Augmentation de l'obésité et de l'embonpoint chez les jeunes - L'école doit en faire davantage pour contrer la sédentarité

La prévalence de l'obésité et de l'embonpoint chez les jeunes Québécois atteint actuellement des proportions alarmantes. Alors que l'embonpoint a doublé au cours des 20 dernières années, l'obésité infantile a plus que triplé, atteignant au delà de 10 % des jeunes de 6 à 17 ans. La progression, qui poursuit son escalade d'environ 1 % par année, prend des allures d'épidémie.

L'obésité est une affection grave car elle est un facteur de risques de plusieurs maladies comme les maladies cardiovasculaires, le diabète, l'hypertension et les dyslipidémies. De plus en plus de cas de diabète de type II, normalement apparenté aux adultes, sont diagnostiqués chez les adolescents. L'obésité a aussi des conséquences néfastes sur le développement psychosocial (dépression, faible estime de soi, discrimination, rejet) des jeunes aux prises avec un problème de poids. Au Canada, le coût direct total de l'obésité excède 1,8 milliard de dollars, soit 2,4 % des dépenses au chapitre des soins de santé pour l'ensemble des maladies.

Selon l'Organisation mondiale de la santé, l'obésité pourrait bientôt avoir sur la santé des répercussions aussi graves que l'usage du tabac.

L'augmentation rapide de la prévalence de l'embonpoint chez les jeunes est causée principalement par un environnement qui favorise la surconsommation d'aliments riches en énergie et la sédentarité. À ce chapitre, les jeunes Québécois sont les champions de la sédentarité au Canada. 70 % des jeunes Québécois ne respectent pas les critères minimaux de pratique d'activité physique et, avec moins d'une heure de cours par semaine en moyenne, les écoles du Québec accordent moins de temps aux cours d'éducation physique que partout ailleurs au Canada et à travers le monde, où on retrouve généralement plus de deux heures par semaine.

Esprit sain, corps sain

L'école a pour mission l'épanouissement physique, intellectuel et social des jeunes. Un esprit ne saurait prétendre être sain s'il n'a pas l'occasion de développer, en contrepartie, un corps sain et en forme dans le cadre scolaire. La pratique d'activités physiques est importante pour développer non seulement une bonne condition physique mais aussi des habiletés motrices, la sociabilité, l'esprit d'équipe ainsi que la capacité à retirer du plaisir et à relever des défis. La valeur éducative de la pratique d'activités physiques est indéniable. Pourquoi alors réduire cette pratique à seulement 60 minutes par cycle de six ou sept jours, soit moins de dix minutes par jour, cours théoriques compris?

Il y a plusieurs moyens d'augmenter le niveau de pratique d'activité physique des jeunes à un niveau adéquat. L'apprentissage d'habiletés de base que le jeune pourra conserver jusqu'à l'âge adulte grâce à 150 minutes de cours d'éducation physique par semaine (soit 30 minutes par jour), tel que proposé par différents organismes nationaux et internationaux, est selon nous primordial. C'est d'ailleurs une recommandation minimale que le ministère de l'Éducation du Québec a été incapable d'appliquer malgré les récentes recommandations des directeurs de la santé publique, du Guide d'activité physique pour les jeunes, du comité scientifique Kino-Québec et des états généraux de l'éducation.

À l'heure actuelle, le mot d'ordre consistant à recommander seulement 60 minutes d'éducation physique par cycle de cinq, six ou sept journées d'école est inadéquat.

Il faut donner les moyens aux conseils d'établissement scolaire, aux directeurs d'école et aux commissions scolaires de prendre des décisions judicieuses.

Actuellement, le choix est très limité puisque l'éducation physique fait partie d'une multitude de matières optionnelles qui doivent se partager seulement 180 minutes par semaine. Dans ce contexte, la méthode d'attribution du temps aux matières ne vise qu'à disculper la responsabilité du ministère de l'Éducation dans ce dossier.

150 minutes

La solution consiste, pour le ministère de l'Éducation, à prendre l'engagement d'assurer 150 minutes de cours d'éducation physique par semaine dans les écoles élémentaires et secondaires, soit un minimum de 30 minutes par jour. De plus, les écoles devraient promouvoir le transport actif à l'école, assurer des programmes parascolaires et des services d'animation dans les écoles en tant que complément à l'éducation physique et non pas comme mesure palliative, ce qui permettrait au jeune d'atteindre un total de 60 minutes d'activité physique par jour, tel que recommandé par le Guide d'activité physique canadien pour les jeunes et les enfants. Par ailleurs, les parents doivent restreindre de 30 minutes le temps alloué à leurs enfants aux loisirs sédentaires (télévision, jeux vidéo, ordinateur).

Sans une action concertée de tous les intervenants (écoles, ministère de l'Éducation, réseau de la santé, gouvernement, municipalités, parents, universités, organismes communautaires) pour prévenir ce fléau, nous pourrions faire face à une explosion des soins de santé alors que les enfants d'aujourd'hui deviendront la génération d'adultes de demain. La société pourrait payer très cher les soins de santé supplémentaires encourus par son manque de vision à long terme et le manque de volonté politique actuelle. Négliger d'investir en éducation préventive aura des conséquences inévitables. Il est urgent d'agir dès maintenant.

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