne décrochent pas derrière leur écran et ne sombrent pas dans le stress, l’anxiété, voire la dépression ?

Sur le site Internet de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), la chronique du 9 septembre de Carole Mallette, infirmière clinicienne du Service aux étudiants, ne faisait pas l’impasse sur le message préventif. « Il faut juste apprendre à respirer dans de nouvelles conditions de vie sociale, pour encore un bon bout de temps […]. Une journée à la fois et on va y arriver ! », scandait l’infirmière tout en encourageant les étudiants à communiquer avec son service pour tout problème de santé physique ou mentale, ou tout simplement pour parler.

Car l’UQTR a basculé environ les trois quarts de ses cours en virtuel, et certains étudiants sont restés chez eux. « Ce sont les plus fragiles, car ils sont en isolement », constate Carole Mallette. Les deux psychologues de l’Université offrent des rendez-vous en personne ou par la plateforme Zoom, et le service destiné aux étudiants internationaux organise des cafés virtuels pour rompre l’isolement.

Selon Carole Mallette, qui est bien souvent « la porte d’entrée » des étudiants vers les psychologues, le stress de ces jeunes est palpable. « Ce n’est pas parce qu’on est en septembre, avec plusieurs mois derrière nous, qu’on est dans l’acceptation. Pour certains, la pandémie fait ressortir des chocs ou des situations qui sont amplifiés, et on sent qu’ils peuvent être moins patients. Les réactions sont parfois plus agressives, et certains étudiants vont disjoncter plus rapidement. Il faut qu’ils en prennent conscience, qu’ils sachent que c’est normal et qu’ils puissent demander de l’aide », explique celle pour qui le temps doit être moins à la réprimande qu’à l’écoute. Car le plus important pour la professionnelle de santé est de ne pas perdre l’étudiant lorsqu’on comprend qu’il a un besoin.

Il faut juste apprendre à respirer dans de nouvelles conditions de vie sociale, pour encore un bon bout de temps […]. Une journée à la fois et on va y arriver !

 

À l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), où la majorité des cours sont enseignés à distance, les étudiants peuvent participer à des séances de méditation matinale ou de yoga sur la page Facebook de l’établissement, ainsi qu’à des ateliers en ligne de gestion du stress et de l’anxiété et de lutte contre l’isolement. Depuis le printemps dernier, un cahier spécial intitulé « Comment survivre au confinement » est par ailleurs mis à disposition des étudiants, ainsi qu’un numéro gratuit qui leur permet de joindre des travailleurs sociaux sept jours sur sept.

« Nous nous sommes tenus prêts, car nous nous attendions à une vague de besoins, mais on ne peut pas dire qu’il y ait eu une hausse très marquée à ce jour, même si nos travailleurs sociaux ont eu beaucoup d’ouvrage à distance ou en présentiel », constate Jean-François Ouellet, directeur des Services aux étudiants. Une note positive dans ce contexte morose.

Soutenir les étudiants aux besoins spécifiques

 

Les étudiants qui ont reçu un diagnostic médical d’anxiété ou de stress notamment, ou ceux en situation de handicap, sont parmi les plus vulnérables sur le campus, car ils ont besoin d’un soutien particulier et parfois d’outils adaptés au travail à distance. « Il n’y a pas eu de rupture de service, souligne M. Ouellet. Nous pouvons les accompagner, même dans un cadre d’enseignement à distance. »

L’UQAR met une panoplie de services à la disposition de ces étudiants aux besoins particuliers : formules de tutorat, prise de notes, accompagnement en cours avec un suivi individuel pour s’assurer que l’étudiant ne décroche pas, ou encore surveillance d’examen. Pour les étudiants qui ne sont pas en mesure de suivre les enseignements à distance en raison de problèmes de concentration, par exemple, un local privé est mis à disposition des professeurs par l’Université pour chaque cours.

En attendant de remplir à nouveau les salles de leur campus, les universités entendent bien gommer une partie de l’incidence sociale de la pandémie avec ces aides destinées aux plus fragiles. Le moral des étudiants québécois n’est d’ailleurs pas trop mauvais comparé à celui des étudiants de l’Ontario, selon une étude publiée récemment par la Chaire-réseau de recherche sur la jeunesse du Québec. Leur analyse de données publiée en mai par Statistique Canada a en effet révélé que les jeunes Québécois poursuivant des études postsecondaires sont moins angoissés par la pandémie que leurs camarades ontariens.
 



Une version précédente de ce texte, qui indiquait que l’UQTR a basculé environ un quart de ses cours en virtuel, a été modifiée.

 

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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