Le syndicat d’ABI rejette l’hypothèse de règlement du ministre Boulet

«Nous, on ne travaillera pas avec l’hypothèse du ministre, a affirmé mercredi le président de la section locale 9700, Clément Masse. Pour nous, c’est du copier-coller de l’offre de l’employeur du 4 mars [...].»
Photo: Ryan Remiorz La Presse canadienne «Nous, on ne travaillera pas avec l’hypothèse du ministre, a affirmé mercredi le président de la section locale 9700, Clément Masse. Pour nous, c’est du copier-coller de l’offre de l’employeur du 4 mars [...].»

Les efforts du ministre Jean Boulet pour mettre fin aux 15 mois de lockout à l’aluminerie de Bécancour (ABI) auront été vains. Le syndicat des Métallos n’a pas l’intention de soumettre son projet de convention collective à ses membres.

« Nous, on ne travaillera pas avec l’hypothèse du ministre, a affirmé mercredi le président de la section locale 9700, Clément Masse, en conférence de presse à Trois-Rivières. Pour nous, c’est du copier-coller de l’offre de l’employeur du 4 mars, mais on réitère notre volonté de conclure une entente négociée avec notre employeur. »

La direction d’ABI avait bien accueilli mercredi l’hypothèse de règlement du ministre du Travail. « Bien que l’hypothèse demande de la flexibilité sur la position de négociation d’ABI, elle constitue une étape positive pour parvenir à une entente », a fait savoir l’entreprise par communiqué.

Jean Boulet s’était aussitôt réjoui sur Twitter et se disait disposé à rencontrer le syndicat des employés « pour discuter de la suite des choses ».

Sa joie a été de courte durée. Dans une deuxième déclaration sur Twitter publiée quelques heures après la conférence de presse du syndicat, le ministre a demandé que les travailleurs puissent se prononcer en assemblée.

 

« Je suis déçu de la réaction du syndicat, a déclaré le ministre. Le vocabulaire utilisé laisse croire qu’il n’a pas fait une analyse rigoureuse de l’hypothèse. Des concessions ont été demandées aux deux parties. Les salariés doivent l’analyser et s’exprimer de façon libre et volontaire. »

M. Masse a rappelé que la consultation de ses membres relève de la régie interne. « Nos membres sont consultés, d’ailleurs on vient de faire une tournée de l’ensemble de nos membres, on a discuté, et on va en faire une prochainement, a-t-il signalé. Nos membres vont être très au fait de ce qu’il y a dans l’hypothèse de règlement, ne vous en faites pas avec ça. »

Le ministre Boulet avait posé un geste sans précédent jeudi en remettant son projet de convention collective sous scellé aux deux parties. Quelques heures plus tard, le premier ministre François Legault avait répété en commission parlementaire que le syndicat « devrait faire plus de compromis ».

Plus de 1000 travailleurs sont touchés par ce conflit de travail qui a débuté le 11 janvier 2018. Muni d’un mandat de grève, leur syndicat avait rejeté une première offre, mais se disait prêt à faire certaines concessions comme troquer leur régime de retraite à prestations déterminées pour un régime à financement salarial. Les travailleurs auraient ainsi assumé le risque financier à la place de l’employeur. Après ce rejet, les dirigeants d’ABI avaient décidé de décréter un lockout.

Alcoa, la multinationale américaine propriétaire de l’aluminerie, a fait une deuxième offre moins généreuse le mois dernier et exigeait davantage de concessions de la part de ses employés sur le recours à la sous-traitance et l’organisation du travail. Les syndiqués ont rejeté cette nouvelle offre. Leur syndicat a par la suite fait une contre-offre qui a rapidement été balayée par les dirigeants d’ABI. Ce refus de l’employeur est survenu au lendemain des premières déclarations du premier ministre François Legault, qui a affirmé à plusieurs reprises que le syndicat « n’était pas raisonnable ».

Le syndicat des Métallos compte maintenant mettre de la pression sur les actionnaires d’Alcoa, qui se réuniront en assemblée le 8 mai à Pittsburgh. Des travailleurs se rendront dans la ville américaine pour manifester ce jour-là.

La co-porte-parole de Québec solidaire Manon Massé se rendra à Bécancour jeudi pour les soutenir.

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